Comme tous les photographes, j’ai pris le drame vécu par Philip Plisson et son équipe en pleine gueule. Voir disparaître trente ans de sa vie dévorés par la proie des flammes, c’est le pire cauchemar qu’un photographe puisse vivre. Films argentiques et diapositives sont des supports fragiles qui doivent être stockés dans de bonnes conditions, à l’abri de la lumière, des écarts de température, de l’humidité. Le feu, c’est définitif, pour un support argentique, film négatif ou diapo, c’est la mort. Idem pour l’eau. Devant ce malheur, tous les photographes sont solidaires du désarroi de Philip Plisson. Ce drame doit aussi nous interpeler sur la sauvegarde de nos fonds photographiques.
• Numérisation des films argentiques
Cette sauvegarde passe par la nécessaire numérisation des films argentiques. C’est une opération longue, délicate, coûteuse, mais la numérisation permet le stockage de masse et surtout la duplication des photographies. C’est aussi une opération durable. Car une fois les films (négatifs ou diapositives) scannés et numérisés, leur virtualité numérique leur permet d’être à l’abri de l’outrage du temps. L’image est dématérialisée, elle devient une succession binaire, un code. Ce code peut être copié à l’envi, reproduit, dupliqué.
• Duplication et sauvegarde des images numériques
Les images numériques, quant à elles, sont déjà des successions de code. Sont-elles pour autant à l’abri de la perte ? Rien n’est moins sûr. Le premier conseil à donner à un photographe, c’est de n’avoir aucune confiance absolue dans les supports de sauvegarde. Seule la multiplicité des sauvegardes numériques permet d’accentuer les chances de validité des backups numériques. Vous pensez être à l’abri en ayant réalisé une sauvegarde de vos clichés numériques sur des supports CD ou DVD ? Lourde erreur. On sait aujourd’hui que ces supports ont une durée de vie limitée dans le temps. Que cela ne vous empêche pas de réaliser des sauvegardes sur ce type de support. L’autre alternative demeure évidemment le disque dur avec une prédilection pour le disque extractible. Pour ma part, je stocke mes clichés numériques sur des supports disques amovibles, dont les capacités vont actuellement de 1 à 2 Teras. Compte tenu du poids des fichiers RAW aujourd’hui, une session de deux cents photos c’est quatre gigaoctets de données, donc, oui, ça grimpe très vite.
• Établir un plan de sauvegarde
Mes clichés sont sauvegardés à l’issue de chaque prise de vue, de ma carte compact flash à mon disque de travail. J’utilise des disques Samsung Spinpoint au format Sata, qui sont de bons disques fiables, extractibles à chaud et c’est déjà très bien. Une fois dérushés, validés, développés, ces clichés rejoignent un disque de sauvegarde. À cette fin j’utilise deux docks USB connectés en parallèle. Le dock numéro 1 contient mon disque de travail, le dock numéro 2 héberge le disque de backup. J’ai un troisième disque (backup de 2To) qui n’est pas hébergé physiquement au même endroit géographique et qui est mis à jour deux à trois fois par mois. En cas de problème physique (incendie, vol, dégradation, …), j’ai l’assurance que mon fond est à l’abri, à l’extérieur de mes bureaux. Le concept d’armoire ou de coffre anti-feux permet aussi de mettre les disques durs ou les films argentiques à l’abri des flammes. Dans le cas de l’incendie chez Plisson, c’est ce qui a leur permis de sauvegarder de nombreux clichés. Enfin, au delà de ce plan de sauvegardes multiples, je réalise également des sauvegardes classiques sur supports CD ou DVD. Un jeu de DVD est également stocké à l’extérieur.
• L’avenir : la sauvegarde délocalisée
Dans un avenir proche des solutions techniques vont voir le jour. Ces solutions existent déjà sous la forme de volumes distants, de clouds, de serveurs de sauvegarde, mais elles ne sont pas pour le moment en phase avec les capacités que nécessitent les formats numériques utilisés (RAW). Tout au plus, les quelques gigas proposés permettent de délocaliser la sauvegarde de clichés au format jpeg et encore ce service est souvent proposé à prix d’or. On peut imaginer que des solutions vont bientôt être disponibles, sur des espaces de stockage importants, à des prix abordables et techniquement simples à mettre en oeuvre. Du côté de chez Apple l’intégration existe déjà et il est possible de copier ses données sur des serveurs distants hébergés dans des salles blanches réparties aux quatre coins de la planète, en toute sécurité, par un simple glisser-déposer.
