Comme beaucoup de photographes souhaitant numériser ses négatifs et ses ektas, j’ai tourné le problème dans tous les sens. Scanner à plat (type Epson v800), scanner de film (PlusTek, Reflecta) racheter un Coolscan de Nikon, avec le risque de ne pas trouver le driver approprié. Tout ça en engageant un budget supérieur à 500€. Et puis j’ai entendu parler de Nikon ES-2 utilisé en tandem avec une optique Nikkor 60mm macro sur un D850.
Mais, comme beaucoup de photographes, ma première réaction a été de me dire que je n’allais pas investir dans un D850 uniquement pour numériser des diapos ! En revanche, pour les possesseurs de Nikon D850 (ou du nouveau D780), quelle aubaine ! Il est possible, avec l’accessoire Nikon ES-2, de shooter des diapositives, des négatifs noir et blanc et couleur (au format 35mm) et de réaliser l’inversion directement à partir du boîtier, via un menu dédié. Pour les autres, tous les autres, c’était râpé.
Nikon ES-2. En un déclenchement
Je m’en suis donc tenu à ça. Possesseur d’un D500, je ne pourrais donc pas utiliser ce système. À y regarder de plus près, après avoir écumé les documentations Nikon consacrées au système Nikon ES2, j’ai réalisé que deux optiques étaient recommandées. Nikkor 60mm f/2,8 macro pour les reflex au format FX et Nikkor 40mm f/2,8 macro (équivalent 60mm en FX) pour les reflex au format DX (comme mon excellent « petit » Nikon D500).
Avec la définition de Nikon D500, il était donc tout à fait jouable de l’utiliser avec le système. Ni une, in deux, j’ai commandé un 40mm macro et un système Nikon ES-2 à la boutique photo Nikon. Quelques jours plus tard, je recevais mon matos. J’ai ressorti mes classeurs d’ektachromes et de négatifs noir et blanc. On allait voir ce qu’on allait voir…
• Nikon ES-2. Difficile de faire plus simple.
Le système d’acquisition numérique est constitué d’une optique macro, pour Nikon D500 il s’agit de Nikkor 40mm f/2,8 et du système Nikon ES-2. Le système est livré avec une bague allonge, un support de film négatif standard (6 vues), un support de diapositives (2 vues) et le système Nikon ES-2 lui-même qui se fixe sur l’objectif. Notez que la bague allonge ne vous sera d’aucune utilité si comme moi vous travaillez avec Nikon D500 et Nikkor 40mm macro. Ce « petit » Nikkor 40mm macro, non content d’être d’excellente facture, présente aussi l’avantage d’être vendu à un prix nettement plus avantageux que le 60mm au format DX, pour un résultat qualitatif au moins aussi bon.
J’ai monté Nikkor 40mm macro sur mon D500 et fixé l’ensemble sur mon trépied. Nikon ES-2 est vissé sur le filetage du 40mm, en prenant soin de l’aligner comme il faut de manière horizontale. J’ai trouvé un ekta, datant de 1980, pris lors d’un safari photo au Kenya et je l’ai logé dans le passe-vue. J’ai déployé l’allonge intégrée du Nikon ES-2. Le système était prêt.
• Quel éclairage ?
Peu importe la source d’éclairage, du moment qu’il y a de la lumière. Certains utilisateurs projettent une lumière contre un mur blanc, d’autres donnent un coup de flash sur le mur. Pour ma part j’ai utilisé mon éclairage studio en lumière continue. J’ai ajusté la sensibilité à 400iso et j’ai travaillé à f/7,1. Le résultat est saisissant, mais surtout, l’acquisition de l’ekta est instantanée.
Quand on sait le temps qu’il faut pour scanner un ekta avec un système classique, ça laisse rêveur ! Petit détail, j’ai utilisé une petite brosse anti-statique pour enlever les poussières des diapos avant de les loger dans le passe-vue. Une fois le système en place, c’est très, très rapide ! J’ai numérisé 36 ektas en moins de temps qu’il ne faut pour le dire (environ 20 minutes).
Pour les négatifs noir et banc la procédure est la même. On loge une bande de six vues dans le support, on le met en place sur Nikon ES-2 et c’est parti ! Le négatif étant un support fragile par nature, je prends le soin de le manipuler avec des gants de coton, afin d’éviter les traces de doigts, ou pire les rayures. La petite brosse anti-statique permet d’enlever les éventuelles poussières. Cela dit, si vous stockez vos négatifs dans des pochettes cristal à l’abri dans un classeur, vous êtes à l’abri des mauvaises surprises.
À l’inverse des diapositives, qui sont issues d’un film positif, le négatif va devoir être inversé. Pour le noir et blanc c’est pas très compliqué mais pour le film couleur l’opération s’avère plus délicate, en fonction du masque orange propre à chaque type de film. C’est là où le menu acquisition de D850 ou D780 s’avère des plus intéressants. Il permet de visualiser les images interprétées en positif à l’écran.
• Quel résultat ? À quel prix ?
