Après une semaine passée avec Sony A7 Mark III, j’ai une idée nettement plus précise des qualités de ce boîtier hybride mirrorless. De ses qualités et de ses travers aussi, c’est le but de ce test terrain. Évaluer un APN en le confrontant à la réalité des images capturées dans la vie réelle, à mille lieues d’un test de rat de laboratoire. J’ai traversé Brest sous le soleil, j’ai réalisé des images faciles en lumière du jour à 100iso et en mode priorité ouverture, autant dire en mode touriste japonais. C’était à la fois facile et agréable et ça m’a permis d’approcher les fonctionnalités de Sony A7 Mark III en douceur. En mode street photography, Sony A7 Mark III est un boîtier idéal. Discret, silencieux, léger, plein format et d’une efficacité redoutable, il est un compagnon parfait. Un autofocus ultra réactif et j’insiste sur le mot ultra. Ici, aucun temps de latence, cet hybride répond aux sollicitations au doigt et à l’œil, de manière instantanée, même avec une optique (Sony 50mm f/1,8) qui est loin d’être considérée comme premium. J’imagine les performances de Sony A7 en tandem avec une optique du calibre d’un 55mm Sony Zeiss, voire d’un caillou de la gamme G master. Bref. Sony A7 Mark III en mode street, si c’est pas ça le bonheur ça y ressemble fortement. Mais…
Sony A7 Mark III, de concert.
Oui, il y a un mais. L’ergonomie de ce boîtier est à la fois son défaut majeur et sa qualité première. Je m’explique. La première fois que j’ai eu Sony A7 Mark III entre les mains, j’ai été complètement perdu. Ne cherchez pas sur ce boîtier un bouton physique pour accéder à des réglages aussi essentiels que le mode de mise au point (spot, continu, manuel) ou le mode de mesure. Aucune commande sur l’optique non plus. Service minimum. L’ergonomie de Sony A7 Mark III est aride, sèche comme un coup de trique. Mes premiers pas avec l’hybride de Sony ont ressemblé à un chemin de Damas et comme j’avais opté pour le postulat pas de fucking manuel, les premiers instants vécus avec A7 ont été un vrai chemin de croix. Avant d’affronter l’épreuve du shooting en conditions de lumières complexes, je me suis convaincu qu’il fallait que je me pose. C’est dans la quiétude de mon studio que j’ai découvert à quel point Sony A7 Mark III est un boîtier hautement personnalisable. En moins d’une heure, j’avais transformé ce Sony A7. J’avais l’impression d’avoir dompté la bête, de l’avoir apprivoisée. J’accédais désormais à mes commandes d’une simple pression sur une touche de fonction, sans quitter l’œil du viseur. Ce n’était plus un Sony A7 anonyme. C’était mon Sony A7 Mark III.
• Un APN personnalisable
J’ai poussé la molette des iso à 3200 et j’ai poussé la porte du Vauban pour couvrir le concert de Delgrès, un power trio de blues créole. Naturellement, quand j’ai déboulé à la Redoute (c’est le nom de la salle du Vauban) avec ce minuscule APN autour du cou, en lieu et place de mon habituel reflex monobloc, on m’a demandé si j’avais changé de crèmerie. Le cul posé sur un sub, au premier rang, mon optique Sony 50mm f/1,8 montée sur A7 Mark III, j’étais prêt. La première partie, Free wheelin, jeune guitariste de blues, m’a permis d’étalonner le boîtier, de checker les réglages. L’accès rapide grâce aux touches de fonctions en gardant l’œil dans le viseur est un énorme plus. Mode de mesure (C1), mode de mise au point (C2), zone de mise au point (C3) et un switch plein format vers APS-C programmé sur la touche C4. Pour aller (encore) plus loin, il est possible d’accéder à 12 fonctions majeures du boîtier en appuyant sur la touche fonction et de personnaliser ces fonctions. Voilà, c’est là où j’ai réalisé que l’ergonomie de Sony A7 Mark III est aussi sa qualité majeure. Il appartient à chaque utilisateur de Sony Alpha 7 se faire d’un boîtier « son » boîtier. Et quand c’est fait, mazette ! Ce petit boîtier est d’une efficacité et d’une réactivité absolument redoutables !