• Card drive dock la bonne config pour assurer une sécurité correcte
Parlons budget. Chez MacWay je vous conseille le CardDrive dock qui est un dock permettant d’accueillir des disques durs au format Sata. En façade le CardDrive est dôté de deux ports USB supplémentaires et c’est BIEN parce que je ne sais pas si vous avez remarqué mais on n’a jamais assez de ports USB ! Et aussi un port compact flash et un port SD/MMC/MS, inutile de vous faire un dessin, pour un photographe ça va de soi. Donc en résumé :
• un dock disque dur – CardDriveDock + disque dur 3.5″ 1,5 To Seagate 7200 tr/min (112,90€)
Au prix tarif d’aujourd’hui 20 septembre 2010 (c’est la MacWay expo donc il y a des prix intéressants), vous en avez pour 216,90€, c’est pas le Pérou ! Ce à quoi vous ajoutez 14€ pour habiller vos deux disques durs Sata d’un étui disque dur interne (7€ pièce), indispensable pour protéger vos disques quand ils sont à l’extérieur. Notez qu’il suffit d’oter la partie supérieure de l’étui pour l’insérer dans le dock, c’est plutôt bien pensé.
J’utilise pour ma part ce système de disques durs amovibles depuis près de deux ans. C’est fiable, rapide, confortable, souple. Mes archives sont stockées sur trois supports physiques différents et j’ai une sauvegarde supplémentaire sur supports CD/DVD. Le risque zéro n’existe pas, mais cette configuration permet de réduire la perte des données de manière radicale.
David dit
Oui j’ai appris ça aujourd’hui… Quelle tristesse pour Philip Plisson. De tout coeur avec lui (et bravo pour l’article sur les sauvegardes, une piqure de rappel qui ne fait pas de mal à tous)
David dit
En revanche, je préconise plutôt un dock avec une sortie firewire 800 parce que l’usb, même en 2.0, c’est long !
Christophe dit
De tout coeur avec Philip Plisson qui a du prendre le ciel sur la tête…
On se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres et ce genre d’événements nous rappelle sérieusement que sur le point de l’archivage, il faut 1/ avoir une vraie discipline et 2/s’y tenir…
Je crois que je vais me laisser tenter par ces Docks qui donnent au final un coût au Go plus qu’intéressant.
krikri dit
En revanche, je préconise plutôt un dock avec une sortie E-sata parce que le firewire , même en 800, c’est long ! 😉
L’Esata c’est comme avoir le disque externe en interne , mes deux docks sont connectés comme cela et vu que ce sont des disques récents ils vont plus vite que mon disque principal un « vieux » raptor 😮
Ne pas oublier aussi de faire des ghots avec true acronis ( http://www.acronis.fr/) du système pour récupérer rapidement son PC , il peut faire le mode time machine .
Windows 7 a intégré ce mode clone mais je préfère la flexibilité d’Acronis.
Le seul problème , pour l’instant est que si on ghoste sur un SSD il ne formate pas sur le bon alignement d’où une perte dans les débits sur certains fichiers
Sur mon mac book pro j’utilise superdisk pour faire cela sur un disque dur externe en firewire 800 avec time machine dessus en plus
Bon on peut aussi utiliser un Nas en raid 5 ou 6 , il y a d’ailleurs dans le dernier hors série canard pc un comparatif des meilleurs nas en dessous de 500 euros ( http://www.canardpc.com/news-49537-canard_pc_hardware_n__6_disponible__.html)
On retrouve bien sur tous ses Nas sur l’excellent site macway 🙂
krikri dit
j’ai oublié aussi qu’il vaut mieux utiliser un logiciel de synchronisation qui va bien vérifier que la copie est bien faite au lieu d’utiliser le système exploitation qui lui ne vérifie pas la copie
(
J’utilise syncbackpro ( http://www.2brightsparks.com/syncback/sbpro-features.html ) qui permet de créer ses scripts et de synchroniser des répertoires avec différents modes avec un seul click
Une fois que l’on a bien défini le mode de synchro ( miroir,
une liste des paramètres
http://img714.imageshack.us/img714/2229/94771313.jpg
on peut donc importer dans lightroom puis
sans quitter lightroom , synchroniser le répertoire principal où viennent d’arriver les nouvelles photos
syncback en comparant les répertoires va les voir et les copier
Apres la phase de développement , on exécute le profil, là syncback va voir que des fichiers raw sont absents et que des tiffs et jpgs sont apparus , il resynchronise sur le disque dur de sauvegarde pour avoir un miroir du disque dur original
on peut bien sur lancer dans le même script la sauvegarde du catalogue lightroom
Sur mac il y a http://www.tri-edre.fr/fr/tribackup.html
Benoit Jauffrion dit
On ne le répètera jamais assez. Toujours sauvegarder ! Bonne idée cette article.
