Troisième volet de mon test terrain consacré au boîtier hybride Sony A7. Mon interlocuteur, chez Sony France, m’a demandé, un brin suspicieux, si je comptais évoquer la vidéo. Car il faut savoir que ce secteur est particulièrement important pour Sony, qui a développé un boîtier spécifiquement dédié à la captation vidéo, Sony A7S Mark II. Le truc, c’est que moi, je suis photographe, pas vidéaste. J’ai assisté, avec étonnement j’en conviens, il y a quelques années à la convergence photo vidéo, initiée par Canon avec son EOS 5D Mark II. À l’époque, Sony A7 n’en n’était qu’aux balbutiements, que Canon proposait déjà de faire de la vidéo avec un appareil photo. Ce qui m’avait semblé incongru de prime abord est devenu au fil du temps une réalité. On donnait aux photo reporters la possibilité de capter un moment en live, avec le même équipement. Sony l’a bien compris et dans son positionnement de gamme, la marque japonaise a dédié l’un de ses trois Alpha 7 à la vidéo. Un capteur nettement plus modeste, certes (12mp), mais une fantastique opportunité de gérer les basses lumières comme personne, tout en conservant cet autofocus qui fait la marque de fabrique de Sony. Je n’étais pas disposé à appuyer sur le bouton rouge de Sony A7 Mark III pour tester la vidéo. Photographe un jour, photographe toujours. Il fallait que je trouve une figure incontournable, un avis autorisé, un grand témoin dans le domaine de la vidéo. Quelqu’un qui connaisse et maîtrise le sujet et qui soit utilisateur de Sony A7S Mark II. Je n’ai pas eu bien loin à chercher…
Sony A7S Mark II. Le choix de la jeune génération ?
J’appelle à la barre Mathieu EZAN. Si vous fréquentez les salles obscures, comme les chemins lumineux du festival des Vieilles Charrues – dont il est l’un des photographes officiels – vous avez sûrement déjà croisé ce garçon sympathique et jovial, grand amateur de calembours et de bonne humeur et accessoirement fan de François Damiens devant l’éternel. Aussi loin que je m’en souvienne, Mathieu nous régale de sa présence, de ses bons mots, de ses imitations impayables (salut Philippe Manœuvre) et de son regard sur la scène pop, rock, avec quelques clichés imparables. Mais, au fil du temps, Mathieu EZAN a peu à peu délaissé son EOS 5D Mark III pour s’adonner à sa véritable passion, sa vocation, son sacerdoce, la vidéo. Et pour cela, il a choisi Sony.
De vous à moi, j’ai choisi de tester Sony A7 Mark III principalement sur sa recommandation. Défendre une marque, c’est bien, mais on en fait quoi ? La première fois que j’ai vu un clip vidéo estampillé ME (comme MathieuEZAN), je dois avouer que j’ai été subjugué. Par la qualité des images, l’habileté du montage, le rythme. Mettre des plans séquence ensemble, les mixer, leur donner un équilibre et une harmonie, en un mot montrer la musique, la traduire en images vivantes, ce n’est pas donné à tout le monde. MathieuEZAN sait faire. Et tout ça, avec ça ? Lui avais-je dit, pointant du doigt son minuscule boîtier Sony A7 S Mark II. Mathieu est en phase, en adéquation avec son matériel Sony. Il maîtrise son outil et son art et surtout, surtout ! Il sait où il va. J’ai essayé d’en savoir un peu plus sur les raisons de son choix, sur sa façon d’appréhender ses projets vidéo, sur sa relation personnelle et intime avec Sony A7S Mark II. Pour faire le tour du sujet j’ai posé 10 questions à MathieuEZAN, vidéaste esthète, passionné d’images et de sons. Silence plateau, ça tourne. Action !
[SHOTS] Initialement, tu étais équipé en Canon. On se souvient tous que c’est la marque qui a initié la convergence entre vidéo et reflex. Comment en es-tu arrivé à délaisser Canon pour préférer utiliser Sony A7 pour le tournage de tes clips vidéo ?
