Ici à Brest même, Maria Paillard fait partie des meubles. Comédienne, aussi grand coeur que grande gueule, elle est une figure des nuits brestoâses autant qu’elle est une figure de Brest, tout court. En 2005, Maria avait monté au Vauban (puis en tournée) le texte de « Madame Marguerite » (initialement créé par Annie Girardot) et les murs du Vauban en transpirent encore. Alors évidemment, le jour où j’ai croisé Maria au Vauban et qu’elle nous a annoncé qu’elle préparait un spectacle de stand up de son cru, on s’est dit qu’il allait y avoir du sport dans les vestiaires. Et honnêtement on n’a pas été déçu du voyage auquel Maria Paillard nous invite cette fois, malicieusement épaulée par Véronique Lécouyer à la mise en scène. Oreilles chastes et culs-serrés, passez votre chemin. Maria Paillard est à la hauteur de sa réputation et envoit le bois, dans la série y’en aura pour tout le monde les promesses sont tenues. Maria passe en revue et en vrac, l’écologie, la sauvegarde de la planète, le droit des femmes, … avec une énergie et un niaque qui détonnent. Maria n’a peur de rien, Maria n’a honte de rien. Elle vilipende, mauvaise foi comme pas deux, toujours borderline et en tout cas politiquement très incorrect (doux euphémisme). Elle y aborde des sujets très casse-gueules sans jamais glisser complètement. On se croirait revenu au milieu des années 80 et on ne peut s’empêcher de penser à l’humour débridé d’un Coluche ou d’un Desproges. Maria empoigne une guitare et hurle un « mets la ouache Fanch ! » de famille, allusion au petit frère Fanch Paillard de la Ouache de Matmatah (vieille noblesse brestoise). Ou pas. Maria se contente de quelques accords massacrés et fait feu de tout bois. Deux spectateurs du premier rang font les frais de s’être assis au mauvais endroit et le public se marre. Maria Paillard pousse le bouchon avec un Al Quaïda et la Bourka sur l’air de Tirladada, mais ici on est loin de l’humour benêt des bronzés. Bref, Maria Paillard a réussi son coup. On s’est marrés, de tout, de petits riens, des ampoules à économie d’énergie qui donnent le cancer, des bretons (et des bretonnes), des brestois qui vont monter un OPEP (organisation des producteurs de pluie), des attentats au pétard à mèche sur un Mac Do breton… Sous le perfecto de la miss bat un coeur gros comme ça, généreux, mais ce soir, sur son t-shirt, la question était clairement posée. Who’s the boss ? Aucun doute Maria. Le boss du Vauban, ce soir, c’était toi.