Et de dix. Pour moi, c’est ma dixième édition. Dix ans de Vieilles Charrues, putain ! Dix ans. Comme toujours, la programmation va enthousiasmer une partie du public et en décevoir une autre, mais finalement Kerampuilh sera ras la couenne pendant quatre jours pour une raison toute simple. Un ticket d’entrée à quarante euro et des brouettes pour voir le même jour – allez ! Le samedi, au hasard ! – Neil Young, Asaf Avidan, Biolay, Oxmo Puccino, Interzone, pour ne citer qu’eux, aller manger une crêpe et boire un Breizh Cola, danser la gavotte, draguer les copines au bar numéro 5, tout cela dans une ambiance absolument, définitivement inimitable, moi je vous le dis comme je le pense, allez chercher ça dans le civil. C’est simple, ça n’existe pas. L’annonce de la programmation des Vieilles Charrues, pour moi, c’est beau comme les primevères dans les ribinoù, les jonquilles dans mon jardin. C’est un signe qui ne trompe pas, qui dit qu’on va vers les beaux jours; cette programmation, c’est mon marronnier de printemps. Je sais que dans trois mois, on va tous se retrouver pour s’adjuger et partager ensemble le plus beau festival d’Europe. Alors bien sûr, vous trouverez toujours un pisse-vinaigre qui viendra pleurer parce qu’on n’a pas pensé à programmer AC/DC ou Daft Punk. Celui-là ne voit pas plus loin que le bout de son nez, ignorant au passage qu’aux Charrues on voit généralement tout ce qui doit être vu dans le cru de l’année.
Au millésime 2013, en vrac et sans présager un instant de la qualité d’untel ou d’un autre (et je m’excuse par avance pour ceux que je vais oublier), on pourra écouter Lescop, Doillon, Mesparrow, the Vaccines, Lillywood & the Prick, la Femme, Marie Pierre Arthur. Et Benjamin Biolay. Et puis on remettra le couvert avec quelques artistes qui ont marqué de leur empreinte leur passage aux Charrues, je pense à Raphaël, à Asaf Avidan, Oxmo Puccino, aux Naïve New beaters (qui vont mettre le feu à Graal, garantie sur facture, d’ailleurs ils ont commencé dès ce matin à la conf de presse), à Keny Arkana, à Two door cinema club, Interzone, Phoenix, sans oublier The Hives ou la délicieuse Rokia Traoré. Last, but not least, dans la catégorie king size, Neil Young et le Crazy Horse (non, non, pas les filles du cabaret du même nom, désolé), Sir Elton John et son orchestre, Carlos Santana (qui ne viendra pas accompagné de Maria Caracolès et vous m’en voyez navré) et pour les ménagères de plus de cinquante ans notre cher Marc Lavoine national et ses yeux revolver. Bien sûr on aura un set de -M- qui fait un peu partie de la famille, d’ailleurs que seraient les Vieilles Charrues sans Mathieu « mo-mo-mo-Jo » Chédid je vous l’demande ? Et le jeudi, on aura le bon goût teuton, façon hardcore, avec Rammstein zwei, drei et son plan de feux titanesque, à ce qu’on dit. Si ça ne vous plaît pas, vous pourrez toujours y griller vos saucisses, de Frankfort natürlich. Et j’en oublie. À commencer par l’inénarrable Charles Bradley, prince héritier de la soul, qui a pris la place laissée vacante depuis la disparition du parrain, James Brown. Si vous cherchez bien, vous dénicherez aussi de véritables pépites comme Teyssot-Gay (Interzone) qui viendra accompagné de Médéric Collignon qui navigue plutôt habituellement dans la scène jazz, comme Jacky Molard featuring la talentueuse Hélène Labarière. Dans le registre Breizh for ever, les amateurs vont savourer la reformation du mythique Barzaz (Yann-Fañch Kemener, Jean-Michel Veillon, …). J’ai gardé pour la fin, si j’ose dire, les cogneurs de fonds de court, les Vitalic, Kalkbrenner, Busy P et consorts qui, à n’en pas douter, tiendront en haleine, via leur beat monumental, les plus irréductibles gaulois de la plaine, puisqu’il ne vous aura pas échappé que le thème 2013 c’est les gaulois, par Bélénos.
Dix ans. Cette année, pour moi, le grand moment sera le concert de Neil Young. Parce que cet immense artiste, songwriter de référence dans le monde de la musique contemporaine, a jalonné avec ses potes Crosby, Stills et Nash une bonne partie de ma vie musicale. Et aussi parce faire venir cet artiste aux Charrues c’était le rêve de notre ami Jean-Philippe Quignon. Aux premiers accords de Hey, hey, my, my, de Out of the weekend ou de Harvest, je ne doute pas que les pensées de tous ses amis s’envoleront vers lui et qu’il sera à nos côtés pour savourer ce qui s’annonce déjà comme un moment d’anthologie. Dans trois mois on y sera. La billeterie est ouverte et il ne fait aucun doute que les forfaits trois ou quatre jours vont partir très vite, alors un conseil, n’attendez pas. Quant aux afficionados, ils comptent les jours qui nous séparent des retrouvailles.
• photo : Naïve new beaters pendant la conférence de presse des Vieilles Charrues 2013 (crédit photo Hervé LE GALL)
gaelledescaer dit
Et comme chaque année depuis 4 ans, le matin du premier jour, je me dirais « C’est ma dernière année, je suis trop vieille pour ça, c’est trop fatigant quand il faut retourner travailler le mardi… » Avant d’attendre, comme une gamine devant le sapin de noël, l’annonce des premiers noms…
(PS : dix éditions, ça se fête !)