Fin janvier, j’entamais mes tests avec les APN visée réelle du marché. J’ai commencé par Fujifilm X-T3 et je dois avouer que j’ai été très impressionné par ce petit boîtier. En même temps, pour moi c’était une première. Avec X-T3 je travaillais pour la première fois de ma vie avec un APN visée réelle, j’ai vécu cette expérience comme un véritable choc. Je savais, à ce moment-là, qu’un jour ou l’autre, je devrais aussi tester Nikon Z et de vous à moi, je n’étais pas pressé d’y arriver. Pourquoi ? Parce que Nikon a été victime de la plus grosse campagne de bashing qui soit. Rendez-vous compte. Le 28 août 2018, alors que Nikon vient tout juste d’annoncer sa gamme Z, des youtubeurs « populaires » (comprendre des gens disposant de plus d’un million d’abonnés) annoncent déjà à l’époque que l’AF de ce boîtier est proprement à chier et que la montée en iso est une catastrophe. Alors que ces gens n’avaient testé qu’un boîtier de pré-série ? De qui se moque-t-on ? Enfin, vous connaissez le dicton, diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose ! La messe était dite et dans l’ambiance générale, je n’avais aucune hâte de tester du Nikon. Avec le recul, je réalise que j’ai cédé aux paroles de crétins. À l’issue de mes tests avec X-T3, je me disais que c’était un bon choix et d’ailleurs je n’ai pas changé d’avis. Cet APN visée réelle est un très bon choix, au format APS-C.
APN visée réelle. Pourquoi j’ai choisi Nikon Z6
Le temps a passé. J’ai testé Sony Alpha 7 Mark III, avec l’enthousiasme que l’on sait, puis Canon EOS R. C’est presque résigné, sans l’ombre d’un début d’enthousiasme, que je me suis penché sur le berceau de Nikon Z6. Une fois passé mon coup de gueule constatant l’absence de grip, qui par ailleurs s’avère probablement le seul travers mineur de ce boîtier, j’étais prêt à y aller, contraint et forcé. Je savais que j’étais attendu au tournant. D’un côté par ceux qui écoutent ce que j’ai à dire quand je parle de la marque jaune, étant équipé en Nikon depuis D3s. De l’autre ceux qui me soupçonnent, encore et toujours, d’être sponsorisé par Nikon pour n’en dire finalement que du bien. Bon, en même temps, ceux-là pensent aussi que je suis sponsorisé par Canon, ou par n’importe quelle autre marque dont je dis du bien (Fujifilm, Sony, …). Bref. J’ai commencé à bosser avec Nikon Z et là, je suis allé de surprise en surprise…
• Nikon Z6. Je rêvais d’ un autre monde.
Franchement, il ne faut pas avoir travaillé sérieusement avec Nikon Z pour oser avancer que son AF est pourri ou que sa montée en iso est dégueulasse ! Si on fait un constat objectif, comme je l’ai fait, on réalise que sur aucun de ces deux points on ne peut jeter la pierre à ce boîtier. Du point de vue de l’autofocus, tellement décrié, il se trouve que j’ai d’abord travaillé avec Nikon Z et son firmware d’origine. Je me souviens des premières images que j’ai réalisées en concert et d’avoir été étonné de la vélocité de l’AF. C’était parfait. Une fois passé l’épisode du collimateur qui ne s’allume pas en vert quand on utilise le mode AF-C, j’ai réalisé que travaillais avec ce boîtier comme si je l’avais eu depuis toujours. Et je n’étais pas au bout de mes surprises.
Dès que Nikon a annoncé son nouveau firmware, je l’ai installé. Je n’ai certes pas été subjugué par l’Eye AF, qui fait automatiquement le point sur l’œil, même si avec le recul, j’ai réalisé que c’est efficace en portrait. En revanche, l’AF que j’estimais performant a effectivement gagné deux ou trois crans, du point de vue qualitatif, avec notamment une capacité pour cet APN visée réelle d’accrocher un point de netteté en basses lumières. Plus le temps passait, plus je me disais que ce petit boîtier en avait sous le semelle. J’ai monté un adaptateur FTZ pour accrocher mon Nikkor 70-200 F/2,8 VR II et là encore j’ai réalisé que Nikon Z assurait. Et puis est arrivé ce moment auquel je n’aurais pas cru, il y a encore quelques mois. Ce moment où on pose son sac, histoire de faire le point, en se posant cette question existentielle. Est-ce que je serais disposé, aujourd’hui, à changer de monde ?
