J’ai commencé à travailler en numérique en 2004. Quatre ans plus tard, lorsque j’évoquais un possible revival des boîtiers argentiques, mes propos provoquaient les rires de l’assemblée. Non, c’en était fini de nos rêves de cristaux d’argent. Il fallait se faire une raison et remiser nos vieux boîtiers, au mieux sur des étagères, au pire à la décharge. C’était fini, foutu, échec et mat, on ne reviendrait jamais en arrière, ja-mais.
Ce qui m’amuse, avec le recul, c’est que les gens qui professaient la mort définitive des pellicules, étaient à peu près les mêmes que ceux qui passaient les disques vinyles par la case pertes et profits. On connait la suite. Petit à petit, j’ai revendu mes optiques Canon FD, puis mes boîtiers argentiques, dont le mythique Canon New F1. Mais j’ai gardé mon premier reflex professionnel, mon Canon F1n, millésime 1977 et mon FD 55mm f/1,2, en me disant qu’un jour, peut-être…
Appareils argentiques. Le prix du rêve
Le temps a passé et j’ai constaté que le retour en grâce que j’appelais de mes voeux était en train de se développer, lentement mais sûrement. Toute une génération de photographes, biberonnés au numérique n’avaient qu’une envie. Découvrir la magie, ce merveilleux tour de passe-passe qui permet de révéler une image sur une pellicule.
Par voie de conséquence, le marché de l’occasion des appareils photo argentiques, qu’on croyait moribond, s’est développé, à tel point qu’aujourd’hui il devient de plus en plus difficile de trouver certains boîtiers vintages. Les prix ne cessent de fluctuer, avec une tendance à la hausse et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver. Voici donc un panorama – très subjectif – de l’offre, par marque et par budget et quelques conseils pour vous aider à faire le bon choix.
• D’abord, choisir son format.
Avant de savoir comment trouver le boîtier qui vous convient, le type, la marque, vous allez devoir choisir votre camp. Soit vous optez pour le 35mm, avec un appareil photo au format 24×36, soit vous vous orientez vers le moyen format 6×6. Par commodité et par choix, cet article traite du format 35mm. Parce que c’est de là d’où je viens et que c’est aussi là où l’offre est la plus répandue, tant en nombre de marques qu’en modèles, en optiques ou en gammes de prix. D’une manière générale, le format 35mm privilégie la visée par l’oculaire alors que le moyen format utilise plutôt une visée poitrine.
• Canon, une marque mythique.
Le choix d’appareils photo reflex argentiques de marque Canon est des plus conséquents. Choisir Canon, c’est non seulement opter pour une marque légendaire mais aussi d’avoir l’assurance de trouver une gamme d’optiques d’un niveau de qualité très élevé (les optiques FD). On citera Canon New F1, probablement l’un des meilleurs reflex argentiques jamais produit, toutes marques confondues. Il se négocie d’occasion dans une fourchette de 300 à 600€. Le Canon F1n est également un excellent boîtier, avec une réserve cependant sur la nature de la pile qu’il utilise et qui ne se commercialise plus. Dans la gamme semi-pro, Canon A1 est un excellent choix, on le trouve à partir de 150€. Ces reflex utilisent des optiques FD (bague chrome, gammes SC en entrée de gamme, SSC) ou New FD (serie L pour les optiques pro).
Canon a développé la gamme EOS à partir de la fin des années 80. EOS 3 est un boîtier argentique légendaire (à partir de 300€), au même titre que EOS 5 (à partir de 150€). Ces reflex argentiques utilisent la gamme d’optiques autofocus en monture EF, également présentes dans la gamme reflex numériques.
• Nikon, l’autre marque mythique.