Perso, j’utilise un disque du externe. D’un autre côté en cas d’incendie il faut séparer une sauvegarde physiquement.
harvey dit
@krikri pour la petite histoire j’ai oublié de préciser que le dock vendu par MacWay dispose à l’arrière d’une sortie e-sata.
@david moi l’USB 2 me va bien, la copie se réalise en tâche de fond, mon iMac dispose de 8Go de RAM ça se passe bien. L’important dans la sauvegarde c’est de la faire 🙂
@benoit les deux trucs essentiels c’est 1- de sauvegarder 2- d’externaliser la sauvegarde. Un incendie ça détruit tout, même les sauvegardes. Le drame des ateliers Plisson restera un cas d’école.
Manu9 dit
Pour ma part, en plus de dupliquer mes images sur 2 disques durs, j’ai pris un abonnement chez Joomeo.fr : pour 85€/an j’y upload tous mes RAW, sans limitation d’espace. L’externalisation de la sauvegarde est effectivement un point crucial !
harvey dit
@Manu9 je connais Joomeo mais quelque chose me retient d’aller vers eux, parce que comme disait ma grand-mère « quand c’est gratuit c’est trop cher ». Bon là c’est pas gratuit, c’est 85€ par an pour un stockage illimité. Alors elle est où l’arnaque comme disait Biff Tanen ? Confier mes clichés à des gens que je ne connais pas, déjà ça c’est pas possible. Mais je flippe un peu plus quand je lis leurs conditions de vente : « Il est de la responsabilité de chacun des membres de réaliser une sauvegarde de ses données et fichiers avant toute transmission au site Joomeo. Joomeo n’est pas tenu de réaliser des sauvegardes de ces données et fichiers, et ne pourra être tenu pour responsable en cas de perte ou de détérioration de ces données et fichiers. » En clair Joomeo nous dit ne comptez pas sur la fiabilité de notre service, faites des sauvegardes. C’est un peu le serpent qui se mord la queue, non ?
Manu9 dit
Effectivement, on ne peut pas considérer Joomeo et ses concurrents que sont Picasa, Flickr, etc. comme des systèmes de sauvegarde tels que nous l’entendons. Le principal service qu’ils proposent, c’est le partage de photos. Mais je me dis qu’ils doivent mettre tout en oeuvre pour ne pas perdre les photos de leurs clients, sinon il peuvent mettre la clé sous la porte !
Voilà d’ailleurs ce qu’avait répondu un gars de chez eux à cette question :
http://forum.joomeo.com/viewtopic.php?f=12&t=69&sid=88bd9dfbfd4c70687a9e6731be93310d#p248
Après, je ne suis qu’un petit particulier : j’imgine qu’un professionnel choisira une méthode plus ‘sérieuse’ ! 🙂
harvey dit
@Manu9 vu sur la réponse du forum : « nous ne garantissons pas la sauvegarde des données au sens strict de la sauvegarde et de l’archivage. » Voilà, la messe est dite ! Joomeo est une solution de partage en ligne sans doute intéressante mais j’y vois deux problèmes. La non-garantie de sécurité des données et surtout le relatif anonymat de la structure. Si demain le site ferme, que devient le fond, les photos stockées ? Pour ma part je ne prendrais pas le risque de déposer mes clichés dans la nature. C’est aussi un des dangers de la virtualité numérique.
krikri dit
Il y a aussi Amazon S3 et là à mon avis c’est plus que sérieux
http://aws.amazon.com/s3/
Popal dit
Hello !
La catastrophe de Philip Plisson nous permet de profiter d’un article clair et efficace qui préviendra, je l’espère, nombreux autres désastres. Donc pour cela, merci Harvey !
Je suis moi aussi une politique de sauvegarde rigoureuse :
– Les photos sont hébergées sur mon serveur de fichier central (plate-forme windows) : je peux les partager avec la famille, les afficher sur la TV, etc.
– Une copie automatique complète hebdomadaire est effectuée sur un autre disque du serveur sous forme d’archive par Cobian Backup (outil gratuit). Ca permet d’éviter à un virus du type « I love you » (souvenez vous !) de foutre en l’air toutes les images sans que je m’en apercoive et que ca pourrisse les HDD externes à la première synchro.
– J’effectue une synchro de toutes les photos (et toutes mes données en même temps) sur un disque externe USB2 (USB, FW800, eSata.. c’est un détail, l’important est la praticité et la robustesse du support). Ca permet de récupérer un crash hardware. J’utilise pour cela le programme Robocopy en ligne de commande. C’est un outil très pratique de Microsoft qui était autrefois disponible sur serveur uniquement puis qui est passé en standard depuis Vista et 7. Avec une ligne de commande simple, on synchronise la source et le backup. Il ne copie que ce qui a été modifié. Il existe des interfaces graphiques sur la toile pour ceux que la ligne de commande rebute.
