Selon Wikipédia, la contrefaçon est, je cite, « la reproduction ou l’imitation d’un objet, d’un document (en particulier officiel), d’une œuvre ou d’une marchandise, soit en indiquant ou en laissant présumer que la chose est authentique, soit en violation d’un droit de propriété intellectuelle ou du droit d’auteur ». C’est la première chose à laquelle j’ai pensé en déballant le flash Meike Speedlight MK910. Ils sont forts, ces chinois, ai-je murmuré, en posant ce flash à côté de mon flash Nikon Speedlight SB-910. La copie est parfaite, je dis bien parfaite. Il ne fait aucun doute qu’un flash Nikon a servi de modèle, entièrement désossé, moulé, copié jusque dans la dénomination Speedlight 910. Finalement, en apparence (et en apparence seulement on va le vérifier plus loin), seule la mention de marque, Nikon pour l’un, Meike pour l’autre les différencie. Ainsi que l’origine, made in Japan versus made in China. Honnêtement, on ne peut que saluer la performance du copier-coller ! C’est parfait et ça fait illusion. Illusion certes, mais pour combien de temps. Je n’ai pas tardé à déchanter et pour cela, il m’a suffit de tourner le flash Meike et d’enclencher le bouton on. C’est là que les emmerdements commencent.
• Menu déroulant VS menu déroutant
Ces deux flashs sont quasiment identiques en tous points, en apparence, jusque dans leur poids. Le flash Nikon SB910 pèse 418g quand le flash Meike MK910 pèse lui 408g (les deux pesées étant réalisées à vide, sans les piles). La structure de la lampe est identique, jusque dans les filtres opaques et blancs amovibles. À l’allumage, c’est quasiment le même son de démarrage, sauf que la lampe témoin du flash Nikon est immédiatement active, quand celle du flash Meike met environ cinq secondes à se stabiliser. On va dire que c’est un détail et on va plutôt s’intéresser au paramétrage du flash. Oui parce que, s’il est simple et finalement à la portée du premier venu de pomper un design et de réaliser une copie presque parfaite, comme les faussaires en d’autres temps, il est autrement plus hardu d’en faire autant avec le software. Une pression sur le bouton menu va finir de me convaincre. Sur le flash Nikon SB-910, les menus sont facilement accessibles, lisibles, clairs. Il s’agit d’un menu déroulant d’une grande simplicité d’accès. Il est possible de modifier chaque item du menu par une simple pression sur le bouton OK, puis on sélectionne la commande de son choix.
Sur le flash Meike, pas de menu et on comprend le choix du constructeur chinois. Pour vendre un flash à moins de 80€, soit cinq à sept fois moins cher que l’original, on ne peut pas perdre de temps et encore moins d’argent à investir dans un développement software. Alors ? Sur le flash Meike pas de menus, mais de simples lignes de codes avec des termes en abrégé : beep 1, bLEn 1, FLAH 0, FnOE 0, AFEn 1, etc… Pour connaître la signification des abréviations, merci de vous reporter à la documentation. J’espère que vous êtes parfaitement fluent car la doc livrée avec le flash est en anglais ou en chinois, ce qui, de vous à moi est totalement illégal en France (loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française, plus connue sous le nom de loi Toubon). J’imagine le désarroi d’un photographe cherchant à paramétrer son flash, son reflex dans une main, son manuel en anglais de l’autre…
• Le flash Meike, c’est du Canada Dry de flash Nikon !
Je comprends les gens qui se laissent tenter par ce genre de matériel. Ce flash a exactement le design d’un flash Nikon SB-910, il lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Comme me disait un ami photographe, « Tu colles un bout de gaffer sur le nom de la marque et tout le monde croit que t’as un flash Nikon ! » C’est très amusant. Saut que moi, ce que pensent les gens, je m’en contrefous. Ce que j’attends d’un flash, c’est qu’il réponde présent quand j’ai besoin de lui et qu’il fasse son taff. C’est quand j’ai commencé à creuser que les choses ont vraiment commencé à déconner. Quand j’ai monté le flash Meike sur mon Nikon D4s, j’ai arrêté de sourire. Juste un instant. J’ai réglé la molette en mode program, j’ai allumé le flash Meike, j’ai fait la mise au point et j’ai déclenché. J’ai fait ensuite exactement la même chose avec le flash Nikon et j’ai comparé les deux clichés. Dans les deux cas, le flash a fonctionné et j’ai obtenu une image quasi identique. En clair et objectivement, je ne peux pas dire que je n’ai pas obtenu un image correcte avec la copie chinoise. Seulement voilà. Là où les choses se compliquent c’est quand on va pousser le bouchon un peu plus loin.
