J’ai une tendresse particulière pour Lomography, une tendresse qui ne date pas d’hier. Pour un photographe, aimer Lomography c’est comme aimer Leica. Ces marques sont plus que des marques. Il s’agit de légendes, de traces durables dans l’histoire de la photographie. Aussi loin qu’il m’en souvienne, j’ai des souvenirs communs avec la marque Lomo, l’appareil photo populaire des pays de l’est. Ah ! Lomo, camarade soviet ! Inusable et moins incassable qu’un mur de Berlin, aux résultats aussi aléatoires que son numéro de série. Faire des photos avec un Lomo, c’était pas comme faire des photos avec un reflex Canon ou Nikon, ça non. Il y avait cette part d’inconnu plus ou moins liée à la qualité de fabrication de l’appareil et c’était aussi un paramètre à intégrer pendant la prise de vue. Faire des photos avec Lomo tenait de l’aventure en terre inconnue. Et puis j’ai grandi et j’ai vite abandonné l’idée de laisser à l’appareil photo la moindre parcelle de décision. À l’époque, j’ai appris avec Canon à quel point la qualité d’une optique était importante, primordiale même. De ma période Canon, qui aura duré près de trente ans, j’aurai beaucoup appris et au moins retenu cet adage. C’est par l’optique que passe la lumière. N’empêche. J’ai gardé pour Lomography une immense affection, souvenir de mes amours adolescentes. J’ai souri lorsque j’ai vu la marque renaître tel un phénix, sous la houlette d’une bande d’allumés, des fadas de l’image, biberonnés au grain d’argent. On doit beaucoup à Lomography, hier comme aujourd’hui. Leur dernier exploit en date m’a simplement sidéré. Avec Daguerreotype Achromat 2,9 – 64 Lomography fait le pari de réinventer le passé. Et vous savez quoi ? C’est un pari gagnant.
Lomography Daguerreotype Achromat.
• Du crowdfunding pour relancer une antiquité ?
Dès que j’ai vu la campagne de crowdfunding sur Kickstarter, j’ai immédiatement su que Lomography tenait là une idée de génie ! Je ne me suis pas trompé, sauf que j’étais loin de la vérité. Cette campagne n’était pas un petit coup marketing dont Lomography a le secret, non. Cette fois, ça allait beaucoup plus loin. Avec cette optique Achromat, Lomography fait une proposition aussi subtile qu’élégante et s’adresse à tous les photographes à la recherche non pas d’images, mais de l’image. Car avec ce caillou, aussi beau que performant, on va pouvoir ramener des images qu’on croyait oubliées. Un caillou qui va être disponible pour le reflex numérique, en montures Canon ou Nikon. Oui, résolument, Lomography nous faisait là une proposition bien excitante. La seule inconnue était de savoir si le public allait suivre. Il a suivi. Et c’est un euphémisme.
• Achromat, renaissance d’un mythe.
La proposition ? Faire revivre une optique et pas n’importe quelle optique ! La première optique photographique au monde, Daguerreotype Achromat elle-même, cuvée 1839, adaptée aux appareils photo d’aujourd’hui. Et là vous me dites ? Monter une optique vintage sur mon EOS 5D Mark III ou sur mon Nikon D750, vous n’y pensez pas ! Eh bien si, justement, et c’est exactement l’idée de génie de Lomography. Une image pure, des effets de flous d’arrière-plan et de bokehs absolument renversants et au final une douceur et un velouté d’image définitivement savoureux. Sans compter la dégaine absolument inimitable de l’objectif, disponible en noir ou en finition laiton. La possibilité d’intercaler des filtres dans l’optique va permettre de créer des effets visuels et de décupler les possibilités créatives. Donc, si je résume. Un objectif légendaire, une dégaine unique, en finition noir ou laiton, fait main, conçu en monture Canon ou Nikon, adaptable sur Fuji, Sony, Leica, … (via une bague optionnelle), capable de produire des images de qualité en décuplant les capacités créatives ? Le projet Achromat a littéralement explosé les compteurs. En moins de temps qu’il n’aura fallu pour le dire, le projet Lomography Achromat a dépassé les 500.000 dollars avec plus de 1200 contributeurs, pulvérisant le prévisionnel initialement fixé à 100.000 dollars ! Comment dit-on déjà ? Ah oui c’est ça ! Un carton ! Et il reste encore trente jours au projet et des propositions d’objectifs disponibles ! Dingue.
Achromat monté sur Canon EOS 5D Mark III. Crédit photo : Irina Mattioli.
• Achromat. Pure photography.
C’est finalement assez rassurant de voir que des gens comme Lomography existent encore, que l’imagination est encore possible dans un monde photographique où on pensait, à tort, que le numérique était en train de tout aseptiser. Avec Achromat, Lomography ouvre encore de nouvelles perspectives. Voilà une pure optique qui va produire des images hors normes, tant en photo qu’en vidéo. Des images nées par la grâce de Charles Chevalier et Louis-Jacques Mandé Daguerre, il y a près de deux siècles et adaptées au monde de la photographie numérique grâce à Lomography. L’optique Achromat sera disponible en boutique à la fin de l’année. Il me tarde déjà de la voir en vrai, de la toucher et de la monter sur mon Nikon D4s. Rendez-vous au prochain Salon de la Photo en novembre à Paris ?
