Second volet du dossier photographie instantanée de type Polaroid, après avoir exploré le très fun Lomo Instant et ses possibilités créatives quasi infinies, j’ai eu envie de faire un bon en arrière, revenir dans les années soixante-dix pour explorer d’autres voies. J’ai toujours été fasciné par les techniques développées par Polaroid mais aussi par la capacité de cette entreprise à développer son concept tous azimuts, en déclinant son offre sur une gamme d’appareils très vaste. Avec le recul, on peut juste regretter que Polaroid n’ait pas pressenti que la vague numérique du début des années 2000 allait littéralement la submerger et l’engloutir, mais ça, c’est une autre histoire. Parmi les modèles qui me faisaient rêver, lorsque j’étais ado, si l’un d’entre eux tenait le haut du pavé, loin devant, c’était bien Polaroid SX-70 ! Mazette, quelle dégaine… Un appareil tout plat qui cache des trésors d’ingéniosité, oui, Polaroid SX70 était un appareil fascinant, avec sa visée reflex et son design résolument moderne. D’ailleurs le désign de SX70 n’a pas pris une ride et demeure l’une des formes immédiatement identifiables. Quand on voit un SX70, on soupire en disant : « Ah ! C’est un Polaroid. » Las, aujourd’hui, Polaroid a cessé la commercialisation, depuis un bail, de ce merveilleux boîtier et des pellicules qui vont avec. On pensait le SX70 bon pour la casse ou le musée, jusqu’au jour où un groupe d’allumés s’est décidé à reprendre quelques machines, dans une ancienne usine Polaroid en Hollande, de réinventer le procédé, de créer des émulsions, de repartir à l’aventure. Leur nom sonnait autant la provoc que l’ironie. Ils baptisèrent leur bébé Impossible project.
Impossible project, quand le meilleur côtoie le pire.
• Premiers contacts avec mon Polaroid SX70
Vous imaginez bien qu’avant toute chose, j’avais besoin de trouver quelques appuis. Et quel meilleur endroit que l’excellent forum Polaroid Passion, véritable puit de science de l’histoire Polaroid et repère de quelques sérieux passionnés de la technique argentique en général et Polaroid en particulier, pour dénicher les bonnes informations ! Je savais aussi que je pouvais compter sur Jimmy Bonnal, photographe professionnel installé dans le Morbihan, toujours prêt à me lancer une bouée lorsque je me mettrais à couler. Car Polaroid est beaucoup moins simple qu’il n’y paraît, moins intuitif que pourraient ne le laisser supposer les apparences. Jimmy Bonnal m’avait mis en garde, à propos de l’apparente facilité du SX70. Bon, entre nous, il fallait déjà trouver comment l’ouvrir, ce satané bazar tout plat. L’exemplaire que j’avais acquis pour le test m’avait été vendu par un membre de Polaroid Passion. Il était présenté comme étant en état excellent et il l’était, naturellement et sans doute même un peu plus. Le soufflet, en particulier, le talon d’Achille de ce type de Polaroid, était en état proche du neuf. Une fois déployé, il faut admettre que Polaroid SX-70 a une classe folle ! Visée reflex, mise au point manuelle, même si les modèles suivants furent dotés d’un autofocus assez bluffant. Pour en revenir aux possibles difficultés, Jimmy m’avait brieffé : « Il faut être bien conscient que SX70 peut se comporter de manière singulière, erratique, particulièrement avec la pellicule Impossible project ! » J’avais donc acheté des pellicules Impossible project black and white, la première étant destinée, sur le conseil de Jimmy, à tester mon SX70. « Il n’est pas rare qu’on soit très déçu, lors des premiers jets. Sur 8 poses, tu peux en avoir une ou deux de bonnes, surtout au début ! » À 20€ la boîte de 8, j’étais prévenu. Je pensais que j’allais faire mentir les statistiques, Impossible project m’a ramené dans les cordes, vite fait.
