Nikon D810. Et après ?
Tout ça pour ça. Une révision mineure, un acte manqué. Pire encore, je commence à me demander si la firme Nikon a encore la capacité à me faire rêver. Vous l’avez compris, ce matin, je ne suis pas d’humeur. Pas seulement parce que le ciel gris a recouvert Brest, non. J’ai reçu le communiqué de presse, dès potron minet, à six heures du mat’ (comme tout le monde) et la lecture de la liste des specs de ce nouveau reflex estampillé marque jaune n’a pas contribué à me donner le sourire ou à rendre le ciel brestois plus bleu, bien au contraire. Finalement, la morale de cette histoire, c’est qu’il ne faut rien attendre des constructeurs, parce qu’on est toujours déçu. En photographie comme ailleurs, il faut être pragmatique, faire avec ce qu’on a, surtout quand on est content de ce qu’on a. Il faut éviter de regarder dans le pré d’en face où , l’histoire est connue, l’herbe est toujours plus verte. N’empêche. J’attendais un reflex majeur et Nikon D810 n’est qu’une évolution mineure. Sur ce coup-là, je le dis clairement, Nikon me déçoit. À leur décharge, était-il raisonnable de penser autrement ?
Adieu veau, vaches, cochons, couvée, vidéo en 4K et mode RAW-S révolutionnaire. Que dalle, nibbe, niante. Pour la vidéo, Nikon annonce pompeusement du full HD à 60vps que n’importe quel bridge, compact ou hybride nous crache depuis des lustres. On passe. Pour la montée en iso, est-il vraiment utile d’en parler ? Une montée à 50Kiso, quand D4s est capable d’aller à huit paliers au dessus, no comment. Le mode rafale à 7vps ? On se croirait au supermarché, quand on nous annonce des prix « à partir de ». Non, en réalité, c’est 5vps en mode FX, alors on oublie aussi. Merde, je fais le tour des specs et je me demande à quel moment Nikon va me faire rêver, va me prendre par les tripes, va faire que mon regard s’allume, comme il s’était allumé avec l’annonce du D3s. Rien, il ne se passe rien. Nikon D810 demeure une resucée de ce reflex doté de ce capteur démesuré qui produit des images de taille déraisonnable. Mais le pire est à venir, dès lors qu’on parle du RAW-S.
Ah ! Quelle riche idée , quel beau concept que le RAW-S. La capacité offerte à un photographe de choisir la taille de son fichier RAW sans transiger du tout sur la qualité. Nikon a finalement accepté l’idée d’introduire cette fonctionnalité sur D4s, mais diviser un capteur de 16mp par 4 ça tient de la bonne blague. On s’est pris à rêver que la marque irait plus loin, proposerait un RAW medium à 50% de déf et un RAW Small à 25%. Un capteur qu’on puisse faire évoluer de 36 à 18mp, voire à 9mp, ça c’était couillu. Mais là, no offense mais non. Choisir entre une définition de malade à 36mp ou revenir dix ans en arrière à 9mp, non merci. Seule alternative, passer en mode DX pour bosser en équivalent 18mp. Pardonnez-moi, mais mettre 3200 euro pour bosser avec un reflex DX, ça fait cher le crop.
J’ai eu beau chercher dans la liste des specs, je n’ai pas trouvé le petit truc qui aurait pu enthousiasmer mon iris. Finalement, les propriétaires de D800 n’auront pas à se morfondre de l’absence du RAW-S sur leur boîtier, puisqu’il ne fait pratiquement aucun doute qu’aucune mise à jour firmware ne viendra un jour autoriser ce mode sur la première mouture de D800. Ce D810 n’est rien d’autre qu’un D800E un poil optimisé, étant désormais acquis qu’on se passe du filtre passe-bas. On ne vous offrira pas non plus Capture NX2 qui a été déclaré discontinued entre temps. Quant à moi, je vais continuer mon chemin avec mon D3s. Quant à tester D810, ne comptez pas sur moi. Ce reflex ne m’inspire pas plus que son prédécesseur, avec son capteur lourdaud il est tout ce que je n’aime pas. En attendant, dans le pré d’en face, la vie continue d’être un long fleuve tranquille et l’herbe est toujours aussi verte. Il serait temps que Nikon comprenne que l’offre de son concurrent historique est nettement plus réaliste et qu’à force d’aller dans le sens contraire du vent, on finit par se faire distancer. Parole de brestois.
[Edit] Je ne regrette jamais ce que j’ai écrit. C’est le reflet d’un ressenti, à un moment donné. Je n’ai pas à me justifier, encore moins à assurer le service après-vente de mes articles. En revanche, chacun a le doit à l’erreur et là c’en est une. Avant que Nikon D810 ne soit annoncé, je me suis focalisé sur une fonctionnalité, les sous-définitions. J’avais fait ce rêve de pouvoir disposer d’un RAW à géométrie variable. Ça n’a pas été le cas et ça m’a mis salement de mauvaise humeur. À un point tel que je n’ai pas pris le temps de me poser, d’observer les spécifications de ce reflex. C’était une erreur tout à fait dommageable car, avec ce reflex, Nikon introduit des fonctionnalités qui vont faire de D810 l’un des boîtiers les plus intéressants jamais sortis par la marque : un autofocus groupé (hérité du haut de gamme Nikon D4s) et surtout un nouveau mode de mesure hautes lumières. Je vous invite à lire, si ce n’est déjà fait, l’article que j’ai consacré à Nikon D810 en le comparant à EOS 5D Mark III.
• lire l’article comparatif EOS 5D Mark III vs Nikon D810
• Nikon D810. Disponible à la vente dès le 17 juillet au prix indicatif de 3199€TTC.
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