Pour reprendre une expression chère au cœur d’une amie, j’avais décidé cet été de me mettre en mode yolo*, du point de vue matériel photo, pour ma seizième participation en temps que photographe au festival des Vieilles Charrues. Avec l’âge, le poids du matériel va de pair avec le nombre des années. Donc, cette année, c’était décidé, signé, acté, croix de bois croix de fer, on voyagerait léger sur la plaine de Kerampuilh. D’autant que je filais le parfait amour avec mon nouveau chouchou, ce merveilleux reflex qu’est Nikon D500, oui, merveilleux même si c’est un format DX. Sans vouloir me répéter, ce reflex a tout d’un grand. Plus précisément, il a tout de son grand frère, le somptueux Nikon D5, flagship FX de la marque jaune. Tout, jusque son module autofocus qui, par la grâce de la taille de son capteur, lui permet l’audace d’afficher ses 153 collimateurs sur l’entière largeur de son viseur. Pour le confort de prise de vue, c’est sans égal. Sans compter qu’avec le grip Nikon, on peut loger une batterie de D4s qui vient s’ajouter à la batterie d’origine, ce cumul autorisant une autonomie complètement dingue. Bref. On était bien. Avec Nikon D500 et mes deux optiques standards (l’excellent Nikkor 24-120mm f/4 et le légendaire Nikkor 70-200mm f/2,8 VRII), j’allais pouvoir shooter peinard, d’autant que le crop DX de 1,5 me permettait de voir encore plus loin. J’observais avec amusement mes camarades de la team photo équipés comme des joueurs de poker, leur D5 sous le bras. Quelque chose ajouter ? Non, rien. Cette année on avait besoin de rien. Jusqu’à ce que mon regard croise le nouveau Nikkor 180-400mm f/4.
(*You Only Live Once)
Nikkor 180-400mm, une optique d’exception
• Nikon NPS en soutien aux photographes des Vieilles Charrues
Comme chaque année, les membres du Nikon Pro Services (le NPS dirigé par Ludovic Dréan) sont présents sur l’espace presse dans un local dédié, pour apporter leur soutien matériel et technique aux photographes équipés en Nikon. Cette collaboration de la marque jaune avec le premier festival de France ne date pas d’hier. Elle fut initiée il y a de nombreuses années par Gilles Kerboriou, photographe (qui animait l’équipe des photographes) et la direction régionale ouest de Nikon France (dirigée par Jean-Jacques Cavalin) qui prêtait du matériel aux photographes officiels des Vieilles Charrues. Le rapprochement entre le festival et la marque nippone s’est encore accentué, à partir de 2010, lorsque, je me suis rapproché de Nikon. Ironie du sort, j’étais alors photographe officiel des Vieilles Charrues, équipé en Canon et j’œuvrais pour améliorer le quotidien de mes camarades équipés en Nikon. L’année suivante, ayant switché sur Nikon D3s, j’ai pu moi aussi bénéficier, enfin, du support NPS.
Inutile de dire combien la présence du NPS sur le site du festival est précieuse. Service gratuit de prêt de matériel Nikon apporté aux photographes Nikon (et aux autres), petites réparations express (nettoyage de capteurs, changement de gommes, …merci Cédric et Sylvain, techniciens NPS), je peux vous garantir que les photographes apprécient ce soutien technique. Sans compter que cette année encore le NPS n’est pas venu aux Vieilles Charrues les mains vides. Pour les photographes présents, c’était une occasion unique de tester la crème des reflex Nikon (D5 et D850, entre autres) et des optiques Nikkor. Et de ramener des images totalement inédites. Alors évidemment, quand Ludovic Dréan te propose de monter le tout nouveau 180-400mm f/4 sur ton D500 tu ne dis pas non.
• Premier contact avec Nikkor 180-400mm
Naturellement, le premier contact avec cette nouvelle optique se fait d’abord par l’évaluation de son poids (3,5 Kg). Nikkor 180-400mm change la vision qu’on peut avoir de l’image, du tout au tout. J’ai, par le passé, largement utilisé Nikkor 300mm f/2,8 VRII en tandem avec un téléconvertisseur TC20EIII (600mm f/5,6) mais ici on change de registre, mieux on change de planète. D’abord parce que cette optique est une focale variable, avec un range quasi idéal de 180 à 400mm avec une ouverture constante de f/4. Autant dire que dans le viseur de D500, du point de vue luminosité, c’est Byzance ! Puisqu’on en est au chapitre D500 qui est un format DX, on bénéficie en plus du crop 1,5. Par la grâce de ce coefficient, Nikkor 180-400mm booste sa focale à 270-600mm autant dire que monté sur Nikon D500 ce caillou permet de voir loin, très loin. C’est tout ? Non, ce n’est pas tout, je ne vous ai pas encore parlé du petit loquet qui se trouve à droite de l’optique et qui permet d’activer le téléconvertisseur 1,4 et ce sans quitter l’œil du viseur. Un détail qui change tout. On passe alors à une focale de 378-840mm et on perd un diaph au passage à f/5,6 (mais c’est très anecdotique). Il me restait à tester la bête sur le terrain. Autant vous le dire franchement, je ‘ai pas été déçu du voyage.
• Nikkor 180-400mm, Dave Gahan et moi.
