Test hybrides. Acte 2. Je vais me confronter avec Sony A7 Mark III et je sais déjà que ça va être compliqué. Non que j’ai un quelconque a priori par rapport à ce boîtier ou cette marque, mais j’en ai tellement entendu parler. On m’a tellement rebattu les oreilles de ce mirrorless ! Sony A7 Mark III déboule sur mon bureau précédé de son concert de louanges. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit sur ce boîtier… Le petit prince des hybrides, celui devant lequel tout le monde s’incline parce qu’il est l’aîné. Sony a pris une telle longueur d’avance qu’il sera difficile de le rattraper, ai-je pu entendre ici et là. Jusqu’à il y a peu, tout juste quelques mois, je me préocupais peu de savoir si Alpha 7 était LE boîtier hybride ultime. Jusqu’au salon de la photo, durant lequel j’ai assisté à une démonstration des plus brillantes. C’est précisément ce jour-là, alors que je venais de quitter le stand Nikon, après avoir visité ceux de Fujifilm et de Canon, que j’ai décidé de tester les quatre hybrides qui me semblent les quatre atouts majeurs du segment mirrorless. Après avoir testé Fujifilm X-T3, c’est maintenant au tour de Sony A7 Mark III.
Sony A7 Mark III. Petit prince des hybrides
Le test terrain respecte toujours les mêmes contraintes. Un boîtier, une optique basique 50mm f/1,8 et des prises de vues en conditions réelles, sur mon terrain. En extérieur, pour un shooting classique et en live avec des conditions de lumières et de mouvements plus ardues. Pas de manuel, juste le boîtier et moi. Comme le disait si justement feu Steve Jobs, quand une ergonomie est bien pensée, le manuel d’utilisation est inutile. Un appareil photo, quelqu’il soit, répond toujours aux mêmes règles fondamentales. Sensibilité du film, diaphragme, vitesse, mode de mesure, … Reste ensuite à évaluer le comportement du boîtier, la réactivité de l’autofocus, le confort de prise de vue et au bout de la chaîne la qualité des images. Sony A7 Mark III. Acte 2. C’est parti.
• On commence par les sujets qui (me) fâchent.
Attaquons bille en tête, sans détour et sans ambages. Gardez en mémoire que je viens de tester Fujifilm X-T3, avec une ergonomie que je qualifierais volontiers de facile. Autant avec X-T3 j’ai eu l’impression d’être en terrain connu, avec Sony A7 Mark III j’ai plutôt eu le sentiment d’être en terre inconnue. Le boîtier m’a semblé petit, râblé, la prise en main délicate. La petite taille des molettes avant et arrière ne rend pas l’accès aux réglages des plus aisés, pour quelqu’un comme moi habitué à travailler avec du reflex de gros calibre et des molettes de taille convenable. Là, j’ai vraiment pesté et pas seulement là. Quand on s’apprête à faire des photos, on fait quoi ? D’abord on loge deux cartes SD dans les slots et on cherche à les formater. Comment on formate des cartes sur Sony A7 Mark III ? On affronte le menu et là, il faut s’armer de patience !
Le menu comporte 6 chapitres permettant d’accéder à 35 pages de fonctionnalités (excusez du peu), chaque page comptant 6 propositions (je vous laisse faire le calcul). Autant dire qu’il a fallu s’armer de patience pour trouver une commande aussi basique que « formater ». Certes, le bouton « menu » apparaît en clair sur la face arrière en haut à gauche, c’est déjà ça de pris. La commande formater se trouve à la page 5 du chapitre 5. Pour la petite histoire, le formatage des cartes m’a semblé assez long (j’utilise des cartes Sandisk Extreme 32Go). Mais tout cela est finalement très anecdotique. En revanche, je regrette vraiment l’absence de boutons physiques pour accéder aux types d’AF ou aux modes de mesure ! Ce détail m’a vraiment, salement énervé. Vous me direz, il y a des boutons de fonctions (C1 à C4) auxquels on peut attribuer des commandes spécifiques. D’accord. Mais en attendant, comment je fais moi, pour accéder aux modes de mesure ? Encore une fois, je m’arme de patience (et la patience n’est pas mon fort). Mode de mesure, chapitre 1, page 9. Mes premiers pas avec Sony A7 Mark III auront été chaotiques. Je n’ai pas aimé la prise en main et l’ergonomie du boîtier m’a singulièrement agacé, surtout dans les premiers instants. En revanche, une fois les paramètres acquis, le confort de prise de vue est bien là.