Une des caractéristiques de Nikon c’est la constance de sa monture F, qui date de 1959. En clair, on monte – à peu près – tout ce qu’on veut en matière d’optiques Nikkor sur les reflex argentiques, avec cependant quelques réserves qui rendent le choix parfois compliqué. Dans la gamme des reflex vintages et mise au point manuelle, j’ai une préférence pour Nikon FM2N produit à partir de 1989 et qui se négocie autour de 300€. On peut lui préférer Nikon FM3A (à partir de 2005) mais le prix de la cote de ce modèle a littéralement explosé (de 500€ à plus de 1000€). À éviter aussi Nikon F3, dont le LCD équipant la visée pose parfois des problèmes de longévité.
Dans la gamme des reflex autofocus, Nikon F100 est un excellent rapport qualité prix (on le trouve à partir de 250€). F100 peut utiliser une optique contemporaine AF comme une optique vintage Nikkor. Petit bémol cependant, si vous utilisez une optique Ai-S, votre F100 ne vous renseignera pas sur les paramètres de diaphragme dans le viseur. C’est une contrainte, surtout lorsqu’on photographie en mode manuel.
Du côté optiques, le choix des cailloux Nikkor est des plus vastes. Vintage avec les gammes pré AI, AI, Ai-S ou plus contemporaine comme celles utilisées sur les reflex numériques. Naturellement, si vous avez déjà un reflex numérique Nikon, il peut être très intéressant d’opter pour un reflex argentique (comme Nikon F100 par exemple) qui utilisera votre parc optique. Et si comme moi vous utilisez un visée réelle comme Nikon Z, vous pourrez aussi utiliser vos optiques vintages Ai-S sur votre hybride via l’adaptateur FTZ.
• Contax, Olympus, Pentax, Praktica, … Et Leica.
Si vous avez le goût de l’aventure, vous pouvez trouver un reflex à moins de 50€ ! C’est le cas de la gamme Zenit qui date de l’ère soviétique. Plus exotique encore, vous trouverez peut être votre bonheur avec un Diana ou un Lomo (fuites de lumières aléatoires garanties). Côté reflex, ce n’est pas l’offre qui manque. Parmi les grandes marques on citera Contax (RTS à partir de 150€ ou RX à partir de 250€) embarquant des optiques Zeiss de qualité premium (et les prix qui vont de pair).
Et puis il y a Leica, sa gamme de légende et ses tarifs stratosphériques. Ici on parle en milliers d’euro, pour le boîtier seul et encore autant, sinon plus pour une optique. Si la marque vous attire, ce que je peux aisément comprendre, je vous conseille de visiter le site Summilux qui est une référence en la matière.
• Et maintenant, on fait quoi ?
Voilà, c’est fait. Vous avez trouvé l’appareil argentique de vos rêves et vous avez cramé votre première pellicule. Vous l’avez développée, soit par vous-même soit par un laboratoire. Pour découvrir votre travail, vous avez plusieurs options. Faire réaliser des tirages papier par un laboratoire spécialisé. Numériser vos pellicules et les éditer dans un logiciel comme Capture One Pro ou Adobe Lightroom. Même si cette démarche est un peu un non sens, aux yeux de nombre de photographes, au premier rang desquels mon ami Thierry Ravassod, photographe professionnel et expert incontournable du matériel Nikon. Pour lui – et je ne suis pas loin d’être en accord avec sa démarche – la suite logique et presque obligatoire, c’est de monter son propre laboratoire photo…
Une chambre noire, un agrandisseur, des cuves, une lumière inactinique et quelques accessoires et vous voilà prêt pour le grand voyage. Reste que tout cela a un coût et je ne parle pas seulement du matériel, qu’on trouve assez facilement d’occasion. Le papier coûte de plus en plus cher. Par exemple, une boîte de 100 feuilles Ilford multigrade classic format 13×18 s’affiche à 59,99€, soit 0,60€ la feuille. Les chimies suivent le mouvement, au même titre que les films. Le prix du film Kodak TriX 400 en 36 poses a plus que doublé en quelques années (aujourd’hui à 8,90€). Fujifilm vient de ressortir sa pellicule Neopan Acros 100 iso qui coûte désormais… 11,90€.