Autant le dire clairement, le résultat est bluffant. En un déclenchement, la diapo, le négatif noir et blanc ou le négatif couleur sont numérisés de manière instantanée. On obtient un document numérique au format RAW de grande qualité qu’il est possible de retravailler à loisir sur son logiciel d’editing préféré. Pour ma part j’utilise l’excellent Capture One Pro 20 pour recadrer mes images, inverser le négatif.
Il est possible d’éditer l’image, comme on le fait avec un fichier RAW standard. On peut modifier la balance des blancs, la teinte, éditer les couleurs, améliorer le contraste, la clarté, etc… Le système d’acquisition Nikon ES-2 permet à un document analogique de rejoindre le flux de production numérique, finalement à peu de frais. C’est d’autant plus vrai que le 40mm macro peut être utilisé pour bien d’autres choses que de la numérisation de films.
L’objectif Nikkor 40mm f/2,8 macro coûte 279€, le système Nikon ES-2 est au prix de 159€. L’investissement total est donc inférieur à 500€. En revanche, on le trouve difficilement en France, à tel point que j’ai pensé que Nikon en avait cessé la production. J’ai contacté Nikon Pro Services qui m’a confirmé que le produit est toujours au catalogue. En cette période difficile, les approvisionnements de produits japonais sont plus compliqués. La Boutique Photo Nikon m’a confirmé qu’ils sont en attente de produits en transit du Japon. La patience est donc actuellement une grande vertu.
• Nikon ES-2. Ce que j’ai aimé
D’abord la simplicité de mise en œuvre naturellement ! Ensuite, l’universalité du système (qui, accessoirement ne nécessite pas de driver). Je peux numériser de l’ekta, du négatif noir et blanc, du négatif couleur. Le matériel engagé (Nikkor 40mm f/2,8 macro) peut être utilisé à d’autres fins, c’est un investissement pérenne. L’ultra rapidité. Quand on sait le temps qu’il faut pour numériser un ekta avec un scanner, ici avec Nikon ES-2 ça se fait en un déclenchement. Le résultat qualitatif. J’obtient un fichier RAW que je peux manipuler à loisir dans Capture One Pro. Last, but not least, je vais pouvoir numériser tous mes ektas et remonter le temps. Car la nature même de la diapositive fait qu’elle n’était souvent pas imprimée au format papier.
• Nikon ES-2. Ce que j’ai moins aimé
Dans la mise en œuvre il faut veiller à ce que le passe-vue soit parfaitement horizontal. La mise au point se fait manuellement. Pour l’ekta (image positive), ça ne pose pas trop de problème, pour le film négatif ça peut être plus compliqué de définir un point de netteté.
• Comment inverser un négatif dans Capture One Pro ?
Autant cette manipulation est simple dans Affinity ou Adobe Photoshop, autant elle n’est pas aussi intuitive dans Capture One Pro. C’est pourtant très simple. Transformer une image négative en image positive, revient à dire aux blancs qu’ils sont noirs et aux noirs qu’ils sont blancs. Dans l’outil Niveaux on passe les valeurs blanc et noir de 0 à 255 et voilà.
Une fois l’image positive à l’écran, on peut procéder à l’editing classique. Pour l’image couleur, l’opération est identique mais il convient ensuite de jouer avec la balance des blancs, l’éditeur de couleur jusqu’à l’obtention d’une image qui vous plaise. Une fois que c’est fait, vous pouvez copier l’ensemble des réglages pour les appliquer à toutes vos images.
• Nikon ES-2 est le chaînon manquant
En conclusion, je ne regrette pas mon achat. J’observe du coin de l’œil avec amusement – et un soupçon d’appréhension – les classeurs d’ektas et je me dis que mon investissement va être rentabilisé. J’avais en tête de me séparer, peut être un jour, de mon D500 pour ne conserver que du Nikon Z. Je pense que D500 a désormais une place bien solide dans mes projets !
Nikon ES-2 est parfait pour numériser des diapos à la chaîne. Pour les négatifs également, même si la map manuelle est un poil plus délicate à l’œil qu’avec une image positive. Mais globalement, voilà un système qui assure. Le grand bonheur, c’est de pouvoir retrouver sur son écran des images qui datent de plusieurs décennies. Pour les amateurs d’argentique d’aujourd’hui, Nikon ES-2 est le chaînon manquant qui va vous permettre de faire le lien entre le film analogique et le numérique. En un mot, indispensable.
• Post scriptum. Ça fonctionne avec Nikon Z ?
Il n’y a aucune raison que le système ne fonctionne pas avec un Nikon Z. Je n’ai pas testé avec mon Z6 car j’utilise une optique au format DX. J’imagine que si vous utilisez un 60mm f/2,8 macro monté sur un Nikon Z via l’adaptateur FTZ, en utilisant la bague allonge fournie avec Nikon ES-2, vous obtiendrez un résultat tout aussi parfait qu’avec un D500.
• cet article n’est pas sponsorisé
• merci au NPS – Nikon Pro Services pour leur support technique