• Un boîtier hautement paramétrable
Mercredi, ciel radieux sur Brest la blanche. Un temps idéal pour une promenade en mode street photographer, Sony A7 Mark III autour du cou, autant dire rien. Je veux dire rien en poids et en encombrement si on compare ce petit boîtier à ce que je trimballe habituellement (Nikon D4s et consorts). Le poids plume (860 grammes, courroie, cartes et batteries incluses soit deux fois fois moins lourd que mon D4s) est un paramètre indubitablement essentiel qui joue en faveur de l’hybride. On porte (on traine) son reflex au bout du bras alors qu’on n’hésite pas à porter son hybride autour du cou. Première impression, l’œil dans le viseur, j’ai l’impression qu’il est moins lumineux que Fuji X-T3. En fait il y a (aussi) un paramètre de réglage pour ça (chapitre 5, page 1).
Comme toujours avec la visée réelle, il suffit de porter son œil au viseur électronique pour visualiser le menu et sélectionner les options. La grosse molette principale sur le boîtier permet de sélectionner son mode (M,S, A, P, auto, …). Chapitre 1, page 5, on choisit son mode de mise au point : spot, auto, continu, manuel et un mode Direct MFocus (on commence en AF et on peut finir le focus manuellement avec la mise au point sur la bague de l’objectif). Le fait de devoir passer par un menu et de ne pas pouvoir accéder à ce type d’opération basique via un bouton physique du boîtier a tendance à m’agacer, mais il faut faire avec. Sur l’objectif, aucun bouton non plus. Donc si on doit passer en MAP manuelle de manière urgente, ça peut être chaud. Idem pour la zone de mise au point. Mais… On peut toujours affecter les boutons C1 et C2, qui sont accessibles à partir de votre index droit, aux fonctions de votre choix. Pour cela, rendez-vous au réglage touches perso (chapitre 2, page 9). J’ai affecté C1 aux modes de mesure et C2 aux modes de mise au point. Le bouton C3 en façade arrière à la zone de mise au point. Le bouton C4 (sur la corbeille, celle-ci n’étant active qu’en lecture) est affecté au passage APS-C ou plein format.
Vous l’avez compris. Sony A7 Mark III est un boîtier hautement paramétrable, personnalisable à l’infini. C’est très utile mais ça rebutera de nombreux primo-utilisateurs, notamment parmi les néophytes. En revanche, une fois le stade de la maîtrise passé, Sony A7 Mark III est prêt. Il peut et il va enfin me révéler toute sa puissance. Et croyez-moi sur parole. Ce boîtier en a sous la semelle…
• Un confort de prise de vue absolument irréprochable
Pour mémoire, je vous rappelle que le postulat de ce test tient dans l’utilisation d’une optique de base, à savoir un 50mm f/1,8. Sony France aurait sans aucun doute préféré me voir tester leur A7 Mark III avec leur optique maison, Sony Zeiss 55mm f/1,8, mais j’ai insisté pour utiliser le 50mm de base. Cette optique n’est pas un foudre de guerre, certes. N’empêche, avec elle Sony A7 Mark III fait le job. Dans le viseur, le confort est absolu, avec le choix du quadrillage, l’assistance horizontalité et verticalité. La visée réelle apporte une souplesse sans égal. En street, Sony A7 Mark III, plein format (ou APS-C au choix), embarque un autofocus d’une réactivité comme j’en ai rarement vu. Bien sûr, pour plus de discrétion on peut shooter en mode silencieux (chapitre 2, page 4). Inutile de vous dire que c’est une fonction qui parle au photographe de jazz que je suis. Le silence et la visée réelle permettent au photographe d’être isolé dans sa bulle, sans le risque de gêner son entourage par des déclenchements bruyants.