[Mathieu EZAN] Malgré tout l’amour que je porte à Canon (que j’utilise toujours en photo) et pour le rendu de ses images, sur le terrain de la vidéo, le fossé a commencé à se creuser avec la concurrence, d’un point de vue technique. J’avais envie de plus de fonctionnalités et malheureusement je trouvais mon reflex Canon un peu en retard sur ce que proposaient d’autres marques.
[S] Pour les tournages tu utilises Sony A7S Mark II. Pourquoi avoir choisi ce modèle, spécifiquement ?
[ME] Pour ses incroyables performances en basses lumières, en premier lieu ! Venant du 5D mark III, je profitais également en plus d’un suivi de focus en vidéo, de la 4K, de la slowmotion à 120fps, la possibilité de tourner en log, … Le tout avec un un boitier plus léger et compact, tout en conservant l’avantage d’un capteur plein format.
[S] Du point de vue des optiques, quelles sont tes cailloux de prédilection sur les tournages ?
[ME] Majoritairement le Zeiss 24-70mm f4 pour sa polyvalence, sa bonne réactivité en autofocus et ses qualités optiques évidemment ! J’ai besoin d’un objectif réactif et suffisamment compact. J’utilise également un Sony 50mm f/1.8 en complément quand je viens à manquer de lumière ou que je cherche moins de profondeur de champ. Mais étant moins qualitatif que le Zeiss, je privilégie ce dernier autant que possible.
[S] On dit que la taille compte. Est-ce que certains de tes interlocuteurs continuent d’associer qualité du travail et taille du matériel engagé ?
[ME] Non, à la limite c’est plus moi qui vais complexer, de me pointer sur un tournage avec un boitier à taille réduite, mais tout ce qui compte c’est le résultat qui en sort ! Au contraire les gens sont plutôt enthousiastes de voir la qualité d’image qui peut sortir d’un boitier de cette taille. Et quand je vois ce que ce dernier peut sortir, utilisé par certains réalisateurs que j’admire, je suis encore plus confiant sur ses capacités et je me dis que j’ai encore de quoi le pousser plus loin.
[S] Pour tes clips, tu as toutes les casquettes. Metteur en scène, cadreur, réalisateur à la prise de vue et monteur. C’est un travail titanesque mais finalement c’est ce qui te plait, dans la réalisation de tes clips vidéo ? D’assumer tout, tout seul, de A à Z, y compris l’écriture du scénario ?
[ME] C’est même quasi primordial pour que je puisse vraiment être satisfait du résultat. Quand j’écris un scénario, je projette déjà dans ma tête la manière dont je souhaite le filmer, le cadrer et au moment où je filme, je pense déjà à la manière dont je souhaite le monter etc… Il m’arrive de co-écrire les scénarios avec le groupe, si ce dernier a des idées bien précises de là où il veut aller. Auquel cas on échange beaucoup pour trouver ce qu’il y a de mieux, entre ce que l’on aimerait obtenir et ce qu’il est possible de réaliser, aussi bien au niveau du budget qu’au niveau de mes capacités. Mais quand le groupe me laisse carte blanche, en effet, je laisse aller ma créativité !
[S] Si tu devais résumer en deux ou trois points ce qui t’a motivé à choisir Sony A7S Mark II tu dirais quoi ?
[ME] Basses lumières, plein format et l’étendue de la plage dynamique. J’étais déjà convaincu par l’A7S premier du nom et quand Sony a annoncé le mark II, j’étais conquis. La même chose, mais en mieux à tous les niveaux !
[S] Comment travailles-tu avec les groupes qui te confient une réalisation ?
[ME] En général le groupe commence par me proposer un morceau, parfois plusieurs et me demande celui qui m’inspire le plus. À partir de là soit ils me laissent le champ libre pour que je leur fasse des propositions, soit ils ont déjà une idée de ce qu’ils veulent et on creuse dans ce sens. Parfois ils ne savent pas forcément ce qui est réalisable ou non suivant leur budget, donc j’essaye de faire des propositions qui collent au mieux à ce dernier sans que le résultat en pâtisse.
[S] Aujourd’hui, tu utilises Sony A7S Mark II. Dans l’absolu, comment verrais-tu le matériel de prise de vue idéal dans le futur ?
