On avait fêté comme il se doit le cinquantième anniversaire du Cabaret Vauban, c’était en 2012. Une fiesta jusqu’à pas d’heure, comme on ne sait en faire qu’à Brest, dans ce lieu mythique. Pour l’occasion, Charles Muzy (aka le taulier) avait mis les petits plats dans les grands et rameuté tout ce que le Vauban comptait de potes. Ce soir-là, on avait tous convergé vers un seul lieu, ce lieu unique au début du monde, foutrement culte, l’endroit où j’ai posé mon sac et mon cul avant même de m’installer à Brest. Le Vauban, mieux qu’un paquebot de croisière, un rafiot, un équipage, une seconde famille. Ils étaient venus, ils étaient tous là, en ce soir mémorable de novembre 2012. De Ouessant et de Molène, on avait vu débarquer au Conquet les gars des îles. J’avais croisé Fifi la boulange, de Ouessant et je lui avais lancé « Tu vas où comme ça Fifi ? » Et il m’avait répondu… Non, la décence m’interdit de relater ce qu’il m’avait répondu, dans un éclat de rire. Oui, ce soir-là il y avait du beau linge étendu aux fenêtres de l’Hôtel Vauban, culte comme le Chelsea Hotel de New York, mais ici, à Brest et en mieux. Et puis dans le sillage, il y avait quelques p’tis gars de Recou qui avaient consenti à passer le pont du même nom et parmi eux il y avait Miossec qui avait déserté ses anciens champs de bataille pour s’installer là-bas, à Locmaria Plouzané, histoire de scruter l’horizon peinard. Bref, ça avait été une belle soirée, avec des zicos qui étaient venus jouer pour des queues de cerises et ça s’était fini tard, comme souvent au Vauban, autour d’un croissant chaud au petit matin et d’une dernière gorgée de bière.
Deuxième anniversaire des 50 ans du Cabaret Vauban
L’année suivante, Christophe Miossec avait lancé l’idée de perpétuer cet anniversaire chaque année, sur le principe du premier anniversaire, puis cette année du second anniversaire de l’anniversaire du Vauban. Cette année encore, des artistes viennent pendant deux soirs fêter le Cabaret Vauban pour ce qu’il est, pour ce qu’il représente dans le tissu culturel local, comme disent les politiques. Justement, les politiques parlons-en. Du beau soutien à ce lieu chargé d’histoires, la ville de Brest se désengage progressivement. Plus de sous à mettre dans la culture, on préfère investir dans un téléphérique (ah ah ! On ne s’en lasse pas !). Désormais il appartient au Vauban seul de gérer la salle, la convention avec la ville s’étant réduite à peau de chagrin. Du chagrin, parlons-en. On en aura le jour où il n’y aura plus de concerts à Vauban. Mais en attendant ce jour funeste, si possible le plus tard possible, on a rendez-vous au Vauban ce week-end pour deux soirées.
Samedi 1er novembre avec Santa Cruz, qui vient nous servir son rock de bon aloi. On les connaît bien puisqu’une partie d’entre eux avait constitué le line-up du groupe de Miossec sur la précédente tournée. On peut imaginer qu’il y aura quelques surprises, samedi soir. Le lendemain, dimanche 2 novembre, c’est le concept « Un piano, un micro avec des dents », exercice éminemment casse-gueule où des artistes viennent chanter sans filet, seulement accompagné d’un piano et d’une guitare. Et de surcroît des chansons qui ne sont pas d’eux. On verra, outre Miossec qui affecte particulièrement les numéros d’équilibriste, quelques calibres de la scène française dont Sanseverino, Dominic Sonic, Ladylike Lily, quelques membres de Santa Cruz (s’ils ont survécu à la soirée de samedi) et Frandol. Oui, l’excellent Frandol sera là, éminent spécialiste des chansons à double fond, en espérant qu’il vienne chanter en français (Roadrunners, motherfuckers !) et qu’il nous annonce un album pour bientôt, parce que là ça commence à faire long, si je puis me permettre. Bref, un beau dimanche en perspective.
Le Cabaret Vauban, c’est là où je suis né, c’est là où j’ai mes plus beaux souvenirs de concerts. Le Vauban, c’est comme une famille. On y vient un jour de printemps, par hasard, pour boire un godet, on pousse la porte, on découvre ce lieu comme on n’en fait plus. On descend l’escalier, en prenant garde à ne pas se casser la gueule, en tenant la rambarde, on pousse la porte à battant qui couine, puis encore un escalier, quelques marches et juste en face le bar, authentique héritage familial et sa décoration ultra kitsch. Voilà. Tournez-vous à gauche, vous y êtes. Le dancefloor et son parquet en bois, la boule à facette. Bienvenue à la Redoute, la salle de bal du Vauban. Elle n’a quasiment pas changé depuis cinquante ans. Comme moi, vous ne l’oublierez jamais.
• le concert de samedi 1er novembre avec Santa Cruz + guests (tarif 15€)
• le concert de dimanche 2 novembre « Un piano, un micro avec des dents » feat. Miossec, Sanseverino, Dominic Sonic, Frandol, Ladylike Lilly, … (tarif 20€)
• photo : Charles Muzy sur scène avec Frandol (crédit Hervé Le Gall)
mace jean marc dit
coucou charles
malheureusement je ne pourrai pas assister à ces concerts pouf merde
à bientot toujours un grand plaisir de te voir
amitié sculpteur JEAN MARC MACE