– J’effectue une autre synchro moins fréquente sur un second disque de backup que je stocke hors-site. Ca permet d’éviter un crash du 1er disque, un incendie de chez moi, un vol, etc.
Par rapport aux solutions de backup en ligne, j’ai un temps envisagé Mozy mais leur client a crashé sur mon serveur donc j’en suis revenu vite 🙂
Bonnes photos à tous,
Popal
Emmanuel dit
Et surtout n’oubliez pas de déporter « ailleurs » vos données importantes.
Parce que si vous faites bien 3 copies de toutes vos données, mais que vous laissez tout au même endroit, un incendie, ou un cambriolage, vous privera des originaux et des copies 🙁
cdlt
Tholom dit
Perso j’utilise un logiciel en P2P (http://www.tudzu.com) qui permet de sauvegarder automatiquement sur les ordinateurs de ma famille. J’ai environ 15 Giga de photo et c’est parfait pour moi. Dès que j’ai de nouvelles photos sur mon disque, il fait une copie ailleurs. pas besoin d’acheter de disque en plus et le service est gratuit
Thol
harvey dit
@Tholom 15Go ? C’est 600 photos au format RAW. Pour un pro, c’est une goutte d’eau.
pacis dit
mouais , et dans 10 ans, quel moyen vous utiliserez pour lire vos disques durs externes ? exit l’IDE, l’USB, le SATA etc … qui possède un lecteur bande DAT ou 5″1/4 encore aujourd’hui ?
Claude dit
@pacis ouais et donc alors parce que soit disant dans dix ans on pourra plus lire nos HD aujourd’hui on ne fait RIEN ? Je crois que t’as pas pigé l’urgence pour nous, photographes professionnels, de sauvegarder nos données. La bonne idée c’est de sauvegarder avec les outils dont on dispose aujourd’hui et d’adapter nos outils au fil du temps. Et ainsi assurer une pérénité à nos documents numériques.
harvey dit
@Claude tiens un revenant 🙂 Je suis d’accord, évidemment. D’ailleurs, la technologogie du cloud va se développer dans les mois qui viennent. La sauvegarde distante, dématérialisée, sans attaches matérielles, voilà sans doute une solution d’avenir. Mais en attendant, je préfère un bon backup sur un disque dur, des DVD ou un bon vieux DAT que pas de sauvegarde du tout !
Popal dit
@Pacis : il ne faut pas confondre sauvegarde (court/moyen terme) et archivage (long terme).
L’archivage est un tout autre sujet, à commencer par le format même des fichiers : les fichiers RAW ont un format propriétaire différent entre chaque marque et chaque appareil. Il y a au moins 2 règles importantes en archivage :
– inclure un plan d’évolution des supports : càd changer de supports physique de stockage régulièrement (ça donne suite à ton point sur l’utilisation du sata)
– utilser des formats de fichier standards : et là il y a tout à faire. Pour les documents papier, le standard est le tiff bitonal group iv, pour les documents bureautiques et couleurs la tendance est le PDF/A, mais pour les photos (et vidéo) il n’y a rien à part JPEG (qu’on ne veut pas).
Jusqu’à ce que NiKon, Canon et les autres ne nouq sortent un format Raw ISO, le tirage papier est sans doute ce qu’on fait de mieux
harvey dit
@Popal c’est une approche du problème qui est exacte. Je suis moins en phase avec la notion de tirage papier. Pour ma part je souhaite conserver tous les clichés que j’ai validés, il n’est pas possible de tout imprimer. Donc aujourd’hui pour moi, clairement, la sauvegarde massive sur des supports multiples est LA solution. Ce matin même je viens de voir passer un CP sur des solutions cloud (je vais en reparler sous peu), sous forme d’abonnement annuel. Le prix est de 500€ pour 1To, ce qui commence à devenir attractif, d’autant que le premier prix est à 49,90€ pour une année de cloud à 250Go. De quoi commencer à mettre à l’abri des fichiers éditables (jpeg).
elmer dit
Intéressant, ce carddrive dock, je retiens. Cela devrait m’éviter d’avoir à ouvrir ma tour tous les deux jours…
David dit
L idéal est de sauvegarder en ligne chez un spécialiste de la sauvegarde. J utilise http://www.mydreamkey.fr qui fait ses sauvegardes sur 2 sites géographiquement distincts et qui ne compresse pas les photos
Cordialement
David
harvey dit
@David 40€ par mois pour 250Go et 5€ par mois par tranche supp de 25Go. Non, merci.