Je ne suis pas prêt d’oublier ce cinquième anniversaire. Au fond, cette soirée s’est déroulée un peu comme j’en avais rêvé. Le Vauban, prêté rien que pour moi par Charles (qui est définitivement un mec que j’aime), tout le Vauban rien que pour moi, avec en prime les sourires de toute l’équipe (impossible de les citer tous mais comment zapper Laurent, Erwan, Valentine, …) avec la permission de minuit. Tout a commencé en fin d’après-midi avec l’accrochage des clichés dans la brasserie. A l’entrée Archie Shepp, ici Olivia Ruiz, à l’entrée de la salle de concert, en haut des escaliers Miossec, là-bas, Alela Diane, Nashville Pussy, … Et puis, au dessus de la table attitrée de Madame Muzy, un tirage unique issu de la collection personnelle de Charles, une photo de Christophe Miossec que j’avais shooté pendant le tournage du clip avec Tiersen en 2005. Un inédit en noir et blanc pour lequel j’ai une affection particulière. C’est une fois que tous les souvenirs étaient en place que j’ai pris la mesure de ces cinq ans au Vauban. Putain ! Cinq ans ! J’ai l’impression d’être né ici, d’avoir toujours été du Vauban, d’en être un de ces fils adoptifs. Grosse émotion, partagée avec Charles, devant des clichés ou des dates qui nous ont marqué : Le Nombre, Roy Haynes, Nouvelle vague (ah ! Mélanie !), les Bérurier noir (les Béru au Vauban, Dieu me tripotte !), … Daniel Darc, psaume 23. Bon, ce soir on a une nouvelle page à écrire (chapitre 2, celui qui va de 2009 à 2014) et pour ça le pari c’est de faire jouer des jeunes groupes devant un vrai public. Le set commence avec Daughters of Albion qui sert une pop acidulée mais pas sucrée, avec des textes tout en anglais dans le texte. Les trois filles du trio (guitare, claviers, batterie) semblent au moins autant s’amuser que le public, ce qui est plutôt bon signe pour un début de soirée. Les Daughters nous offrent leur part d’ombre en fin de concert pour laisser la place à Panettone Emergency, le nom sous lequel le trio officie pour envoyer le bois côté néo punk et là, bordel ! Ça envoit et ça fait pas dans le chamallow, à tel point que, pour ma part, j’aurais bein repris un peu plus de Panettone que de perfide Albion. L’année prochaine (oui, parce qu’évidemment il y aura un Pop corn 2) on veillera à inviter Panettone Emergency ! La seconde (très) bonne surprise et l’excellente idée de cette soirée, c’est d’avoir inviter les Bumble bees, un groupe totalement atypique, comme on n’en fait plus depuis un bail et assurément comme il n’en n’existe pas actuellement, du moins pas à ma connaissance. Bumble bees, c’est trois garçons, quatre filles, une seule possibilité : c’est fun, c’est heureux et surtout c’est merveilleusement en place. Le groupe offre un son pop comme on n’en fait plus, un son qui puise ses racines dans la fin des années soixante, du côté de la pop british, même si le combo s’offre des grands écarts vers des sonorités plus exotiques. Le bonheur de jouer est palpable et l’esprit de déconne joyeuse aussi. J’imagine assez bien les Bumble bees on the road, façon communauté anarcho-libertaire seventies, un peu à la façon de la planète Gong. Grosse sensation, l’impression d’avoir découvert un groupe qui pourrait bien faire parler de lui et le plus tôt sera le mieux. Et puis pour finir, on s’est payé une tranche de John Cage Bubblecum, un trio comment dire ? Hors-cadre. Aux claviers et guitares, tout de vert vêtu (pour conjurer la malédiction du vert sur scène ?), on reconnaît Cyril qui officiait dans le combo brestois feu Silence radio. Les titres et les commentaires d’entre deux sont annoncés par une voix de synthèse préalablement enregistrée sur un walkman, ce qui donne un côté assez savoureux au déroulement du set. Les titres sonnent juste, JCB envoit du gros son et place la Cinquième nuit sur orbite. Vingt minutes avant minuit, il y a plein d’étoiles dans le Vauban, plein d’images dans mes yeux. Même pas le temps de remercier les techniciens (Fabrice aux lights, Anne-Hélène au son) qui déjà remballent le matos alors que s’installe le p’tit bal de la Redoute. Ouais, c’était une soirée de rêve, un anniversaire digne de Cinquième nuit et du Vauban. Tout cela a été possible grâce à une poignée de gens, au premier rang desquels les Daughters of Albion, avec le soutien de Radio U et de la Ville de Brest. Et puis, évidemment, grâce au public qui est venu soutenir cette fête, merci à tous les gens qui ont constitué ce qui fait la force de ce lieu unique. Le nouveau chapitre de mon histoire avec le Vauban s’ouvre en septembre avec la reprise des concerts. D’ici là, l’hôtel Vauban aura fini sa cure de jouvence et avec toute l’équipe du Vauban, on vous prépare plein de surprises. Merci à tous. Et que vive le Vauban !
Laurent Bervas dit
… et que vive toi 😉