Nikon D5. Repousser les limites. Améliorer la perfection.
Il a suffi d’un communiqué pour allumer la mèche. Un simple communiqué d’intention de Nikon corp. évoquant le développement en cours d’un nouveau reflex haut de gamme logiquement désigné sous le nom de Nikon D5. Contrairement à ce que j’ai j’ai pu lire ici et là, ce n’est pas la première fois qu’un constructeur annonce un matériel en cours de développement. Franchement, qui peut raisonnablement s’étonner du développement d’un nouveau reflex haut de gamme Nikon D5 ? Le jour où Nikon corp. lançait D4s, il y a deux ans, les ingénieurs nippons étaient déjà en train de plancher sur la génération suivante. Pour connaître les sorties, sans être dans le secret des dieux, c’est très simple. Il suffit de regarder le calendrier. Le timing est toujours plus ou moins respecté. Nikon D3 en mid 2007, D3s fin 2009, D4 en janvier 2012 et D4s en février 2014. Une annonce de Nikon D5 en 2016 n’est donc pas franchement suprenante. Ce qui l’est nettement plus, en revanche, c’est l’excitation qui semble entourer cette sortie, un phénomène que je m’explique difficilement, d’autant qu’il s’accompagne d’une hypothétique liste de specs qui n’est qu’un simple copier-coller de ce qu’on a pu lire depuis des mois sur certains sites spécialisés dans les rumeurs, dès la fin du mois de juin. Je sais rien mais je dirai tout semble donc être le mot d’ordre. En revanche, chez les utilisateurs professionnels de l’actuel D4s, l’émotion est nettement moins palpable, pour plein de raisons. Je peux vous en parler. Nikon D4s, je l’utilise tous les jours.
• De Nikon D3 à Nikon D5. Une décennie d’avancées.
Petit flashback. Lorsque Nikon a sorti D3, il y eut un réel bond en avant au niveau technologique par rapport à la génération précédente (Nikon D2), un fossé disent les spécialistes et pas seulement parce que D3 était un boîtier fullframe, 24 x 36 plein format. L’avancée fut encore au moins aussi notoire avec l’introduction de D3s, fin 2009. C’est de cette époque que date ma première rencontre avec Nikon, mon premier choc aussi. Nikon D3s, un reflex hors-norme, explosant les limites et pas seulement celle de la sensibilité mais en proposant un autofocus capable d’accrocher un point de netteté dans des conditions de lumières quasi nulles. Je me souviendrai longtemps de la découverte du cliché de l’ours au clair de lune shooté par Vincent Munier. Et puis il y a eu D4, lancé début 2012, après le tsunami qui avait endeuillé le Japon. Une façon typiquement nippone d’affirmer sa vitalité malgré l’adversité, un signe fort envoyé à la clientèle professionnelle. Le lancement de D4 était-il une erreur ? Ce boîtier présentait-il des imperfections ? Les avis sont partagés. Certains utilisateurs ne tarissent pas d’éloges à propos de D4, d’autres sont plus nuancés. Moi-même en avril 2012 j’écrivais ici « Nikon D4 est le meilleur reflex du marché. » Deux ans plus tard Nikon corp. repousse encore les limites et propose D4s. Dire de ce reflex qu’il est l’aboutissement d’une certaine perfection n’est pas un vain compliment. Il l’est. D’ailleurs, je ne connais pas un seul photographe propriétaire de ce boîtier qui ait quoi que ce soit à y redire. En matière d’image, Nikon D4s sait transcender la réalité pour peu qu’on lui associe une optique de qualité. Pour les utilisateurs d’un boîtier comme D4s, l’annonce d’un nouveau navire amiral comme Nikon D5 passerait presque inaperçue. Alors ? Améliorer la perfection, est-ce possible ? Je connais trop bien la marque jaune pour immédiatement vous apporter la réponse. Bien sûr que oui.
• Comment Nikon D5 peut-il marquer les esprits ?
Il paraît que le mieux est l’ennemi du bien, c’est sûrement vrai et il convient, à un moment, de se contenter de ce qu’on a. N’empêche, il n’est pas interdit de rêver. Par exemple, on sait qu’on ira toujours plus loin en matière de sensibilité. Nikon D3s avait franchi, en son temps, la barre symbolique des 100Kiso, Nikon D4s celle des 400Kiso, il est facile d’imaginer que Nikon D5 va encore repousser cette limite, peut-être même la pulvériser, tout en étant capable de produire une image propre à un très haut niveau d’iso. Alors ? Nikon D5 embarquant une sensibilité dépassant un million d’iso ? Un reflex nyctalope, encore capable de voir là où l’œil humain ne voit plus rien, ça ouvre des perspectives et ça repousse encore la limite à laquelle le photographe obtient une image propre. Au delà du million d’iso, c’est le genre d’argument massue qui est capable de marquer les esprits et de faire vibrer les photographes, tous les photographes, même ceux équipés de Nikon D4s, suivez mon regard. Le second volet, c’est l’amélioration de l’autofocus, avec l’introduction éventuelle d’un nouveau module, d’une couverture plus large en matière de collimateurs et peut-être d’un processeur nouvelle génération (Expeed 5 ?). Un processeur plus puissant permettrait d’étaler un rythme plus soutenu en matière de prise de vue en rafale avec un buffer encore plus large, capable d’engranger une masse de fichiers RAW plus importante. Du côté de la définition capteur, je pense que la course aux pixels n’est plus vraiment d’actualité sur un boîtier de ce calibre. Je pense depuis longtemps que 16mp est une taille idéale en matière de capteur, je n’imagine pas Nikon allant très au-delà de cette limite, mais je peux me tromper. Reste l’autre versant désormais incontournable de tout reflex numérique qui se respecte, le chapitre de la vidéo. Il ne fait guère de doute que Nikon D5 embarquera la vidéo 4K, un standard désormais incontournable. En revanche, je suis curieux de voir le type de cartes qui sera embarqué sur Nikon D5. Un duo de cartes XQD, un combo XQD et CF comme aujourd’hui ou l’abandon des deux pour un autre format ? Si ce dernier cas était avéré, ça ne manquerait pas de faire jaser dans les chaumières. Du côté de l’autonomie, même si celle-ci est importante sur D4s, elle est en retrait par rapport à ce qu’on avait sur D3s, il serait appréciable d’améliorer et d’optimiser ce point sur Nikon D5.
• Nikon D5. Quand ? Combien ?
La marque jaune levant le voile en novembre sur Nikon D5, on peut raisonnablement penser qu’une annonce produit pourrait intervenir sur le premier trimestre de l’année 2016. Une stratégie de l’attente assez classique qui a pour effet de retenir des brebis qui pourraient être tentées de s’égarer, même si ce moment d’égarement ne concerne pas vraiment les photographes déjà équipés de Nikon D4s. Avec un niveau de satisfaction élevé, il y a moins d’urgence à s’enquérir d’un nouveau matos. Cela dit, on peut faire confiance à Nikon et à sa capacité à donner envie, en introduisant des arguments susceptibles de marquer les esprit. Pulvériser la limite des hautes sensibilités en franchissant allègrement la barre symbolique du million d’iso ça en fait partie, d’autant qu’on imagine tout le profit qu’on peut en tirer, à tout point de vue. Je fais partie des heureux possesseurs de D4s mais je guetterai avec attention les annonces produits. Quant au prix, il devrait tourner sans surprise dans la fourchette habituelle pour ce type de calibre. Pour gagner le million il faudra d’abord débourser autour de 6000€ TTC.