Voilà, c’en est fini de l’acte 1. Je viens de passer quinze jours en compagnie de Fujifilm XT3 et son diabolique Fujinon 35mm f/1,4. Premier acte de mon test terrain qui va me faire explorer quatre marques majeures du segment mirrorless. Beaucoup de gens m’ont demandé pourquoi maintenant. Pourquoi n’ai-je pas souhaité tester le matériel Fujifilm avant aujourd’hui ? C’est vrai. J’aurais pu tester les appareils de la série X depuis belle lurette, si je l’avais souhaité. Mais de vous à moi, à quoi aurait ressemblé un test terrain hybrides en 2015 ? C’est simple. Il se serait limité à deux marques, Fujifilm et Sony. J’attendais que de nouveaux acteurs, et pas des moindres, investissent la scène. En laissant du temps au temps, cela permettait au segment mirrorless de s’affirmer. Et cette fois, nous y sommes. 2019 sera l’année de l’hybride. D’ailleurs une statistique récente indique que cette année, il va se vendre un appareil hybride pour un reflex. Alors, vous voyez ? Ça valait le coup d’attendre. Le postulat de ce test terrain est basé sur l’honnêteté. L’idée de ce test, c’est d’aller sur le terrain sans a priori. Oublier la marque, le modèle. Se contenter de regarder dans le viseur, de faire ce que je sais faire, des photos, et vous donner mon ressenti. Je me doutais que j’allais peut être rencontrer des difficultés, des obstacles…
Fujifilm XT3. Le bon choix
Avec le recul, je me dis que c’était singulièrement gonflé de partir faire des photos en festival un vendredi soir, alors que je venais de recevoir Fujifilm XT3 le vendredi matin. Trois heures avant d’entrer dans la salle du Mac Orlan, j’avais eu mon ami Gérald Géronimi au téléphone. Comme un coach qui rassure un boxeur qui va monter sur le ring. « Tu vas voir, ça va aller ! » Je n’étais pas franchement rassuré, d’autant que ce soir là, je suis allé au charbon sans prendre mon reflex Nikon en backup, au cas où. J’ai vite compris. Je me suis vite senti à l’aise. Et surtout, j’ai été immédiatement fasciné par ce que je voyais dans le viseur. Très rapidement, toutes les oppositions que j’aurais pu invoquer contre ce boîtier ont disparu. « C’est plein de boutons, l’ergonomie est une horreur, les menus sont illisibles, la prise en main est compliquée, le matériel n’est pas tropicalisé ! » Sans oublier l’argument ultime… « C’est un APS-C ! » Bullshit ! Vous avez envie de vous laisser tenter par un APN Fujifilm mais vous hésitez ? Laissez-moi vous donner quelques bonnes raisons d’y croire.
1- Fujifilm XT3 est un boîtier facile
Je vous faire un aveu. Je n’ai jamais eu le sens de l’orientation. Je serais capable de me perdre au cœur de Brest (ne riez pas, ça m’est déjà arrivé). Il y a quelques années, je suis allé aux États-Unis et je me suis retrouvé tout seul à New York. Cette ville magnifique m’a donné l’impression que j’y avais toujours vécu. Je m’y suis déplacé avec une facilité déconcertante et quand j’étais perdu, je demandais mon chemin aux new-yorkais. Avec Fujifilm XT3, c’est pareil. Je n’avais pas l’œil dans le viseur depuis cinq minutes que je me sentais déjà super à l’aise, confortable. Mon ami Gérald (le new-yorkais de service), m’avait conseillé de ne pas me prendre le chou, iso auto et priorité ouverture. Cinq minutes après, j’étais en mode manuel, comme un poisson dans l’eau. Si vous êtes à l’aise avec les fondamentaux, vous allez très rapidement profiter pleinement de ce boîtier. Dans le cas contraire, activez les automatismes et concentrez-vous à faire de la belle image.
2- La visée réelle est une révolution
Pour le photographe qui a passé l’essentiel de son existence l’œil rivé à sa visée reflex, la visée réelle est une véritable et profonde révolution culturelle. Vous voyez dans le viseur la photographie telle que vous allez la prendre et ça, évidemment, ça change tout. Désormais, l’approche technique de l’image devra tenir compte de ce paramètre. What you see is what you get. Tournez la bague de diaphragme sur l’objectif, vous visualisez la profondeur de champ en temps réel. Votre œil dans le viseur, activez le menu. Choisissez un mode de prise de vue en noir et blanc, vous visualisez la scène en noir et blanc. Ou bien un type de pellicule, pourquoi pas ? La visée réelle est la fonctionnalité que je craignais le plus et c’est en réalité l’argument fondamental de l’appareil photo numérique hybride. Objectivement, une fois qu’on y a goûté, c’est très difficile de revenir à la visée reflex classique.
3- Un silence de cathédrale
Déclencher en silence, tous les photographes en rêvent. En particulier celles et ceux qui évoluent dans le monde feutré des concerts de jazz ou des spectacles de danse, mais pas seulement. Les photographes de mariage apprécient aussi l’ultra discrétion que confère le déclencheur électronique. C’est le premier paramètre que j’ai voulu tester et je confirme. Photographier en silence est un privilège absolu. L’autre aspect positif du déclenchement électronique tient dans la capacité à shooter à des vitesses stratosphériques, 1/32000è de seconde. Oui, vous avez bien lu. À un trente deux millième de seconde, vous pouvez shooter en plein soleil à f/1,4 pour reprendre l’expression de Gérald Géronimi.
