Les annonces-produits estampillées Nikon France ne sont jamais anecdotiques. La première concerne un reflex d’entrée de gamme, Nikon D5300. La seconde, une optique Nikkor haut de gamme, un 58mm f/1,4. Et pour tout vous dire, ces deux annonces m’ont interpellé. Parlons d’abord de Nikon D5300, le nouveau reflex pour tous proposé par Nikon. À la lecture de la fiche technique, j’ai vu ceci : « Optimisé pour la créativité, le Nikon D5300 est un reflex numérique conçu pour vous permettre de faire des photos et des vidéos spectaculaires grâce à sa sensibilité de 12 800 ISO et un capteur CMOS sans filtre passe-bas de 24,2 millions de pixels. » Un capteur sans filtre passe-bas. On se souvient que le premier reflex à avoir bénéficié de cette fonctionnalité d’absence de filtre passe-bas était Nikon D800E, puis un reflex grand public, Nikon D7100 a également profité de ce choix technologique. Comment une fonctionnalité d’un boîtier pro peut-elle profiter à un reflex grand public ? Pour répondre à mes questions, j’avais besoin d’un pro et d’un expert Nikon. Je me suis donc naturellement tourné vers Ludovic DRÉAN du service Nikon Pro. Voici donc une interview expresse, réalisée ce matin même.
Hervé LE GALL : « Nikon annonce un D5300, un reflex grand public sans filtre passe-bas ? C’est une spécificité qui avait été initiée sur un boîtier pro, Nikon D800E… »
Ludovic DRÉAN : « Exact. Pour reprendre l’histoire récente des capteurs sans filtre passe-bas, nous avons commencé avec précaution, avec le D800E, frère jumeau hétérozygote du D800. Nikon D800 comporte un filtre passe-bas, alors que le D800E n’en n’est pas doté, c’est la seule et unique différence. Nous avons lancé ces deux versions du même boîtier, en informant nos utilisateurs qu’il fallait faire attention aux potentiels effets collatéraux d’un D800E sur le rendu des motifs qui provoquent du moiré. »
HG :« OK. Et en fait il s’est avéré que sans filtre passe-bas, pas plus de moiré finalement ? »
LD : « Peu après le lancement, les premiers essais d’experts du moiré en photo (musées, services repro, experts textiles…) nous ont démontré que le D800E n’apportait pas plus de moiré que le D800, il apportait juste plus de résolution. En effet, l’avantage majeur du filtre passe-bas est de « moyenner » ou lisser les micro détails images pour qu’une seule information délivrée par l’optique tombe sur chaque photosite du capteur, histoire de ne pas perturber le traitement d’image. Ainsi, le pouvoir séparateur des optiques Nikkor apportait une telle quantité de détails sur les capteurs à plus faible résolution (jusqu’à 16 Mpixels en DX et 32 Mpixels en FX, en gros) qu’un filtre passe-bas était nécessaire pour avoir de belles images. Aujourd’hui, la quantité d’infos délivrée par ces mêmes optiques convient aux capteurs actuels 24 MP en DX et 36 MP en FX. »
HG : « L’absence de filtre passe-bas améliorerait donc sensiblement la qualité de l’image ? »
LD : « Pour le D800E, l’essai s’est effectivement transformé en succès, il est juste indiscutablement plus piqué que le D800. Attention, on parle d’une différence de 5 à 10% tout au plus. Nous avons donc décidé de suivre cette voie pour les reflex à capteurs très haute définition actuels. Voilà donc le pourquoi de Nikon D5300 sans filtre passe-bas. »
Voilà qui a le mérite d’être parfaitement clair. Ce qui, initialement, devait être une fonctionnalité d’exception sur un reflex, Nikon D800E, qui ne l’était pas moins, s’est avéré particulièrement utile en matière de piqué et de résolution. L’absence de filtre passe-bas sur D7100 et aujourd’hui sur D5300 est une tendance technologique qui est donc appelée à se développer.
• merci à Ludovic DRÉAN pour la lumière sur ce sujet très technique.
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