Je me souviens parfaitement du jour où Nikon a lancé Nikon One. En gros, on nous disait qu’il fallait appuyer sur le déclencheur et que c’était l’appareil qui choisissait le meilleur cliché. Là, pour le coup, on était dans le concept du ghost in the machine et ça, ça m’avait épouvanté. Les choses se sont un peu tassées et j’ai finalement laissé Nikon 1 vivre sa vie et je suis reparti à mes outils de prédilection, de bons gros reflex bien lourds qui tiennent bien dans la main. Mais au fond, est-ce que la taille de l’outil a tant d’importance ? Il en a assurément, comme vous l’aurait dit Debra Morgan. Mais pas que. Ça faisait un moment que ça me titillait, de délaisser le temps d’un shooting la grosse artillerie et de partir en ballade en voyageant ultra léger. C’est comme ça que je me suis retrouvé à Disneyland, un beau samedi de septembre. Un parc de loisirs noir de monde, des queues interminables à toutes les attractions (2 heures pour voir Ratatouille) mais un ciel bleu, sans un seul nuage et les rires de Victor, mon petit-fils. Samedi. 9:30. Je suis aux portes de Disneyland, un Nikon 1 v3 autour du cou et j’ai l’air d’un touriste japonais.
Nikon 1 v3. Le petit Mickey qui n’a pas peur des gros.
• Nikon 1 v3. Compact, très compact.
Comment résumer Nikon 1 v3 en quelques mots ? C’est un appareil photo hybride ultra compact, ultra léger, ultra performant. Par défaut il est livré sans viseur mais moi, faire des photos sans mettre mon œil dans un viseur, je sais pas. Donc Nikon m’a aussi livré un viseur électronique qui s’adapte sur la griffe porte-flash. Outre le fait d’ajouter un viseur, ce petit accessoire donne à Nikon 1 une vraie gueule d’appareil photo et pour tout dire une petite touche classieuse en plus. Pour la carte mémoire, Nikon a tablé sur le format ultra rikiki de la carte micro SD, ce qui m’a plongé dans la plus grande perplexité, car c’est le seul format de carte que je n’ai jamais utilisé. Jamais ? Faut voir. Je déniche finalement une micro SD de 16Go dans un fond de tiroir, relique d’un test sur un smartphone. Me voilà prêt. Sur Nikon 1 on m’a fourni deux objectifs. Celui livré en standard, un zoom Nikkor 10-30mm f/3.5-5.6 qui me semble très polyvalent (équivalent 27-81mm au format 24*36) et un Nikkor 32mm f/1,2 autant dire un caillou rapide et lumineux, idéal pour faire du portrait, puisque sa focale s’apparente à peu près à un 85mm. Avant de commencer, je fais un tour dans les paramètres et là… Surprise !
• Nikon 1 v3. Il a tout comme un grand.
En fait Nikon 1 est tout petit mais il est structuré comme un grand, ce qui est assez déroutant. Premier constat, l’ergonomie du boîtier, assez bien pensée même si cet hybride peut sembler un peu petit en taille pour des grosses paluches (suivez mon regard). Notez que Nikon propose en option, outre le viseur électronique, un grip qui améliore la prise en main, mais rend du coup l’hybride moins compact et plus encombrant. On zoome en activant l’optique, comme sur n’importe quel zoom. Une molette frontale et une molette de face arrière permettent le réglage du tandem diaph vitesse. Le délencheur est souple et totalement… silencieux. ici, pas de miroir, donc zéro bruit et des capacités de mode rafale qui feraient rêver dans le monde du reflex : 20fps (ah ah). On peut utiliser Nikon 1 un peu comme on veut. Soit en mode entièrement automatique (vous savez, le petit rectangle vert), soit en mode PSAM (programme, priorité vitesse, priorité ouverture, manuel). Je dois dire que le mode manuel, sur ce type d’appareil photo, c’est assez jouissif ! Du côté des paramètres, on peut absolument tout faire, tout régler de manière très pointue. Par exemple, vous pouvez activer le bruit du déclencheur. Le menu est clair, très lisible, les fonctionnalités sont dispatchées par catégorie, comme sur un reflex. Par exemple, dans le menu Prise de vue on choisit sa qualité d’image, soit en jpeg (normal ou fine), en NEF (RAW) ou en NEF(RAW) + jpeg (fine). Trois tailles d’image sont disponibles, small (2608*1744 4,5Mo), medium (3920*2616 soit 10,3Mo) ou large (5232*3488 soit 18,2Mo). Je me suis contenté d’une taille medium, j’avais donc de la marge sur ma carte 16Go. Cerise sur le gâteau, non seulement l’écran est amovible, mais il est aussi tactile et ça, ça change tout ! À quand un écran tactile sur mon reflex ? Pour info, on peut désactiver l’écran tactile. Nikon 1 v3 est aussi Wifi, pour transférer ses images vers un périphérique mobile. Restait à tester tout ça sur le terrain. J’ai réglé la sensibilité iso automatique sur la plage 100-6400iso et en avant Guingamp !