4- La qualité des images jpeg
La qualité des images produite Fujifilm XT3 au format jpeg est simplement exceptionnelle. C’est la raison pour laquelle de nombreux photographes travaillent exclusivement dans ce format. Les premiers images que j’ai testées sur l’écran 27 pouces 5K de mon iMac m’ont singulièrement bluffé. J’ai également travaillé en RAW, en assurant l’editing avec Capture One Pro 12. La qualité est au rendez-vous et permet l’édition des paramètres (comme la balance des blancs, les couleurs, la netteté, …). Seul bémol, la dynamique des RAF (le RAW format Fuji) me semble en deça d’un NEF produit par Nikon D500, par exemple.
5- Le poids plume
Fuji X-T3 et son 35mm autour de mon cou ou rien, c’est pareil. Ce boîtier est le parfait exemple de ce que l’hybride va apporter aux photographes, la légèreté, la discrétion, la liberté de mouvement. Depuis de nombreuses années, les photographes ont été habitués à trimballer des tonnes de matériel, en particulier avec les gammes reflex. Si la gamme hybride est synonyme de légèreté, ce n’est pas non plus sans conséquence. La construction est plus légère, donc plus fragile. Quant à l’autonomie, elle ne se discute même pas. Le poids plume est un argument qui se paye cash en contreparties.
6- Le choix des optiques
C’est par l’optique que passe la lumière. Point. Un appareil photo n’existe que s’il est susceptible de proposer un large choix d’optiques. C’est d’ailleurs ce qui plombe un peu les offres de Canon et de Nikon aujourd’hui. C’est aussi pour cette raison que les deux marques se sont empressées d’annoncer leur calendrier respectif de développement d’optiques, sur les deux ans à venir. En attendant, le photographe qui veut s’équiper chez Fujifilm n’a que l’embarras du choix. La gamme Fujinon propose un large éventail d’optiques, couvrant quasiment tous les besoins, tant en focales variables qu’en fixes. Au chapitre des focales fixes, chères au cœur de mes amis Géronimi ou Parque, il convient de citer Fujinon 56mm f/1,2. Cet équivalent 85mm, non content d’être l’outil idéal pour le portrait, dispose d’une ouverture lui permettant une luminosité et un bokeh renversants.
7- Le prix
Avec ce que j’ai économisé quand j’ai switché chez Fujifilm, j’ai payé des vacances à mon fils. Ce n’est pas une boutade. C’est ce que Gérald Géronimi m’a dit, au cours d’une conversation. Soyons clair et mettons carte sur table. Pour le prix d’un reflex pro, au hasard Nikon D850 nu à 3390€ sur Amazon, j’ai quoi chez Fujifilm ? Un Fuji X-T3 à 1459€, un 35mm f/1,4 à 514,95€, un 56mm f/1,2 à 889€. Et il me reste encore 530€ pour financer un autre caillou ou des accessoires. Ne cherchez pas plus loin les motivations qui ont poussé des photographes lourdement équipés en reflex, avec des budgets dépassant allègrement les 10K€, à passer chez Fujifilm…
• En conclusion, que voulez-vous que je vous dise ?
Commencer un test dédié aux hybrides par Fujifilm XT3 était une excellente idée et je le répète, la marque japonaise a placé la barre très haut. Quand on fait un test terrain, il est toujours de bon ton d’appréhender les points négatifs du matériel testé, sinon on vous accuse au pire de complaisance, au mieux de copinage. Dans le cas de Fujifilm XT3, que voulez-vous que je vous dise ? Que c’est un APS-C et que votre bokeh sera moins élégant que sur un plein format ? Que le boîtier est plus fragile qu’un reflex ? Comme me le disait Gérald Géronimi, en cas de casse ou de perte de mon boîtier, le budget est de 1500€. Quant à l’amortissement du matériel, plus l’enveloppe est réduite, plus le matériel est rapidement amorti. La valeur de revente du matériel d’occasion est bien meilleure, proportionnellement sur un hybride que sur un reflex. Le photographe peut donc envisager plus facilement un turnover de son matos. Et je ne vous parle même pas du prix des optiques, qui me fait sourire. Quand je vois le prix d’une optique Fujinon 16mm f/1,4, affiché à moins de 900€ TTC sur Amazon et que je compare ce prix aux tarifs d’un Nikkor 14mm f/2,8 (1540€) voire d’un Canon 14mm f/2,8 (2750€), je comprends parfaitement la motivation d’un photographe ayant choisi Fujifilm, à une époque où le métier de photographe connaît une crise sans précédent.
Fin de l’acte 1, donc. La rencontre avec Fujifilm XT3 aura été pleine d’enseignements, non seulement sur les grandes qualités du matériel Fujifilm mais aussi sur le segment mirrorless des appareils à visée réelle qui vont indubitablement séduire une frange de plus en plus large de photographes. Je suis déjà prêt pour l’acte 2, avec un boîtier plein format cette fois et nons des moindres, Sony Alpha 7 III.
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• Ce test terrain a été réalisé grâce au support de Fujifilm France, merci pour le soutien technique et le prêt du matériel.
• Cet article n’est pas sponsorisé.
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