Car oui, c’est bien de cela dont il s’agit. Si comme moi vous avez passé votre vie avec un appareil photo à visée reflex entre les mains et que vous décidez de passer au mirrorless, soyez conscient d’une chose. Vous allez changer de planète. Avec un APN visée réelle, vous passez dans un univers parallèle, un monde où l’acte photographique ne se réalise plus tout à fait de la même façon. Pour une raison toute simple et qui tient en deux mots. Visée réelle. En revanche, une fois que vous y avez goûté, c’est très difficile de faire marche arrière et de revenir à un viseur qui n’interprète pas vos paramètres ! Reste que la visée réelle est l’apanage de tous les boîtiers mirrorless. Alors ? Qu’est-ce qui singularise Nikon Z ? Qu’est-ce qui le rend à mes yeux aussi unique ?
1- La taille de la monture
C’est par l’optique que passe la lumière et n égale f divisé par d. Voilà. Une fois ces deux certitudes posées, on peut passer à autre chose. Dans le cas de Nikon Z, les ingénieurs de Nikon corp. savaient qu’ils partaient d’une page blanche. Les gens de chez Nikon sont des opticiens, ils maîtrisent leur sujet. Ils savaient pertinemment qu’une monture de 55mm ouvrait des perspectives énormes en matière d’optiques, ça et un tirage mécanique ultra réduit (16mm). Résultat des courses, les optiques Z sont plus performantes à f/1,8 qu’une optique classique à f/1,4. C’est la taille de la monture qui fait toute la différence et en même temps c’est une garantie de pérennité. Nikon voit loin.
2- L’autofocus
La mise au point automatique a toujours été une des grandes forces de l’offre Nikon. Il suffit d’avoir travaillé avec des reflex numériques comme D3s, D4s ou D5 pour en être convaincu. Nikon Z n’échappe pas à la règle. Pour ma part, j’ai été emballé par l’AF de Nikon Z6 dès le début de mes tests, alors que j’utilisais le firmware v1. Avec la nouvelle version du firmware, apparu à la mi-mai, c’est encore plus vrai, avec en sus l’ajout de fonctionnalités comme l’Eye AF. Depuis, je teste Z6 avec plusieurs optiques (Nikkor Z 14-30 f/4, 24-70 f/4, 24-70 f/2,8, 50 f/1,8) et à chaque session l’autofocus est aussi véloce que réactif, en mode AF-S comme en mode AF-C suivi.
3- L’ergonomie
De ce point de vue, les constructeurs historiques que sont Nikon et Canon ont assumé leur héritage. Nikon Z est le successeur de la gamme reflex numérique, ce qui explique sans doute qu’on se sent immédiatement confortable. J’ai pris ce boîtier en main en quelques minutes à peine. Menus identiques, on est en terrain connu. Pour le fonctionnement, ce boîtier est un hymne à la joie. Le bouton i entièrement paramétrable est un pur bonheur. La bague de map (mise au point) sur l’optique qu’on peut affecter à certaines fonctionnalités (correction d’expo, réglage du diaph, …), les boutons paramétrables sur l’optique, les touches de fonction, sont autant de détails qui permettent de faire d’un Nikon Z « son » boîtier.
4- Les optiques
Nikon a dégainé son offre optique en douceur, affirmant une ligne éditoriale ambitieuse au fil des mois. Des optiques affichant des ouvertures à f/1,8 ont provoqué des moues dubitatives. Ce que les gens n’ont pas capté c’est que f/1,8 sur une monture Z ça n’a rien à voir avec f/1,8 sur une monture F. Pour mettre les pendules à l’heure, Nikon a annoncé un 58mm Noct à f/0,95 puis un peu plus tard un 50mm f/1,2, histoire de dire au monde regardez de quoi on est capable. Moi, j’ai d’abord testé 24-70 f/4 S et déjà j’étais par terre, mais c’était rien à côté de la gifle que j’ai prise en pleine gueule quand j’ai monté Nikkor Z 14-30 f/4 S ! Là, on touche vraiment la pure optique, avec un range rêvé (équivalent 21-45mm en mode DX) et une qualité d’image fantastique. On en reparlera bientôt et je vous montrerai des images réalisées avec ce caillou hors normes. Le combo monture/optique est un argument premium de la gamme Nikon Z.