J’ai monté mon contrôleur de flash Nikon SU-800 sur mon D500, avec comme ambition affichée de piloter les trois flashs. Un flash Nikon SB-900, un second flash Nikon SB-910 et le flash Meike MK910. Après un (long) moment de tâtonnement pour trouver le réglage adéquat sur le flash Meike, j’ai finalement réussi à faire fonctionner l’ensemble de manière cohérente. En utilisation basique, pas de problème en apparence. En revanche, dès qu’on sollicite les flashs sur des fonctions plus élaborées, les flashs Nikon comprennent parfaitement les instructions alors que le flash Meike reste muet. Par exemple, il est impossible d’envoyer un test d’éclair de contrôle de l’exposition ou d’activation de la lampe pilote.
• En conclusion
Finalement, c’est toujours un peu la même problématique, qui vaut pour tous les matériels périphériques. Alors oui, c’est vrai. Quand un flash Nikon SB-910 coûte 588€ (son prix officiel d’introduction), sa copie chinoise Meike en vaut sept fois moins (79,99€ sur Amazon). Est-ce que la copie fonctionne aussi bien que l’original ? J’ai envie de vous faire une réponse de normand, oui et non. Oui, si vous utilisez ce flash de manière basique ou occasionnelle. Mais dès que vous allez vouloir pousser un peu le bouchon, mettre en place des structures de flashs asservis, vous allez devoir vous armer de patience, en particulier quand vous allez devoir plonger dans le paramétrage complexe du flash. Autant chez Nikon vous allez accéder aux infos de manière fluide et claire, autant sur la copie chinoise vous allez devoir traduire les lignes de commande, le manuel (en anglais ou en chinois) à la main. En utilisation professionnelle, je vous déconseille fortement d’opter pour un matériel dont l’apparence, disons-le clairement, s’apparente à une contrefaçon pure et simple du produit original estampillé Nikon. Sans même évoquer le fait que c’est le genre de matos qui peut vous lâcher à tout moment ou pire dont la lampe peut cramer et endommager le reflex sur lequel il est monté. Et là, à défaut d’être ébloui par le flash, vous n’aurez que vos yeux pour pleurer…
• le flash Nikon Speedlight SB-910 a été remplacé par le nouveau modèle radiocommandé Nikon SB-5000
Nono dit
il faudrait peut être que Nikon pratique des prix un peu moins délirants sur les access ! Le nouveau flash à 550 balles, un grip pour D850 à 450 balles, une batterie pour D5 à 250 balles, un chargeur de batterie à 300 balles, … après on s’étonne que les mecs achète du chinois !
Bain de Lumière dit
hello, j’aurai aimé que tu fasse le test de ce flash en mode maitre ou controleur. Car c’est une alternative au su 800 qui peut être assez cher .
Pour info, j’ai eu l’occasion de tester le meike 910 en reportage donc shoot en rafale avec une batterie externe turbo quantum pour suivre le 7 images secondes . Normalement lorsque l’on shoote comme ça, les piles servent juste pour l’alimentation de l’écran et des menus du flash, pour ce qui est des éclairs l’énergie est prise sur la batterie. Et la, déception, le flash ne suit pas la rafale car il tire son énergie sur les piles au lieu de tirer sur le batterie, en moins de 2 les piles étaient vides.
Hervé LE GALL dit
@bain de lumière j’ai également testé le flash Meike piloté par un SB910 en mode contrôleur, pas de souci, ça répond. Je n’en n’ai pas parlé parce que j’avais testé avec SU-800, ça me semblait couler de source. Cela dit, je n’ai pas testé l’inverse, le flash chinois en mode maître pilotant le SB910 mais a priori ça devrait fonctionner sans trop de galères. L’anecdote du mode rafale ne m’étonne pas plus que ça ! C’est encore une limite de ce genre de matos cheap qui ne tient pas trop la route quand on le sollicite de manière plus poussée !