Jeudi 18 juillet 2013. Premier jour des Vieilles Charrues. Aujourd’hui le festival propose Rammstein, le groupe de heavy metal germanique a posé son décor monstrueux et ses effets pyrotechniques hallucinants sur la scène Glenmor qu’il squatte pour toute la soirée. On se demande pourquoi et dès la première minute d’un show millimétré on comprend pourquoi ce groupe totalement atypique ne peut se consommer que seul et sans aucune modération. Au début du concert, aux premières flammes et pétarades, j’ai une pensée pour mes deux photographes qui sont en fosse, Pierre Hennequin et Mathieu Ezan. J’espère seulement les retrouver respectivement entiers et en un seul morceau et qu’ils ne vont pas se faire roussir le poil dans le pit face à la déferlante teutonique (dein mutter). Moi, je suis loin. J’ai trouvé refuge chez mes potes de la plateforme H, le cul bien calé confortablement sur une chaise à côté de ma chère Renée. Chaque année, je vis au moins un concert dans ces conditions, l’an passé c’était Bob Dylan, cette année c’est Rammstein. Avec Renée, on est surtout là pour se marrer et ce soir, on va être servi. Mais je suis là aussi pour ramener de l’image et renvoyer à mes amis de Nikon Pro Services mon ressenti sur le matériel Nikon. Cette année, j’ai choisi d’embarquer sur mon Nikon D3s un Nikkor 300mm f2,8VRII. Et histoire d’aller au bout du rêve j’ai ajouté un télé-convertisseur TC20-EIII. Résultat ? Mein Gott ! Kolossal !
J’ai commencé le concert de Rammstein avec le seul 300mm monté sur D3s. Premier constat, c’est jouable à main levée, pour un photographe bien charpenté. L’avantage est de pouvoir orienter le cadrage, passer du mode paysage au mode portrait de manière instantanée, comme on le ferait avec un objectif lambda. Mais avouons-le, l’engin pèse son poids et au bout d’un quart heure, je décide de le monter sur mon monopode Manfrotto équipé d’une bonne rotule. Une fois le réglage effectué, c’est très confortable. J’en profite aussi pour monter le télé-convertisseur sur le D3s. J’ai déjà eu l’occasion de tester avec NPS le TC20-EIII et dire ici tout le bien que je pense de cet accessoire totalement indispensable, dôté de lentilles asphériques et d’une qualité de construction absolument remarquable. Monter un TC20-EIII c’est perdre deux diaphs mais quand on part d’une optique comme le 300 f2,8, on accède à un 600mm f5,6 excusez du peu. J’imagine que dans le viseur de mon D3s je vais sentir la présence du TC ? Eh bien non. C’est incroyable, la qualité d’image me semble aussi bonne, aussi claire, aussi propre avec le télé-convertisseur que sans. D’ailleurs j’ai le sentiment de conserver les mêmes performances de mon D3s, avec son autofocus hyper véloce, capable d’aller chercher un point de contraste dans des conditions de lumières vraiment casse-gueule. C’est peut-être ce qui caractérise, pour moi, finalement, cette édition des Vieilles Charrues. Je crois avoir fait la paix avec moi-même et surtout d’avoir trouvé le reflex avec lequel je suis en parfaite adéquation, Nikon D3s. Quel putain de reflex que ce D3s, quand même ! Pendant Rammstein, je travaille en one shot ou en courtes rafales, trois à quatre déclenchements maxi, notamment sur les séquences « de bien jolies flammes ». Pour un photographe, rien ne peut égaler le sentiment de confiance qu’il a dans son matos et c’est ce que je suis en train de vivre. Le trio D3s, TC20-EIII et ce dantesque Nikkor 300m f2,8VRII produisent une qualité d’image monstrueuse. Je travaille de 800 à 1600iso, autant dire un niveau de sensibilité plus que convenable quand on connaît la capacité de D3s à monter très haut sans générer de bruit, je peux donc aisément me permettre d’ouvrir à f8 et au delà. Sur scène, ça pète de tous les côtés, on se croirait dans un film surréaliste allemand, l’ombre de Murnau ou de Fritz Lang est omniprésente. Rammstein produit un show wagnérien, avec un décor métallique, digne d’une bande dessinée de Liberatore. Visuellement, je n’ai jamais vu ça et pourtant j’ai quelques concerts au compteur. En plus, je suis à cent mètres de la scène et j’ai l’impression d’être dans la fosse, avec un 70-200.