[ME] Je n’ai pas vraiment de vision idéale du matériel, celui que j’ai me satisfait, mais les avancées technologiques vont tellement vite que chaque année de nouvelles envies sont créées… Par conséquent, quand je vois des appareils faisant de la 4K à 120fps par exemple, cela me laisse rêveur, mais en ai-je besoin ? Pas vraiment. Tout ce que je sais c’est que mon matériel actuel me permet amplement de répondre à la demande. Donc je pense qu’upgrader celui-ci sera surtout pour me faire plaisir et m’apporter un peu plus de confort.
[S] Tu réalises des formats courts, les clips vidéo associent ta passion de l’image et de la musique. On peut imaginer qu’un jour tu ailles au delà du format court ? Un moyen métrage voire un long métrage signé Mathieu EZAN ?
[ME] Je pense que c’est même mon rêve numéro 1 à l’heure actuelle ! J’ai déjà plusieurs longs métrages qui ont été mis sur papier, que je fais évoluer petit à petit. Je sais déjà lequel d’entre eux j’aimerais voir devenir mon premier film. Je me montre encore patient car je n’ai pas encore engagé l’occasion de le concrétiser, mais j’espère pouvoir m’y concentrer de manière plus concrète dans les temps à venir.
[S] Est-ce qu’il y a une question que tu aurais aimé que je te pose et que je ne t’ai pas posée ?
[ME] Je crois que tout est dit !
• Trois clips vidéo signés Mathieu EZAN
Il n’y a rien de mieux, pour un photographe ou un vidéaste, que d’être en adéquation avec son matériel. C’est le cas de Mathieu EZAN avec Sony A7S Mark II. Résultat ? Il suffit de regarder les vidéos produites par Mathieu. Pas facile, par ailleurs de choisir parmi les nombreux clips vidéo réalisés, tant la production signée ME est riche et intense. Mon choix est à la fois subjectif, dicté par la musique et par l’intelligence des images, le parti-pris, le montage, la qualité de la prise de vue, le cadrage. Je crois que je serais capable de reconnaître un clip signé EZAN entre mille. Ce n’est pas la moindre de ses qualités.
• Gigi par Arhios
Pour moi ce clip d’Arhios, groupe de post rock originaire de Rennes est une référence. Tourné dans le décor baroque de l’opéra de Rennes, il est représentatif du travail de Mathieu EZAN. Qualité premium de l’image, vivacité et intelligence du cadrage, montage nerveux mais fluide. Et deux paramètres essentiels. Ce clip a été réalisé par un jeune réalisateur à lui tout seul, de bout en bout, avec Sony A7S Mark II. Regardez ce clip, montez le son, vous allez comprendre.
• regarder le clip Gigi réalisé par Mathieu EZAN pour Arhios
• What we’ve drawn par Fuzeta
Dans ce clip réalisé pour Fuzeta, Mathieu choisit un postulat très audacieux, l’écran splitté en deux parties, choisissant de nous raconter deux visions d’une même histoire, dans deux espaces-temps. Les références au cinéma de jean-Pierre Jeunet (Amélie Poulain) ou à l’image de fin de Jumanji (de Joe Johnston) sont clairement revendiquées. Mathieu endosse le costume de raconteur d’histoire et ce costume lui sied à merveille. La qualité de la bande son, le choix de la narration, le cadrage, la teinte des images, le montage, rien n’est laissé au hasard.
• regarder le clip What we’ve drawn réalisé par Mathieu EZAN pour Fuzeta
• Nehemie par Arhios
Dès les premières images, on réalise que ce clip vidéo, réalisé pour Arhios, va nous embarquer dans un univers onirique, avec ces images surréalistes qui défilent à l’envers. On remonte le temps, en direction du passé pour comprendre le présent. Nehemie est pour moi un clip de référence qui résume à la fois le talent et la maîtrise de Mathieu EZAN. C’est aussi une belle histoire, tendre, émouvante, une certaine nostalgie du passé.
• regarder le clip Nehemie réalisé par Mathieu EZAN pour Arhios
• merci à Mathieu EZAN. Vous pouvez retrouver son travail sur son site internet.
• merci à Sony France pour son support et son soutien.
• cet article n’est pas sponsorisé.