5- L’évolutivité
On n’achète pas un APN comme un paquet de lentilles. Nikon Z propose des garanties de pérennité qui me semblent essentielles sur au moins deux points. D’abord, le lecteur de cartes. Un lecteur unique, certes, mais un lecteur maousse costaud au format XQD, un format dont le seul défaut est la rareté, donc le prix. En revanche, une carte XQD ça cloue sur place une petite carte SD, tant en terme de performances que de fiabilité. Sans compter que le nouveau format Compact Flash Express (CFX, fabriqué, entre autres, par Sony) va bientôt prendre le relais avec des performances lecture/écriture et des capacités de stockage hallucinantes. Le lecteur de Nikon Z acceptera la carte CFX, qui est du même format physique que la carte XQD. Il suffira de faire la mise à jour du firmware de Nikon Z.
6- Les performances
Regardez attentivement la monture Z. Elle dispose de 11 contacteurs. Comparez avec une monture F, qui dispose de 9 contacteurs. La vitesse de communication entre un reflex comme Nikon D5 et une optique monture F est de 40Khz, soit, à la louche, la capacité d’envoyer 40.000 infos par seconde. Sur Nikon Z et ses 11 contacteurs, cette cadence est de 800Mhz, c’est vingt mille fois plus rapide. En clair, ça signifie que Nikon Z est capable de transmettre les infos en provenance de l’optique de manière infiniment plus véloce et ça, ça fait toute la différence et ça ouvre des possibilités à tous les points de vue, tant en photo qu’en vidéo. Reconnaissance de sujet, détection en temps réel de profondeurs, de formes, intelligence artificielle, L’APN visée réelle Nikon Z n’a encore pas montré toute l’étendue de ses capacités. Sans compter que les optiques Z intègrent deux moteurs, à la différence des montures F qui n’en n’intègrent qu’un…
7- Le confort
Oui, le confort. C’est sans doute le paramètre qui m’a le plus embarqué dans ce nouveau monde. Je me suis senti confortable, immédiatement. À l’aise dans mes pompes. Ce sentiment de confort se traduit par une symbiose entre le photographe et son boîtier. J’ai adoré certaines fonctionnalités comme le bouton i permettant d’accéder à un cartouche paramétrable, accessible directement dans le viseur, le paramétrage de la bague de MAP (mise au point) à qui j’ai affecté le réglage du diaph. J’ai retrouvé ma façon de travailler avec mes reflex Nikon, mon bouton AF-ON sous mon pouce, le firmware très Nikon, comme l’ergonomie. Et je vous passe le switch instantané (via le bouton i) en mode silencieux, idéal quand on a besoin de discrétion.
• En conclusion
J’avais écrit à propos de Nikon Z que les derniers seraient les premiers. Aujourd’hui je suis convaincu que l’offre Nikon est la meilleure à tout point de vue sur le segment des APN visée réelle. Encore une fois, je me surprends moi-même à écrire ces mots. Aujourd’hui, clairement, je n’envisage pas l’avenir sans Nikon Z. Je vais naturellement conserver un reflex (Nikon D500) qui assurera le backup de Nikon Z6. Du côté des optiques, Il est certain que je vais opter pour Nikkor 14-30mm f/4 S qui est une optique magnifique à tout point de vue (range, performances, poids, encombrement, prix). À l’heure où j’écris ces lignes je teste les deux 24-70mm (f/4 et f/2,8), je n’ai pas encore pris ma décision mais il est clair que j’aurai un des deux. Je vais aussi prendre un adaptateur FTZ, indispensable pour pouvoir monter certaines de mes optiques Nikkor, comme mon 50mm f/1,4 ou mon 70-200mm f/2,8 VR II qui se comportent parfaitement sur Nikon Z6. Je vais juste devoir investir en batteries, car sur un APN à visée réelle, on consomme beaucoup d’énergie. Mais c’est décidé. Je vais changer de monde et je n’ai aucune crainte. Je sais où je vais.
• illustration : de gauche à droite Nikkor Z 24-70mm f/2,8 S, Nikon Z6 et Nikkor 14-30mm f/4 S, Nikkor Z 24-70mm f/4 S et Nikkor Z 50mm f/1,8 S.
• merci au NPS (Nikon Pro Services) de Nikon France pour son soutien.