• Test terrain. Épatant à deux ou trois bémols près.
C’est marrant, alors que je me balladais sur le parc, avec Victor, j’ai croisé quelques photographes équipés de reflex Nikon et j’ai bien senti de la curiosité et même un dédain bien appuyé pour l’un d’entre eux et franchement, moi, j’étais dans un autre monde. D’abord du point de vue poids, un Nikon One autour du cou ou rien du tout, c’est du pareil au même ! Ensuite, la première impression, l’œil dans le viseur électronique. Une sensation bizarre, comme si on était en réalité augmentée. Le viseur électronique a tendance à sublimer la scène, à rendre l’ambiance beaucoup plus lumineuse que la réalité, c’est très étrange mais on s’habitue vite. Nikon One propose plusieurs modes autofocus, comme sur un reflex. L’AF est plutôt rapide et réactif. Il détecte les visages (s’il en trouve) ou fait un focus sur l’ensemble de la scène. On peut choisir un affichage de la photo après la prise de vue, dans ce cas on voit l’image dans son viseur, ce qui peut être pratique. L’écran amovible s’avère très, très utile, notamment sur des prises de vue panoramiques à bras tendus ou au contraire pour réaliser une photo discrètement, en tenant Nikon 1 comme un 6*6, sans avoir à porter le viseur à son œil. Dans le viseur on retrouve les infos comme dans un viseur classique, vitesse, diaph, sensibilité, temps restant pour une vidéo, nombre de photos disponibles, plus un quadrillage et une mesure de niveau (très pratique). Il y a un léger temps de latence entre l’allumage et le relais de l’image dans le viseur, c’est assez agaçant, mais pas autant que l’autonomie de la batterie qui m’a semblé vraiment faiblarde ! Dieu merci, j’avais une batterie de secours sinon j’étais dans le pétrin. Voulant économiser ma dernière batterie, j’éteignais Nikon One après chaque utilisation. Au rallumage, temps de latence et affichage de la mention « Détecteur occulaire activé », deux bonnes raisons de m’énerver. Ah ! Sinon. J’ai mis un moment à trouver comment activer le flash, qui ne se déclenche pas automatiquement comme sur un compact lambda. Il faut le sortir manuellement en appuyant sur un petit bouton situé sur le côté gauche supérieur du Nikon 1. Et puisqu’on est dans les sujets qui fâchent, grosses paluches passez votre chemin. Pas évident de loger cette foutue carte microSD tellement elle est petite. Un conseil : penser à s’acheter une bonne grosse carte de type Sandisk Extreme 64 ou 128Go (45Mb/s en lecture/écriture) devrait faire le bonheur de l’utilisateur et s’avèrera indispensable pour réaliser des vidéos en fullHD 60p ! Pour mes tests, avec ma carte basique, je me suis contenté d’une résolution basse déf (720 à 30p) mais c’était déjà très propre.
• Qualité d’image ? Rien à envier à un reflex.
