Affaire anecdotique. J’ai même envie de dire « business as usual« . Une de mes photos (publiée ici-même sur Shots) est utilisée en image de profil sur une page Facebook. Ça pourrait s’arrêter là. Si ce n’est que les commentaires qui accompagnent la photo sont particulièrement injurieux à l’encontre des personnes figurant sur cette photo. Petit détail qui ne trompe pas, la photo a été croppée pour supprimer la mention de copyright. On est à la fois dans le vol caractérisé et l’injure. Pas besoin d’appeler mon avocat, pour le coup Facebook a tout prévu. Oui, parce que Facebook sait pertinemment que juridiquement leur groupe peut être assigné en cas de violation du copyright, de l’œuvre et du droit d’auteur, donc Facebook a prévu le coup et propose un bouton extrêmement pratique : « signaler cette page« . Ce que j’ai immédiatement fait, en revendiquant mon statut d’auteur du cliché reproduit sur une page Facebook sans mon accord. Ça n’a pas traîné. J’ai alerté Facebook hier en fin d’après-midi qui a prestement supprimé mon cliché ainsi que les commentaires des lobotomisés de service (dont un trolleur à qui accessoirement je garde un chien de ma chienne). Supprimés illico, sans autre forme de procès.
Oui, parce que c’est bien de ça dont on parle, de procès. Pas besoin d’être Maître Eolas (que je salue au passage) pour savoir que la Loi relative au droit d’auteur (vous savez, cette vieille Loi de mars 1957) protège la création. Donc, en clair, on ne peut pas reproduire le cliché d’un photographe sans son accord expresse, même au format timbre poste. Il existe des règles strictes qui entourent la reproduction d’une œuvre et le média Internet n’échappe pas à ces règles. Il s’agit donc d’être très prudent lorsque l’on reproduit une image sur son site internet ou sur sa page Facebook. Sur Shots, par exemple, toutes les photos publiées sont créditées et la très grande majorité des photos que je publie le sont avec l’accord du photographe. Il s’agit simplement de respect pour un travail. Ce qui est vrai pour un professionnel est aussi vrai pour un amateur. Le fait de ne pas être photographe professionnel ne minimise pas vos droits d’auteur. Certaines affaires peuvent prendre des tournures radicalement inquiétantes, je pense à ce jeune photographe new-yorkais, Noam Galai, dont la photo « The scream » a été reproduit sans vergogne à l’échelle planétaire. Il raconte qu’un grand hebdomadaire l’a contacté pour (je cite) « le remercier de l’utilisation de son cliché » ce qui franchement ne manque pas de piment. On se souvient aussi des clichés pris par Daniel Morel, photographe de presse lors du tremblement de terre à Haïti, clichés largement pompés dans toute l’Europe par des agences de presse peu regardantes. Là aussi la justice est passée et les sentences étaient loin d’être anecdotiques.
Pour ma part, je ne compte plus les vols de mes clichés sur Internet, mais comme me le disait un ami photographe, « c’est la rançon du succès, on ne pirate pas les mauvais ! » On va dire comme ça. N’empêche. Avec le numérique, la photographie se dématérialise, j’ai même le sentiment qu’elle se dénature, et malheureusement qu’elle s’appauvrit, ceci expliquant peut-être cela. Mais la Loi, elle, demeure. Solide, intouchable, inviolable. Vous connaissez le proverbe. Nul n’est censé ignorer la Loi. Reproduire un cliché photographique sans l’autorisation de son auteur est un délit. Et comme tout délit, il est punissable.
Le problème c’est que le phénomène est planétaire car c’est la nature même d’internet. Il existe désormais des outils qui permettent de traquer les pirates world wide. Je pense en particulier à l’excellent Tineye, un site internet qui permet de traquer la piraterie de vos images. Vous indiquez l’url où se trouve votre image originale et Tineye traque sa présence sur internet. Si c’est le cas, vous avez les coordonnées des sites fautifs ou indélicats. S’il s’agit d’une page Facebook, le report de violation du copyright est très efficace. D’ailleurs, pour conclure, je reçois ce matin un email de Facebook qui dit en substance ceci. « Merci d’avoir porté ces faits à notre connaissance. Nous avons supprimé ou désactivé l’accès du tiers qui utilise votre matériel désigné en violation de nos conditions d’utilisation. » Faire partie d’un réseau social implique a minima une règle simple. Qui s’appelle le respect.