• Premiers clichés, mission Impossible
Premier point, tester l’appareil sur trois poses successives, histoire de voir comment il se comporte en matière de lumière. Ça, c’était le conseil initial de Jimmy. Prise de vue en extérieur, de préférence avec une bonne lumière et en évitant le contrejour. J’avais l’impression d’être revenu à l’âge de mes douze ans et de mes premiers cours de photo à la MJC du coin. Trois vues, en jouant avec la molette de luminosité. Prise une, je déclenche, il ne se passe rien. Je tourne l’appareil vers moi, clac ! Déclenchement. Je viens de faire mon premier selfie Polaroid de manière très involontaire. Prise deux, autre réglage, même motif, même punition. Finalement, à tâtons, je réussis à trouver le bon réglage, la bonne luminosité, le cliché sort du SX70 avec ce bruit si caractéristique qui me ramène bien des années en arrière, quand ma maman m’avait fait comprendre qu’entre un Polaroid et un reflex, il fallait choisir. J’avais choisi le reflex. J’allais enfin pouvoir juger de la qualité des efforts réalisés par l’équipe Impossible project sur cette nouvelle génération de films (gen 2). Comparée à la génération 1, que j’avais également testée (le SX70 m’avait été livré avec un film de ce type), Impossible project a réalisé de notables progrès en matière de qualité d’image, en particulier dans la qualité des contrastes noir et blanc. Là où le bât blesse, c’est qu’avec Impossible project faire des photos réussies tient autant de l’expertise que du parcours du combattant ! Quand on est habitué, comme je le suis, à utiliser des outils numériques de gros calibre comme Nikon D4s, il faut avoir un singulier sens de l’humour pour s’essayer à ce retour dans le passé. En même temps, je suis sûr que c’est ce qui pousse de nombreux photographes, tant professionnels qu’amateurs à revenir vers les techniques argentiques. Une soif d’aventure, le côté incertain voire impossible de Polaroid, contraste singulièrement avec l’exactitude radicale de l’acquisition numérique.
• Polaroid, impossible mais magique !
Mes premières tentatives avec SX70 et Polaroid m’ont bien séché ! Sur huit poses de la première pelloche, j’ai fait une bonne image, une image acceptable et un selfie aussi involontaire que raté. Les autres ? Rien. Du vide, pas d’image, le néant. Est-ce pour autant que je déconseillerais de tenter l’aventure ? Bien sûr que non, bien au contraire. Le film Impossible project porte bien son nom. Il ne faut avoir peur de rien, avoir envie d’aventure, d’inexactitude, d’improbable et avec Impossible project c’est exactement ça. Aucune promesse, rien n’est acquis et côté incertitudes on est servi ! En revanche, le bon conseil, avant de vous lancer, c’est de prendre un maximum d’infos. Pour cela il existe un forum de référence, Polaroid Passion. Vous pouvez aussi suivre une journée de formation avec Jimmy Bonnal, photographe professionnel qui vous enseignera les bases, les fondamentaux et les techniques de la photographie instantanée Polaroid. Et qui vous transmettra aussi, ce souffle de magie qui rend Polaroid tellement attachant.
• voir le site de référence Polaroid Passion.
• Ce Polaroid SX70 est disponible à la vente, il est livré avec une housse en cuir Polaroid et un film Impossible Project B&W génération 2. Intéressé ? Contactez-moi en utilisant le formulaire en ligne.
• prochain épisode : Polaroid 250 et Fujifilm FB-3000B.
Jimmy dit
Merci pour ce retour d’experience et les liens 😉
Cocagne dit
J’ai rentre un truc comme ça pour l’instant je suis à la chasse d’une pile adaptable je crois que c’est comme le tien ou plutôt d’une série plus ou moins 100 . Un autre qui traînait dans un placard du coup prend l’air. À suivre comme tu dis c’est un peu du funambulisme.