L’occasion d’un premier test grandeur nature avec le concert de Depeche mode était trop belle. Je me suis éloigné de la scène Glenmor, positionné à une centaine de mètres de la scène avec le combo D500 et Nikkor 180-400mm monté sur un monopode. Cet accessoire me permet de travailler en réduisant la fatigue liée au poids du caillou (3,5Kg) et en apportant une meilleure stabilité à l’ensemble, même si le VR est d’une redoutable efficacité. Le switch portrait paysage est facile, le reflex pivotant sur l’axe de l’optique. Le viseur restitue une image d’une clarté surprenante pour une optique ouvrant à f/4. Dès le début du concert de Depeche Mode, le groupe emmené par Dave Gahan assure le show et le D500 commence à ronronner. Je monte rapido à 400mm, soit 600mm sur le format DX, le plafond habituel avec un Nikkor 300mm doublé. C’est là où le levier positionné à la base de l’optique, à droite, va entrer en scène. J’actionne le levier vers le bas, alors que j’ai l’œil dans le viseur et le téléconvertisseur s’enclenche, l’effet visuel est impressionnant. Je passe instantanément de 600mm f/4 à 840mm f/5,6 tout en conservant une grande latitude dans le cadrage et une parfaite vélocité de l’AF. Quelle optique ! Dave Gahan avance sur le proscénium, harangue le public. Toutes les conditions sont réunies pour faire de l’image. Finalement, Nikkor 180-400mm est une optique hors norme qui permet de réaliser des images hors normes.
• Nikkor 180-400mm à main levée. Pas de couac à Kerouac
Le lendemain vendredi, premier concert sur la scène Kerouac, c’est la charmante Cœur de Pirate qui ouvre le bal. J’entre dans la fosse avec mon D500 sur lequel est monté Nikkor 180-400mm sous l’œil amusé de mes camarades photographes. Avoir choisi de bosser à main levée, sur la scène Kerouac qui est une scène compliquée parce placée en hauteur, avec une artiste au piano de surcroît est un choix extrêmement gonflé, pour ne pas dire casse-gueule. Mais j’en avais envie, envie de sentir le poids, de voir si c’est jouable. Dès le début du concert, je constate encore une fois à quel point l’AF de cette optique est d’une vélocité hallucinante, le suivi 3D de Nikon D500 est à la fête. L’autofocus, habituellement hyper réactif, me semble encore plus efficace avec cette optique, à aucun moment je ne perds le point. En revanche, je suis de base à 270mm, ce qui signifie que positionné à côté des photographes équipé en 70-200mm pour la plupart, je suis un peu aux fraises (même si la distance de map minimum sur ce gros caillou est réduite à 2 mètres). Je vais donc m’écarter du groupe, m’isoler loin, côté jardin. Juché sur une marche du crash barrière, sécurisé par un membre de la sécu, je shoote la belle Béatrice Martin et je vis des moments véritablement extatiques. L’ergonomie de cette optique, en particulier la bague de zoom judicieusement placée, facilite grandement le travail. En revanche, je dois m’accorder des pauses, de temps à autre, tant le poids de l’optique (3500 grammes, pour mémoire) pèse sur les bras et les épaules. Pour le reste, les images sont là. Piquées, nettes, d’une précision remarquable. Aucun doute, cette optique est un privilège rare.
• Gorillaz à Glenmor
J’ai utilisé Nikkor 180-400mm à deux reprises, le lendemain samedi, sur Gorillaz et Massive attack. Je me disais que la bande de Damon Albarn ne pouvait pas décevoir et je ne me suis pas trompé. Malheureusement, les exigences de Gorillaz de supprimer le proscénium ont fait qu’on n’a pas vu les membres du groupe aller plus au contact avec le public, comme l’avait fait Dave Gahan lors du concert de Depeche mode. Qu’importe, Damon Albarn, fidèle à sa réputation de showman est allé à la rencontre du public des premiers rangs, debout sur les crash barrières. L’occasion de réaliser quelques images entre 400 et 800mm, activant et désactivant le TC14 à loisir. Le confort de prise de vue sur monopode est réellement appréciable et cette optique dantesque a encore une fois tenu toutes ses promesses.
• Une optique premium
En conclusion, avec Nikkor 180-400mm f/4E TC1.4 FL ED VR on est dans le superlatif à tout point de vue. C’est une optique premium qui ravira tout ceux qui ont à la fois besoin de voir loin tout en bénéficiant d’une polyvalence en matière de focale. Naturellement, le téléconvertisseur intégré permettant de pousser la focale d’un coefficient de 1,4 est un plus, d’autant que l’activation du TC 1,4 se réalise sans quitter l’œil du viseur, simplement en actionnant le loquet à sa droite. Le poids reste correct pour une optique de ce range, un poids optimisé par l’utilisation d’une lentille fluorite. Voilà une optique qui va attirer ceux qui ont besoin de voir loin, photographes sportifs ou animaliers. Le mode VR est une évidence sur ce type d’optique, complété par une option VR Sport qui autorise la prise de vue sur des sujets en mouvement rapide. Quant à l’autofocus, que dire sans tomber dans le dithyrambique ? En duo avec D500 (et a fortiori avec D5 ou D850), l’AF est hyper réactif en particulier en mode suivi 3D. Le prix public annoncé est lui aussi à la hauteur de l’engagement : 11.999€ TTC soit un peu moins de 10K€ HT pour un professionnel récupérant la TVA. Un investissement important mais qui peut s’avérer rapidement rentable si j’en juge des images que cette optique peut permettre de ramener.
• un immense merci à Nikon France, au NPS (Nikon Pro Services) en particulier à Ludovic Dréan pour son soutien indéfectible depuis toutes ces années, ainsi qu’à Claire Malard responsable du service presse au Festival des Vieilles Charrues et bien sûr à Jérôme Tréhorel, Directeur Général du festival.
• voir les photos du Festival des Vieilles Charrues 2018 sur le site Cinquième nuit.