Suite du test terrain consacré à Canon EOS R sur le terrain. Tester la pertinence de l’AF, le confort de prise de vue en temps réel et en mode furtif. Là encore, EOS R fait le job, plutôt deux fois qu’une. En travaillant avec une focale fixe, le pouce de la main gauche est disponible pour sélectionner sa zone AF en tactile sur l’écran. La bague de la face avant permet d’ajuster le diaph, une des deux molettes la vitesse. On peut doser sa sensibilité en temps réel, voire passer en iso auto, en utilisant le pad, à droite. Le résultat s’affiche dans le viseur, et on réalise immédiatement que la visée réelle change radicalement la façon de travailler. Quand je parle de révolutionner la prise de vue, c’est exactement ça. Ici, la profondeur de champ, sur-ex, sous-ex, se visualisent immédiatement, directement dans le viseur ! Du point de vue de la composition des images, le boîtier mirrorless efface les compteurs et redéfinit les bases mêmes de la prise de vue.
Canon EOS R. La magie des couleurs.
Bref. Le proposition de Canon EOS R, en matière de confort de prise de vue, d’ergonomie du boîtier, ne m’a guère imposé de limite. Je me suis senti immédiatement à l’aise, confortable. Je pense que mon passé avec Canon n’y est sans doute pas étranger. En revanche, s’il y a bien un point sur lequel j’avais envie d’être fixé, c’est bien sur le rendu des couleurs. Car oui, indubitablement, l’aspect qualitatif de la colorimétrie produite par le matériel de la marque rouge n’est pas une légende. J’ai lancé Capture One Pro v12 – mon logiciel d’editing de référence – et je n’ai pas tardé à être fixé.
• Canon, les voleurs de couleurs
J’ai regardé les images produites avec Canon EOS R sur l’écran 27 pouces dee mon iMac 5K et je me suis marré doucement. Allez ! S’il y a bien un point qui ne fait pas débat, c’est bien la qualité et le rendu des couleurs Canon. Oui, indubitablement, il y a une touch Canon. La marque rouge a cette capacité qui n’appartient qu’à elle de restituer ce qu’on a longtemps qualifié de « velouté de couleurs Canon » et qui agace tant les photographes. Je veux dire les photographes qui ne sont pas équipés en Canon (suivez mon regard) et qui jurent que le velouté de couleurs Canon, c’est de la légende. J’ai sous les yeux, devant moi, les images du concert de Noémi Boutin, violoncelliste de talent, réalisées au Quartz, scène nationale de Brest, avec Canon EOS R éditées via Capture One Pro 12, et je retrouve ce frisson qu’on a quand on découvre un cliché réalisé en Canon. Aucune marque ne sait restituer les couleurs avec cette délicatesse de nuances. C’est ce qui fait la marque de fabrique de Canon, ce qui rend cette marque tellement unique et si attachante. Ce velouté de couleurs et la capacité de la marque rouge à proposer une gamme d’optiques de très (très) haut niveau. À ce propos, Canon a dégainé des optiques hallucinantes, spécifiquement développées pour sa gamme EOS R, en même temps qu’était annoncé EOS RP, un « petit » boîtier plein format commercialisé à moins de 1500€ TTC. En revanche, le prix des optiques premium demeure, quant à lui, stratosphérique.
• Où on parle des sujets qui fâchent
Il y a bien des sujets qui fâchent, hein ? Me glissait malicieusement un ami photographe (équipé en Canon). Que dire ? On va parler du stockage, avec un slot unique et une carte SD. C’est vrai, aujourd’hui on est habitué aux dual slots ou à des cartes encaissant du très haut débit. Canon a fait avec le format SD le choix de la raison et pas de la performance. D’ailleurs c’est aussi le cas de Fuji et de Sony, mais pas de Nikon. La carte SD, ça coûte pas cher et on en trouve partout, contrairement à certains standards (suivez mon regard et mes cartes XQD qui coûtent un bras, quand on en trouve). Canon n’a pas adopté la stabilisation boîtier, contrairement à d’autres marques, mais persiste dans la voie de la stab optique, c’est un choix qui se défend. C’est une technologie que Canon maîtrise bien et depuis longtemps.. Reste le sujet qui fâche sur tous les hybrides, l’autonomie. EOS R me semble plus énergivore qu’un Sony A7 ou un Fuji X-T3. Une petite session concert a englouti quasiment la moitié de ma batterie. Il faut donc prévoir des batteries de rechange dans le fourre-tout !