Sur le terrain, la mise en œuvre est d’une grande simplicité, tant pour l’aspect photo que vidéo. Pour réaliser un flux vidéo, il suffit d’appuyer sur le déclencheur dédié à la vidéo, difficile de faire plus simple. Pour la photo, j’ai oublié très rapidement que j’étais dans le viseur électronique d’un appareil photo compact hybride. Je me suis senti à l’aise, c’était facile, même (et surtout) en mode manuel. Petit détail à propos du viseur électronique, on peut le régler à son œil, comme sur un reflex. D’ailleurs, on retrouve à peu près tout ce qu’on a sur un reflex (mode d’expo, de mesure, plages autofocus, …), tout sauf le poids et bien sûr l’autonomie. L’optique livrée en standard est de bonne facture, ouvrant de f/3.5 à 10mm à f/5.6 à 30mm. L’optique se ferme à l’extinction de l’appareil, alors que Nikkor 32mm f/1.2 est livré avec un bouchon et un paresoleil, ce qui confère à l’ensemble un look absolument chic. Quant aux images, il me tardait de voir le résultat sur grand écran. Je n’ai pas été déçu ! Nikon 1 v3 produit une image très propre, piquée, dynamique, de qualité professionnelle. Le capteur hybride de 18mp, combiné à la plage de sensibilité automatique jusqu’à 6400iso permet de réaliser des prodiges. J’ai tapé des images nettes à des vitesses surréalistes (inférieures à 1/10è). Le tout, comme disait le génie de la lampe dans un vrai mouchoir de poche…
• Nikon 1 v3. Pour qui ?
Résolument, compte tenu de son prix, pas pour n’importe qui. Du côté du budget, avec le viseur électronique, on dépasse allègrement le seuil des 1000€. Et je ne parle même pas des bonus de luxe, comme le Nikkor 32mm f/1.2, une optique raffinée pour réaliser du portrait avec une qualité de flou d’arrière-plan (le fameux bokeh) à tomber à la renverse. Pour la chute arrière, comptez environ 800€. Et là vous me dites « mais, c’est le prix d’un reflex ? » Certes. Et ça fait des images largement aussi belles qu’un reflex, mais ça tient dans le creux de la main. Nikon 1 v3 va séduire une clientèle premium désireuse de faire de (très) belles photos ou vidéos et capable d’engager un budget dépassant la barre des 1000€, car ici on est résolument dans du haut de gamme. Nikon One peut-il aussi attirer une clientèle de professionnel ? Sans doute. Pour réaliser des photos/vidéos de répérage, voire en complément d’un reflex, dans la mesure où il est si léger qu’il ne représente quasiment aucun surpoids dans le sac. Sans compter qu’avec l’adaptateur FT1 (que je n’ai malheureusement pas pu tester, mais je n’ai pas dit mon dernier mot Jean-Pierre) il est possible d’adapter des optiques Nikkor. Un 70-200mm f/2.8 VRII qui se mue en 189-540mm f/2.8 VRII, moi je demande à voir !
• J’aime
le poids plume, la compacité, le paramétrage digne d’un reflex professionnel, la qualité premium des images, la qualité des optiques Nikkor, l’écran inclinable et tactile, le partage en Wifi, le viseur électronique, l’ergonomie, la mise en œuvre d’une grande simplicité, l’AF rapide et véloce, la capteur hybride qui permet de travailler à très basse vitesse, le mode rafale à 20vps, la possibilité d’adapter des optiques Nikkor via l’adaptateur FT1.
• J’aime pas
l’autonomie faiblarde, l’utilisation de cartes micro SD ultra rikiki, le temps de latence à l’allumage, le bouton de flash que j’ai mis deux plombes à trouver (RTFM*), l’écran inclinable non détachable qui ne m’a pas permis de faire un selfie avec Victor et Buzz l’éclair, cette foutue trappe batterie qui s’ouvre toute seule quand on l’effleure de manière trop pressante, quelques faiblesses en basses lumières dans les zones d’ombre.
(*Read The Fucking Manual)
[Edit] J’ai écrit que le mode rafale montait jusqu’à 20vps. En réalité, il est paramétrable et peut monter jusqu’à… 60vps. Ah ah (again).
• merci à Victor pour son précieux soutien pendant ce test. Happy birthday dude !