• cet article n’est (malheureusement) pas sponsorisé.
Jérôme dit
Merci pour ces tests honnêtes sur votre propre expérience de terrain. Cette succession d’articles a été passionnante à suivre jusqu’à votre choix final.
Il ne me reste plus qu’à aller essayer tout ça ! A chacun ensuite de se faire sa propre opinion…
Et comme d’habitude, ne jamais juger trop hâtivement en se basant sur quelques avis de « guignols youtubeurs » qui ne cherchent qu’à faire le buzz…
Bonne continuation.
Pepou dit
« La plus grosse campagne de bashing. »
On ne vit pas sur la même planète ^^
C’est plutôt Canon qui s’est fait « bashé » le plus.
Pas de stabilisation capteur, pas de joystick AF, dynamique faible, suivi AF faible, cadence faible, autonomie faible, un slot.
Pour moi, tous ces appareils sont au même prix et proposent des bonnes perf.
JCB dit
Quid du Z7 ?
pascal dit
Bonjour,
Pour être totalement impartial je te suggère te tester le Lumix S1.
philippe dit
J’ai testé vite fait les Sony, les fuji au salon de la photo et à chaque fois, la visée, ça me repousse. Don sur ce Nikon, on a une visée réelle comme un D800 ? le système AF de reconnaissance de visage qui fait le point sur les yeux fonctionnent en live view et en visée reflex ?
Hervé LE GALL dit
@Jérôme c’est tout à fait juste ! À chacun de se faire son opinion !
@Pepou c’est vrai, Canon en a pris pour son grade, au même titre que Nikon. D’ailleurs je me suis demandé pourquoi les deux leaders historiques se sont fait allumer à ce point là ? Je pense que c’est parce que Canon comme Nikon sont sensés représenter justement l’arrière garde historique. Rien n’est plus faux. Canon et Nikon ont un point commun, ce sont des opticiens (comme Leica)
@JCB pas testé Z7, j’ai choisi Z6 pour sa taille de capteur, justement, qui reste encore relativement raisonnable
@pascal c’est impossible d’être impartial. Déjà quand je vois le temps que j’ai passé avec Fuji, Sony, Canon et Nikon… J’aurais pu tester Pana mais aussi Leica. Il faut savoir choisir.
@philippe les APN mirrorless utilisent tous un viseur électronique, c’est ce qu’on appelle la visée réelle qui restitue une image en appliquant les paramètres (ouverture, vitesse, sensibilité, …). C’est donc une interprétation de la réalité. Contrairement à la visée reflex (comme sur D800) qui restitue l’exacte réalité telle qu’elle est vue dans le miroir. Le système de reconnaissance des visages et de l’œil (EyeAF) est assez bluffant sur Nikon Z.
beltrami dit
bon..ben..je bosse avec du D850, D750 D3S, optique fixes pour tout ça 20mm 35mm 180 mm quand je suis en reportage.
Achat du Z6 pour la video.un peu pour la photo
après une journée de boulot photo avec le Z6 et le 24 70: adaptation rapide, autofocus INCOMPARABLEMENT plus pratique que mes reflex , qualité d image vraiment belle. J’avais de tres gros doute sur le zoom, mais la rien à dire. C’est impec
La touche « i » super pratique.
les boutons tombent bien sois les doigts.
J’étais moyen chaud sur ces boitiers Z, mais bon faut avouer: tres beau travail de Nikon.
Ah oui, même batteries que D750 D 850, ça c’est cool
Et tout un tas de trucs qui me plaisent vraiment, pour la visualisation.
voila , un chouette boitier !!
Moutoussamy Jean-Bernard dit
Bonsoir Hervé merci pour cette article tu as fait le bon choix car moi j’ai choisi le Nikon Z6 depuis le début quand Nikon à annoncé les 2 boitiers je savais par mes infos que ça sera une merveille , je suis créateur d’un groupe sur facebook Nikon Passion 974 originaire de l’île de la Réunion j’avais tout les brevets que Nikon à fait pour la gamme Z j’ai plus de 50 site d’infos qui me sert pour choisir du bon matos et posté sur mon groupe . une exclusivité que j’ai posté était une vidéo 4k alors que le boitier z6 n’était pas sortie voila en tout cas bonne continuation à toi pour des nouvelle aventure avec la gamme Z . Bernard Moutoussamy Photographe île de la Rééunion .