Vous voilà prévenu•e. Le titre de cet article concerne le matériel mais aussi tout qui va avec…
• Quelques liens (très) utiles
Il existe de nombreux groupes sur Facebook, qui regroupent des fondus d’argentiques. C’est une excellente source d’informations. On peut citer le groupe Matériel photo argentique ou le groupe Nikon Achat Vente Échange dédié au matériel Nikon.
Si vous êtes fan de Nikon, le site Nipon Kogaku Klub de Thierry Ravassod, photographe pro chez Magic World est incontournable. Et puisqu’on parle de Nikon, notez ce lien précieux vers la liste exhaustive de toutes les optiques Nikkor produites à ce jour.
Enfin, un lien utile pour conclure ce panorama. Le site Labo Argentique pour tout ce qui concerne le monde argentique.
Last, but not least, cet article n’est pas sponsorisé.
PHILIPPE RAYBAUDI dit
Pour ma part, je n’ai jamais perdu espoir même si j’ai supporté les railleries de nombreux camarades alors que je défendais l’idée que numérique et argentique étaient complémentaires et que je poursuivais mes activités de dépannage contre vents et marrées
Carisey Christophe dit
Pour ma part je suis passé aussi en numérique par obligation. Mais à chaque fois que je peux je fais de l’argentique avec mes Nikon,Leica M, Rolleiflex,Hasselblad XPan, Hasselblad V j’adore Entendre le déclenchement. Enfin voilà je prends énormément de plaisir avec mes appareils. Et j’ai aussi mon propre labo avec trois agrandisseurs. enfin voilà je prends énormément de plaisir avec l’appareil. Et j’ai aussi mon propre labo avec trois agrandisseur,Je suis comblé et content de ne rien avoir vendu . Enfin pour terminer j’aimerais bien trouver dans mon secteur Pontarlier une bande de copains passionnés pour partager. enfin pour terminer j’aimerais bien trouver dans mon secteur Pontarlier une bande de copains passionnés pour partager
Capron Christian dit
Moi j’ai toujours continué l’argentique, Pendant un moment j’ai fait les 2 en même temps mais j’ai arrêté le numérique depuis quelques années. J’ai toujours gardé mon labo, donc je fais toujours les tirages. je travaille en 24×36 et moyen format.
Foucault Jean-Marc dit
Vous semblez oublier l’une des marques les plus connues et , sans doute , la plus utilisée par ceux de ma « vieille » génération : Minolta ! Dans les années 70 le SRT 101 faisait un réel tabac , et plus tard les modèles XG-M , par exemple , connaissaient , et pour cause , un grand succès .
Philippe André dit
L’argentique, une sorte de retour aux sources, n’avoir que quelques vues, soigner son cadrage, sa composition, sa lumière et ses sujets pour en tirer le meilleur sur chaque photographie. Le retour, ce fut d’abord effet de mode, vouloir être à contre courant, puis c’est devenu une minorité de passionnes de l’image, désormais une vague que dis je un tsunami d’agentiqueurs. Pour ma part, comme beaucoup,, je suis tombé amoureux du numérique pour la rapidité des résultats, restant fidèle à Nikon et Leica qui ont toujours été des inséparables car totalement complémentaires. Le traitement logiciel est à mon gout bien plus simple que le labo, mais je garde l’esprit chambre noire et agrandisseur, même a travers Lightroom. Je suis revenu à l’argentique pour retrouver cette matière particulière des films TriX et HP5 qui manque au numérique, même si un peu de » faux grain » peut faire illusion. Pour le matériel argentique, c’est au choix de mon humeur du moment. Nikon F ou F2 ou d’autres pour retrouver mes sensations de jeunesse et un Leica M ( c’est bien suffisant). Les seuls freins est sans doute le cout des films, de la chimie, du papier. et les prix du matériel argentique d’occasion devient irraisonné. Aujourd’hui, j’utilise argentique et/ou numérique sans distinction, c’est les sujets qui s’imposent au support.
