Aujourd’hui dimanche 10 février 2013 est un jour important pour moi. Comme chaque année depuis des années, je célèbre le 10 février le Larry Burrows day. L’occasion de raviver la flamme, de tenir une promesse, ne jamais oublier celui qui fut pour moi (et pour de très nombreux photographes de ma génération) beaucoup plus qu’un photoreporter. Larry Burrows était de cette trempe de photographes qui a une véritable étoffe de héros, prêt à tout pour ramener des images, quitte à sacrifier sa vie. Pour le gamin que j’étais, Burrows était de ces hommes qui font des héros et sa disparition au dessus du Laos le 10 février 1971, sur la piste Hô Chi Minh, avec Kent Potter (photographe américain de United press), Keisaburo Shimamoto (photographe japonnais freelance, Newsweek) et Henri Huet (photographe français, Associated press) restera une grande peine et aura marqué pour toujours l’histoire de la photographie de reportage contemporaine.
Quarante deux ans après et toujours des pays en guerre. Ce matin dans mon quotidien je lisais le reportage d’un envoyé spécial au Mali qui décrivait les champs minés et les combats au nord du pays, illustrés par quelques photos en couleur. Ces photographes sont les héritiers des Burrows, Huet, … Et cette profession continue de payer un lourd tribut pour pouvoir témoigner, comme Rémi Ochlik tué il y a un an en Syrie à Homs. Le nom de Rémi Ochlik va bientôt rejoindre celui de plus de deux milles journalistes reporters morts dans l’exercice de leur métier, sur le mur de verre du Newseum à Wahsington D.C. Une boîte en métal contenant quelques reliques trouvées à la fin des années 90 sur les lieux du crash, notamment un morceau du boîtier de Larry Burrows (un Leica M3) ont été scellés à l’issue d’une cérémonie à la mémoire de l’auteur, dans Life, du désormais mythique One ride with Yankee Papa 13. Je me suis promis qu’un jour moi aussi j’irai au Newseum de Washington, déposer quelques fleurs au pied du mémorial. Quelques fleurs pour le héros de mon adolescence.
• Larry Burrows. Photographer. In memoriam (1926-1971)
Franck dit
merci pour cet article qui permet de ne pas oublier. La plupart des gens ne se rendent pas compte de ce que vivent les reporters de guerre pour pouvoir témoigner. Quand on lit les épreuves vécues aux quatre coins de la planète par des Nachtey, Greene, Chauvel et tous les autres, on se demande comment il n’y a pas plus de morts dans leur rang. Grace à eux, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.