L’expérience de terrain, c’est bien, mais la réalité, c’est l’image. J’étais curieux de savoir si les moments de joie visuelle vécus dans le viseur de mon Nikon D3s allaient se traduire sur mes clichés. Est-ce que j’allais croiser des images qui font se dire « Wouah ! » quand on les découvre pour la première fois ? À dire vrai, oui. Et même un grand oui, un oui spectaculaire, un oui ému, un Jawohl kolossal ! Rammstein, je l’ai vécu comme dans un rêve, entouré de gens que j’aime, dans une ambiance de déconne et d’éclats de rire, alternant prise de vue et commentaires sur le concert en direct live assurés par ma chère Renée. Les clichés, quant à eux, sont là. Pour comprendre ce joyeux bordel, cette adéquation homme-machine, il suffit de regarder les images et peut-être de tendre l’oreille. Bien sûr, je suis content d’avoir ramené de bons clichés mais ce n’est pas le plus important. Non. Le plus important c’est que j’ai réalisé à quel point je suis en phase avec mon matos, à quel point je me sens bien quand j’ai mon D3s entre les mains. Beaucoup de gens m’ont demandé, interloqués, pourquoi j’utilisais mon D3s en boîtier principal et Nikon D4 en backup. Ça n’a rien d’incongru, je travaille avec le reflex avec lequel je suis en phase. Si vous ne devez retenir qu’une chose de ce billet, qu’un conseil, c’est bien celui-là. Qu’importe que votre reflex soit de telle ou telle marque, qu’il soit classé entrée de gamme, amateur expert ou pro, la photographie n’est pas un segment marketing, elle n’est que ce que vous en faites. Et au delà de tout, lorsque vous avez le privilège d’avoir trouvé le boîtier qui vous va bien, un conseil. Gardez-le. Résistez à la tentation d’aller voir si l’herbe est plus verte dans le champ d’en face. Savourez cet indicible plaisir d’être en phase avec votre matériel. Croyez-moi. C’est un véritable privilège. C’est ce que je vis au quotidien avec Nikon D3s et mes trois optiques de prédilection (Nikkor 70-200 f2,8 VRII, Nikkor 24-120 f4, Nikkor 50 f1,4). Quant au Nikkor 300mm f2,8 VRII comment en parler sans tomber dans le superlatif, l’extatique ? Un AF de dingue, un confort de travail sans égal, un poids permettant de travailler à main levée et surtout, une qualité d’image, un piqué absolument merveilleux. Une optique qui ravira tous les photographes ayant besoin de voir loin, en animalier ou en photo sportive. Associée à un télé-convertisseur du calibre de TC20EIII, un petit accessoire qui tient dans la poche, cette optique double sa focale tout en conservant ses qualités intrinsèques.
• photo : Rammstein, festival des Vieilles Charrues 18 juillet 2013 (crédit photo : Hervé « harvey » LE GALL)
• merci à Nikon France pour le soutien apporté au festival des Vieilles Charrues et un merci spécial à l’équipe de Nikon Pro Services pour son support technique.
Arnaud dit
J’utile à quasi chaque concert le D3s ou le D4 avec un 300 2.8 VR2. C’est du pur plaisir à chaque fois et l’assurance de belles images très piquées. J’adore être à 5m pour de beaux portraits ou à plus de 15m pour des plans américains.
J’utilise tout ça très souvent à main levée, sans le moindre soucis même pendant de longues minutes (les premières fois ça fais mal à l’épaule mais avec le temps on prend les bonnes poses) et quand c’est à plus de 10m, je pose tout ça sur un monopod, il y a alors moins d’urgence.
Par contre, je n’ai pas été ravi du D4 avec 300 2.8 et TC2, je trouve l’image assez molle. Je n’ai pas comparé avec le D3s, les occasions restant assez rares d’être si loin.
C’est en tout cas un vrai sentiment de confiance à chaque fois et on s’en sort avec très peu de déchets.
Dans un cas extrême, avec le VR activé, je suis même descendu à 1/50ieme sur monopod et je suis quand même sorti avec une image exploitable ! juste incroyable !
Personnellement, je préfère être avec le 300 2.8 qu’avec le 70/200. Avec une focale fixe, on est quand même dans un autre raisonnement et ça cadre vachement mieux, sachant que le placement est primordial pour avoir l’image recherchée..
Ilinski Nicolas dit
Photographe entre autre spécialisé en photo de concert, je me suis délecté de cet article et des quelques photos qui l’accompagnent. Quel plaisir de lire un photographe parler avec autant de sincérité de son travail et de sa conception du métier, de la passion, à travers un article qui traite au départ d’un test de matériel ! (et quel matériel ceci étant ! 🙂 Bien entendu, le caillou fait rêver, mais j’aime plus encore votre manière de décrire ces moments. On s’y croirait et j’y retrouve beaucoup de sensations de ma (bien plus modeste) expérience.
A vous lire !
PhilippeF dit
Personnellement, il y a deux ans que j’utilise le d3s, le 300 , le 70 200 et le doubleur en photo de sports.
Ca m’a évité l’achat d’un 600. Phénoménal !
@Arnaud : dans ma spécialité, il n’y souvent qu’un bon angle, je dirai même le bon emplacement, et il peut être à 300 ou 600 mm, mais aussi à 270 ou 380 mm., alors le zoom comme le 70 200 et tc 20III ça peut devenir l’idéal.
Bonne soirée