VANTIEGHEM dit
Snifff
Je viens de me séparer de mon Minolta XGM avec son fameux objectif 50mm / 1,7
Jean-Pascal dit
Bonjour à toutes et tous,
Effectivement, timidement, par curiosité, pour le plaisir d’une autre technique, pour la magie d’un moment, … quelques personnes (re)viennent aux sels d’argent.
Toutefois je ne pense pas qu’il faille mettre en exergue des boitiers pro ou semi-pro, qui coûtent très (trop) chers et dérouteront les novices.
Comme vous le faisiez remarquer, il existe quantité d’autres boitiers, plus abordables et je défends qu’un tel boitier ne doit pas dépasser 50€ munis d’un objectif (au moins un 50mm) et prêt à l’emploi (c.-à-d. avec une nouvelle pile et éventuellement les mousses refaites).
Il est sidérant de payer plus de 100€ un Minolta SRT 101 produit à pus de 3.500.000 exemplaires, ou un Canon AE1, produit à plus de 1.200.000 exemplaires, un Contax au prétexte qu’il peut utiliser d’excellentes optiques alors que l’on vous vend le boitier nu plus de 250€ !
Un boitier est une chambre noire, plus ou moins sophistiquée qui ne sera jamais que le réceptacle des rayons captés par un objectif, qui lui doit être bon à très bon (vous notiez les FD, n’oublions pas les Rokkor de Minolta, les Pentax, etc.).
Bref, si vous voulez (re)découvrir le plaisir de photographier autrement, ne jetez pas l’argent (jeux de mots ;-)) par les fenêtres avec le boitier pour vous concentrer sur l’objectif et les bobines que vous allez utiliser, (faire) développer et tirer.
Bon amusement
yves brouard dit
(faire) développer et tirer., une hérésie !…….se priver de ces deux plaisirs quand on ne dispose pas de matériel ………….oui , mais tout faire pour revenir aux joies du labo N et B qui n’a rien a voir avec le traitement sur ordi !…un beau tirage sur papier baryté sera tj beaucoup plus personnel et qualifiant qu’un tirage fait par un pro avec un papier imitation argentique
A chacun ses choix
De lhoste dit
Bonjour, moi aussi je suis un taré de la photo. On m’a offert une savonnette numérique, le temps de faire le tour du mode d’emploi et les piles étaient à plat, rédhibitoire et fin du numérique. Je pratique la photo depuis 53 ans et le labo depuis 52 ans. Moi non plus je ne comprends pas que l’on puisse se contenter de numériser des films. La photo argentique c’est « le grain ». Dans les expos photos on voyait les photographes ne nez collé au tirages pour examiner le grain.
Pour ce qui est des appareils je dois en avoir une trentaine du 1/2 24×36 à la chambre 4×5 et le plus souvent j’utilise un Olympus 35rc. Diriger le néophyte vers des boîtiers à objectifs interchangeables me semble être une erreur, ne serait-ce que parce qu’un objectif supplémentaire coûte aussi cher que le l’appareil de base et qu’il manque toujours l’objectif qu’il faut. Pour commencer je dirigerai le néo-argenticman vers les appareils à objectif fixe non automatique ou avec un automatisme débrayable qui peut fonctionner sans pile, de ces boitiers il y en a plein et qui de plus possèdent de bons objectifs. Le problème est qu’ils ont entre trente et soixante ans.
Pour le labo, c’est un régal que de transmettre le virus.
Quant aux manufacturiers et aux distributeurs il faudra qu’ils se réadaptent aux petits consommateurs. Par exemple : j’aimerai retrouver une chimie RA4 que l’on puisse utiliser à température ambiante et pas en bidon de 500 litres.
Patrick Dreux dit
Pour ma part, j´ai guarder tous mon materiel argentiques, labo et appareils photos. en 35mm et 6×6 et jái bien fait, car maintenant je savoure . Je regraitte que les pellicules , les chimies et papiers photos deviennes chaque fois plus chers. Mais la magie argentique est indémodable, j´adore.