Danser, chanter, jusqu’à pas d’heure, pour aller faire tomber des murs… J’ai découvert Kwal, par hasard, un soir de septembre, au Run ar Puñs, l’an passé. D’ailleurs, c’est souvent comme ça au Run ar Puñs. On ne sait pas trop ce qu’on vient y voir et on ressort de l’endroit des étoiles plein les yeux. A dire vrai j’avais été subjugué par la prestation, non seulement de l’individu, mais du groupe tout entier. Classer Kwal, lui coller une étiquette, lui attribuer une case, un style ? Non, impossible. Kwal est inrangeable, inclassable, Kwal est un index unique, un artiste rare, polyvalent, politiquement incorrect. Entre slam, rap, chanson, comédie, Kwal surfe sur le mélange des genres, des ethnies, des cultures. Son univers à lui tient dans le seul titre « là où j’habite » où il décrit un quoitidien qui tire un peu sur le sordide sans tomber dans le pathos, où même le beauf de service recèle une part d’humanité. Mais Kwal n’est jamais larmoyant, bien au contraire, il manie l’humour et la déconne comme personne dans « reviens ! » ou « les pénibles », et quand il déclare sa flamme à l’élue de son coeur (« un bout de route ») c’est avec sensibilité et tact. Au Run ar Puñs, il avait dit, seul en scène, un texte d’une beauté rare dédié à sa mère, et tous les yeux s’étaient embués, comme sur le titre « bonhomme », un poème en prose dédié à un enfant. Voilà. Sur scène, aussi, on retrouve l’univers cosmopolite si cher au coeur de Kwal. Les cultures se croisent, se mêlent, s’entremêlent, les instruments s’accordent et le résultat est harmonieux. Kwal est un mélange de candeur, de naïveté et son regard sur le monde m’émeut. Pour moi, Kwal fait partie des concerts inratables de l’été, au même titre que Bashung au Bout du monde ou que Nina Nastasia à la Route du rock. Rendez-vous au bout du monde avec Kwal, pour danser, chanter jusqu’à pas d’heure…