« Tous les ans c’est rupture de billet. Et tous les ans c’est pareil c’est génial. » Le type qui vend un pass trois jours sur eBay a ainsi libellé son annonce, avec un soupçon de cynisme qui doit en agacer plus d’un, à commencer par le staff d’organisation du festival du Bout du Monde. Jacques Guérin – le boss de Quai Ouest musiques, organisateur du festival du bout du monde – ne décolère pas et on le comprend. Quand on sait l’énergie déployée pour organiser, construire un festival comme celui du Bout du Monde, penser une programmation parmi les plus fines et les plus racées qui soit – ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce festival-là affiche complet chaque année – il est singulièrement agaçant de voir des pass trois jours initialement vendus 60 euro partir à des prix frôlant les deux cents euro. C’est presque devenu un rituel. La programmation est intelligente, donc elle attire du monde. Voilà un moyen simple de se faire un peu de monnaie sur le dos des bénévoles. Mais ce n’est pas tant l’aspect pécunier qui me choque que le fait que cette pratique d’achat en masse de pass trois jours, dans le seul but de revente, interdit l’accès à des festivaliers au prix affiché sur le billet. D’ailleurs, c’est là que le bât blesse. Comme le souligne habilement Antonin Masset (responsable communication du Bout du Monde), une Loi interdit de revendre son billet au delà de la valeur faciale indiquée sur le billet. Un référé à l’encontre d’eBay et des revendeurs indélicats se profile à l’horizon mais je doute que ces procédures suffiront à faire cesser ce genre de pratiques. La cupidité, le gain facile, le « gagner plus pour gagner plus » sont aujourd’hui plus que jamais de mise. Il y a au moins un point sur lequel le vendeur d’ebay a raison. Le bout du Monde, tous les ans c’est pareil. C’est génial. Alors rendez-vous à Landaoudec, dans quelques jours. Et si vous n’avez pas votre billet, n’entrez pas dans le système du marché noir, n’encouragez pas un système vil, malhonnête et pour tout dire profondément dégueulasse ! Et gardez à l’esprit que chaque année, des faux billets circulent à l’entrée du festival et sur eBay. Alors ? Deux cents euros pour un faux billet du Bout du Monde, c’est un peu cher payé, non ?
À propos Hervé LE GALL
Hervé "harvey" LE GALL, photographe auteur basé à Brest au début du monde. A trainé ses godasses et ses reflex dans la plupart des coins sombres de la région Bretagne. Photographe-maison du Cabaret Vauban, photographe officiel des Vieilles Charrues (entre autres). Intransigeant, il aime la photo, les lasagnes, le kouign amann et le Breizh Cola. Rédac chef de SHOTS.