• pour illustrer ce billet j’ai choisi une photo qui inspire le calme et la sérénité, un très beau cliché signé Céline Montibus. Ce cliché est reproduit ici dans son intégralité, sans recadrage, en respectant la mention de copyright, avec l’aimable autorisation de Céline Montibus que je remercie. Vous voyez. Finalement, c’est pas trop compliqué.
ERWAN dit
Comme d hab, billet toujours aussi éfficace et tellement vrai…
Florent dit
Toujours bon à rappeler
harvey dit
Et accessoirement il faut aussi rappeler que ça concerne tout le monde, les pros, les amateurs éclairés et les photographes du dimanche. Une œuvre, quelle qu’elle soit, appartient à son auteur.
Gérald Géronimi dit
C’est toujours aussi bon de te lire, même en pareil circonstance !
Je rajouterais aussi l’histoire du pauvre Alberto Corda et de sa fameuse photo du « Ché », qui à fait le tour du monde et que l’on retrouve à toute les sauces…. Ce monsieur n’à jamais touché le moindre kopek pour l’utilisation de sa photo…. Qu’il repose en paix !
Par contre je suis agréablement surpris par la réactivité et le sérieux de Facebook ! Pour une fois qu’on en dit du bien ça se passe sur shots…. Cet Hervé me surprendra toujours !
Enfin, toi, mon cher ami internaute, oui toi le « drogué » du copié/collé, c’est si compliqué d’envoyer un gentil mail au photographe ? Demande lui l’autorisation d’utiliser telle ou telle photo, la prochaine fois penses-y, tu va être agréablement surpris de la réponse de l’Artiste !
Cordialement,
Gérald
David dit
Bon à savoir pour Facebook ! 🙂
wedding photographer Kuala Lumpur dit
Ce constat qui s’applique à la photo, tellement vrai, se vois à plus grande envergure dans le domaine la musique, du cinéma et des logiciels. Internet et le support numérique ont malheureusement un revers, c’est que dès que c’est mis sur la toile, même avec copyright, ca devient « public » , et nous les photographes n’y échappons pas. Si une de nos photo plais, elle sera récupérée. C’est malheureusement un problème mondial et sur différents médias, mais dans tous les cas c’est bien de le rappeler.
Patou B; dit
Mon cas est un peu spécial, j’ai fait il y a maintenant 22 ans des photos d’amis rockeurs lors d’une soirée avec eux (concert et et after). A l’époque j’ai donné un tirage de ces photos à l’un des membres et me voilà aujourd’hui avec ma série de photos sur leur « myspace » qui ont été « marquées » d’une photographe rock assez connu dans ce milieu. j’ai toujours les négatifs et les tirages de mes photos en ma possession. Loin de moi l’idée de les faire retirer de cette » page », mais je n’ai pas apprécié qu’une Pro puisse se les accaparer. ces photos sont une partie de ma vie, de trés bons souvenirs et cela m’a carrément choquée de les voir sous le nom de quelqu’un d’autre. Que puis-je faire ? J’ai essayé de lui envoyer un message dans un premier temps mais pour l’instant pas de réponse
harvey dit
@Patou B; le droit d’auteur est inaliénable. Le fait que cette photographe applique son copyright sur vos photos me surprend, surtout venant d’une photographe pro, connue dans le milieu de surcroît (des noms ! des noms ! non je plaisante…). Bon c’est transparent, vous avez les négatifs. En même temps il ne s’agit que d’une publication web, donc je ne vois pas l’intérêt denvisager une grosse action. Si vous avez toujours des contacts avec le groupe agissez par là. Ou bien contactez la photographe pour lui demander une explication. Elle vous dira sans doute qu’il s’agit d’une regrettable erreur au marquage…