Non, le sujet qui fâche vraiment et qui me concerne assez peu, c’est la vidéo. Beaucoup de vidéastes vous diront que Canon a raté la marche, en bridant drastiquement les fonctions vidéo sur EOS R. C’est vrai, les fonctions vidéo sont bridées. Les principaux reproches vont du crop en 4K à l’impossibilité de gérer le ralenti en 120fps. Je vous l’accorde, c’est assez incongru de voir Canon, qui, rappelons le, a initié la convergence photo vidéo avec EOS 5D Mark II, vient se faire aujourd’hui bouffer la laine sur le dos par Sony. D’un côté Canon a choisi de brider ses fonctions vidéo sur EOS R alors que Sony a fait le choix inverse, en offrant le maximum de fonctionnalités aux utilisateurs de son Alpha 7. La raison est simple. Il ne vous a pas échappé que Canon vend aussi du matériel vidéo sur un autre segment matériel. Offrir des fonctions vidéo étendues sur EOS R équivaudrait pour la marque rouge à se tirer une balle dans le pied. Est-ce pour autant qu’il faut affirmer que EOS R ne sait pas produire une vidéo de qualité ? Non, bien sûr. Canon sait produire de la vidéo (avec un AF performant en vidéo) et un boîtier intelligent, capable de gérer son ergonomie vidéo de manière dédiée.
• Cet EOS ne manque pas d’R
Et là vous me dites ? Faut-il acheter un EOS R ? Voire un EOS RP, de taille plus compacte, avec des fonctionnalités quasiment aussi étendues et à un prix, mazette ! Un prix… Moins de 1500€ TTC un boîtier hybride fullframe, ça fait réfléchir. Pour moi, si vous êtes déjà équipé en Canon, pas l’ombre d’une hésitation, foncez ! D’autant que, faut-il le rappeler, Canon propose trois bagues d’adaptation permettant de profiter des fonctionnalités de l’hybride sur des optiques EF et EF-S (dans ce cas l’image est croppée). Une bague porte-filtres devrait être disponible sous peu. Quelle riche idée ! Au lieu d’acheter un filtre par optique, vous allez pouvoir vous contenter d’un filtre qui fonctionnera pour toutes vos optiques. Si vous cherchez un boîtier pour faire de la vidéo, il est probable que vous ne choisirez pas EOS R. Il y a chez Canon des propositions autrement plus performantes.
En conclusion, si vous êtes photographe, que vous possédez déjà des optiques Canon (qu’elles soient en EF ou en EF-S), Canon EOS R (ou RP si vous cherchez un boîtier plus compact en taille et en prix, tout en restant plein format), est un excellent choix. Tant du point de vue de l’ergonomie boîtier que de la colorimétrie estampillée Canon. Mais si vous êtes déjà équipé en Canon, vous savez de quoi je parle, n’est-ce pas ?
• prochain article, je vais vous parler de Canon EOS R à l’épreuve des basses lumières en photo de concert !
• merci à Canon France pour leur confiance et le prêt du matériel.
• cet article n’est pas sponsorisé.
Stéphane dit
Merci beaucoup, beaucoup pour ce grand test des hybrides phares du marché !
Cela faisait un moment que je n’étais pas passé par ici et quel plaisir de retrouver vos avis toujours objectifs et votre plume directe et tranchée !!
Du coup, une fois le Nikon Z6 passé au crible, j’espère aussi que vous pourrez nous faire un bilan, toujours aussi sincère, de ce test et nous donner vos préférences selon les différents domaines testés (rendu image, AF en faible lumière, suivi et consistance AF, utilisation/ergonomie au quotidien…). Et peut-être mettre en perspective par rapport aux profils utilisateurs : rester dans sa crèmerie, en profiter pour basculer si un modèle est au-dessus, etc…
Je me.doute que rien ne sera tout blanc, tout noir mais justement, le bilan sera d’autant plus intéressant à lire.
Encore merci à vous et bonne continuation, et au plaisir de vous lire !!