Cette fois on y est. On a vécu ici une journée comme seul le festival des Vieilles Charrues peut nous en réserver. Intense, éclectique, magnifique. On commence par le groupe vainqueur des Jeunes Charrues l’an passé, Micronologie, qui sert un hip hop engagé. Pas trop ma came, donc, même si les kids ont visiblement l’air heureux, en même temps ouvrir les Charrues on le serait à moins. Ensuite j’ai rendez-vous avec Nneka, sur la scène Glenmor. Ah ! Nneka ! Souvenir ému de sa presta exceptionnelle à ArtRock en 2007, Nneka dont je disais, sur Cinquième nuit : « Retenez bien ce nom, car on en reparlera. » avant d’ajouter la mention putain de concert, car elle le valait bien. Nneka donc arrive, sweet sweet, avec une classe, une élégance qui ne l’ont pas quittée. Splendide voix, groovy, feeling d’exception, Nneka m’offre la première grosse émotion de la journée et c’est loin d’être fini ! Pas facile de se remettre de ça, alors bien sûr la pop sucrée, easy listening des rennais de Montgomery me semble un peu insipide. Une petite pause et je remets le couvert avec Bénabar, qui lui aussi a fait du chemin depuis sa presta au Vauban (ça devait être en 2002). Le gars est une furie sur scène, d’un enthousiasme largement communicatif, un vrai showman façon frenchie. Seul bémol, des textes d’une plattitude exemplaire. Bonne idée la soirée dédiée au label Fargo, sur la scène Xavier Graal. On ouvre avec le suédois Olle Nyman, un pur son tendance bluesy, devant un public de connaisseurs. Retour sur la scène Kerouac avec TV on the radio, déjà vu à la Route du rock en 06. Un combo efficace, tout en puissance, un peu trop même, à tel point que le gros son de TV on the radio perturbera celui, tout en délicatesse de Mademoiselle Alela Diane. Pour l’anecdote, pendant la conférence de presse de Fargo, je trouvais que la petite brune cheveux courts ressemblait presque parfaitement à Alela Diane et après information… c’était elle. Sur scène Alela Diane ne change pas. Elle sert son set impeccable, feeling doux et lisse avec, comme toujours, son dad à ses côtés. Les Charrues, c’est l’occasion de vivre des moments d’anthologie et, alors que je regarde Alela Diane, je ne sais pas encore que le précieux sticker m’attend au point presse. Pouvoir shooter Lenny Kravitz, pour un photographe, c’est du bonheur en barre. Me voilà dans la fosse étriquée, avec dans le dos quelques dizaines de milliers de festivaliers. Dans les premiers rangs, la sécu est grave au taquet. Premiers accords (parfaits), Lenny Kravitz, grand wizzard de la pop devant l’éternel envahit la scène. Ouais, l’envahisseur, c’est lui. La voix, l’attitude, le sens du show, Lenny est aussi bon sur scène qu’on peut l’imaginer. Je quitte la scène à regret pour retourner sur la soirée Fargo, avec Joseph Arthur. J’avais découvert cet artiste gracieux grâce à Peter Gabriel qui l’avait signé sur son label Real world. J’ai vraiment bien aimé la presta, le son, l’ambiance. La bassiste du groupe, tout droit sortie d’un défilé pour Élite, en short et jambes interminables a retenu toute mon attention (et pas que). Chouette concert, Joseph Arthur, c’est à voir en live. Compte tenu de l’annulation du quatuor hollandais Alamo race track (dommage, je les avais noté comme un des groupes à voir), je me retrouve à Kerouac avec les furieux de The Jim Jones revue, un mix de rock root mâtiné de furie façon Stooges. Ca sonne lourd, ça envoit, le chanteur est à la masse, bref un groupe de dingues comme je les aime. Parfait pour finir une journée épatante. Aujourd’hui, c’est samedi et c’est com-plet ! Seul regret, l’absence de NTM et Joeystarr, on a une pensée pour lui. En revanche, le concert du jour, pour moi, c’est Nashville pussy. Retrouver Ruyter, Karen, Blaine and co, ça va le faire.
À propos Hervé LE GALL
Hervé "harvey" LE GALL, photographe auteur basé à Brest au début du monde. A trainé ses godasses et ses reflex dans la plupart des coins sombres de la région Bretagne. Photographe-maison du Cabaret Vauban, photographe officiel des Vieilles Charrues (entre autres). Intransigeant, il aime la photo, les lasagnes, le kouign amann et le Breizh Cola. Rédac chef de SHOTS.