• Visée réelle et autofocus de dingue
Delgrès investit la scène du Vauban et la température monte de quelques degrés. Le trio, emmené par Pascal Danaë, embarque illico le public qui en redemande. La visée réelle de Sony A7 Mark III est assez bluffante. Je peux tester alternativement les différents modes de mesure (multi, centre, spot standard, …) comme la zone de mise au point. De ce point de vue, Sony A7 Mark III est d’une précision redoutable. Je crois avoir rarement vu un autofocus aussi précis et réactif. En AF-S, en mode spot flexible, il est possible de déplacer manuellement la zone de mise au point en utilisant le petit joystick et activer l’AF soit en pressant le déclencheur à mi-course soit en utilisant la touche AF-ON (touches personnalisables). Sony A7 Mark III ne s’est jamais planté, je n’ai jamais réussi à le prendre en défaut et c’est pas faute d’avoir essayé. Ici, la notion de back ou de front focus n’existe pas. On cible le point de netteté et Sony A7 l’accroche. Et c’est tout. La zone AF s’active, la pastille verte s’allume, la photo sera nette et c’est d’une efficacité absolument redoutable. Et sur l’écran de mon iMac 27 pouces, au bureau, le verdict est également sans appel. Dans Capture One Pro 12, les fichiers RAW affichent une insolente netteté, un piqué remarquable. Quant à l’épreuve des 3200iso, rien à dire. C’est parfait, sans surprise, pas un poil de bruit.
• Silence on shoote
Du bruit parlons-en. Il allait en être question quelques jours plus tard, mais là il ne s’agit pas de bruit numérique mais du bruit du déclencheur. Concert de guitare acoustique, avec Jacques Pellen en solo au Vauban. Un immense guitariste, probablement l’un des meilleurs guitaristes de jazz que j’ai pu voir sur scène et aussi une personnalité forte, un caractère bien trempé. En clair, il convient d’être discret, car cet artiste supporte difficilement, à raison, d’être gêné par le son disgrâcieux d’un déclencheur. Chapitre 2, page 4. Prise de vue silencieuse, ON. À partir de là, j’ai pu photographier Jacques Pellen dans un silence absolu. C’est à la fois un bénéfice pour l’artiste sur scène, pour le public et pour le photographe. Faire des clichés dans un silence total permet de se libérer de l’angoisse existentielle liée au bruit du déclencheur, donc de travailler de manière beaucoup plus apaisée. En s’affranchissant du miroir, on se détache de tant de contraintes ! Quant à la visée réelle, c’est un argument définitif. Voir en temps réel, dans le viseur, l’image telle qu’on va l’obtenir, c’est un énorme plus. Sur-ex, sous-ex, profondeur de champ, perspective, ligne d’horizontalité, de verticalité, le viseur devient un assistant personnel. Couplé aux qualités intrinsèques de Sony A7 Mark III (autofocus ultime, boîtier hautement pseronnalisable, qualité premium et dynamique des images) c’est un système de prise de vue qui n’a quasiment aucune limite. Hormis peut-être une fragilité apparente.
• Un APN fragile ?
Bien que de très bonne facture et d’une qualité de construction qui respire le haut de gamme, je ne me risquerai pas à affronter quatre jours de Vieilles Charrues avec Sony A7 Mark III. Soleil, poussière, passe encore. Mais en conditions climatiques dantesques, comme on peut parfois en connaître à Carhaix (les photographes qui ont affronté le concert de Muse dans la fosse Glenmor en 2010 savent de quoi je parle), je ne suis pas sûr que le petit Sony A7 en sortirait vivant. Comme il n’est pas sorti indemne du test de la pluie que lui a fait subir Imaging ressource. Les résultats sont sans équivoque. Sur les quatre boîtiers testés (Nikon D850, Canon 5D Mark IV, Olympus E-M1 II et Sony A7R Mark III), seul le boîtier Sony échoue. Et Imaging ressource de conclure : « Sony doit améliorer la tropicalisation s’il veut être concurrentiel sur ce segment de marché haut de gamme et professionnel. » Cette apparente fragilité, cette incapacité à affronter les aléas climatiques sont peut être le talon d’achille de Sony A7 Mark III. Mais c’est, me semble-t-il, le seul.
• En conclusion
Sony A7 Mark III passe l’épreuve de la photo de concert sans état d’âme. Aucun doute, cet APN est à la hauteur de son excellente réputation. Plein format, un viseur électronique d’excellente tenue, un boîtier hautement personnalisable qui permet de travailler de manière très confortable en faisant d’un boîtier son boîtier. Plus que tout autre appareil photo, on ne prête pas son Sony A7 Mark III, car un autre photographe ne s’y retrouverait pas. Parmi les nombreuses qualités de Sony A7 Mark III, on peut naturellement évoquer le confort de prise de vue, la visée réelle, le mode silencieux, mais ça finalement, n’importe quel hybride sait le faire. En revanche, au chapitre de l’autofocus, de sa réactivité et de ses performances, le petit boîtier de Sony réalise des miracles, même en conditions de lumières délicates.
Dans le prochain article on évoquera Sony A7 sur le versant vidéo, en compagnie de Mathieu Ezan, vidéaste de renom et photographe.
• merci à Sony France pour leur soutien technique.
• Cet article n’est pas sponsorisé.
Pepou dit
Hâte de connaître votre préférence entre les 4 appareils.
Hervé LE GALL dit
Je dois encore tester Canon EOS R et Nikon Z6 🙂