J’ai traversé Brest, photographiant mes lieux de prédilection. La Place Guérin est ses joueurs de pétanque, la rue Jean Jaurès, l’Hôtel Vauban. Puis la rue de Siam, le pont de Recouvrance, le Cours Dajot, le port de commerce. Cent iso, testant les modes, manuel, priorité ouverture ou vitesse. En mode AF-S automatique comme en sélection manuelle, l’AF est hyper réactif, pour ne pas dire instantané. En utilisant, j’ai le plaisir à le rappeler, une optique basique. Les quelques a priori que je pouvais avoir ont clairement été balayés d’un revers de main, y compris sur le sujet le plus fâcheux – et pas vraiment spécifique à Sony A7 Mark III – l’autonomie. Au terme de trois heures de balade, ma jauge de batterie affichait encore près de 70% d’autonomie. La batterie faisant une taille rikiki (5cm sur 4cm pour 2cm d’épaisseur, à la louche), embarquer une batterie dans sa poche ou dans le fond du sac permet de partir sereinement.
• La perfection de l’image est au rendez-vous
Il me restait à découvrir mes images, sur l’écran 27 pouces 5K de mon iMac et là encore, Sony A7 Mark III ne déçoit pas. Les images sont superbes, les couleurs, le contraste sont au rendez-vous, tout comme le piqué. Tout cela avec un 50mm de base, je me demande ce que ça peut donner avec une optique premium de la gamme Sony G Master. Le capteur 24,2mp génère une image de 6000px par 4000px, autant dire que les amateurs de crop peuvent s’en donner à cœur joie. Le fichier ARW (le RAW de Sony) pèse autour de 25 Mo et le jpeg de 7 à 12 Mo. J’ai édité les fichiers RAW avec Capture One Pro 12, le rendu est impeccable. Notez d’ailleurs que Phase One propose une version Sony de Capture One Pro et qu’une version Capture One Express Sony 12 gratuite est disponible.
Le plus bluffant tient dans la capacité de Sony A7 Mark III d’accrocher un point de focus, quelque soient les conditions de prise de vue et de restituer cette netteté parfaite dans l’image finale. Quand on sait l’importance que revêt la précision de l’autofocus dans de nombreuses activités photographiques, en sport, en animalier, en live, on ne peut qu’être enthousiasmé par les capacités de ce petit boîtier. Non content d’accrocher le focus comme peu de boîtiers savent le faire, Sony A7 Mark III propose un mix de paramètres et de réglages permettant au photographe de s’adapter à toutes les situations.
• En conclusion…
Sony A7 Mark III est à la hauteur de sa réputation. Une fois l’étape de la prise en main dépassée, une fois que vous avez le boîtier bien en main, vous avez ce sentiment de toute puissance qui est l’apanage des grands, des très grands boîtiers. Cette impression que vous pouvez pousser le boîtier dans ses ultimes retranchements et qu’il va vous suivre, sans broncher. Au début de mon test terrain, j’ai eu tendance à ronchonner, à pester contre l’absence de commandes sur le boîtier (modes de mesure, modes d’AF, pas de rétro-éclairage, etc…). Après une heure de réglages, le nez dans le firmware, j’ai commencé à apprivoiser la bête, à acquérir des automatismes, les boutons de fonctions permettant de palier aisément à l’absence de boutons physiques standards. Une fois passée l’étape initiale de la prise en main, le petit Sony A7 Mark III révèle toute sa puissance et l’étendue de ses performances. Petit, certes, mais incroyablement costaud.
Voilà, ça c’est fait. Sony A7 Mark III a fait le tour de Brest, sous le soleil, à 100iso et il s’est montré très coopératif. On peut maintenant passer aux choses sérieuses et affronter la nuit brestoise, le Vauban, le live et les mouvements indociles. Sony A7 Mark III va devoir monter en iso et son AF va nous montrer ses limites, si elles existent. Je ne vais pas tarder à être fixé.
• merci à Sony France pour le prêt du matériel et son soutien.
• Cet article n’est pas sponsorisé.
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