C’est écrit et c’est inéluctable. La visée reflex a vécu. Le reflex tire ses dernières cartouches et se prépare à rentrer, au mieux dans les musées, au pire au cimetière. C’est Sony qui a dégainé le premier en proposant Alpha 7, il y a près de dix ans, en octobre 2013. Il aura fallu attendre cinq (longues) années pour voir les deux géants que sont Canon et Nikon proposer à leur tour des gammes d’APN plein format à visée réelle. Quatre ans après avoir proposé sa première gamme mirrorless à visée réelle, avec Z6 et Z7, la marque jaune a enfoncé le clou avec Nikon Z9, alors que dans le même temps Canon annonçait son retrait du segment reflex pour se concentrer sur sa gamme EOS R. L’affaire est entendue. Désormais il faudra compter sur la visée réelle. Quant aux reflex, ils sont condamnés à disparaître progressivement des écrans radars…
Visée réelle VS visée reflex ? Y’a pas photo !
Quand j’évoque Nikon enfonçant le clou avec son Z9, il me semble que c’est l’annonce du nouveau flagship qui a remis les pendules à l’heure. De nombreux photographes professionnels ont découvert la liste hallucinante de specs du nouveau boîtier monobloc estampillé Nikon. Mais tout le monde attendait de voir. Pour les JO c’est Tobias Schwarz qui nous a dégainé un cliché de dingue et là tout le monde a compris ce que Nikon entendait par 120fps à 1/32000è de seconde. D’ailleurs je me suis laissé dire que nombre de photographes ont tenté de réitérer ce cliché, sans le même succès. La photo, ce n’est pas seulement la conjonction entre un matos haut de gamme et un index sur le déclencheur. Maîtrise technique et talent sont indispensables.
• Visée réelle, une nouvelle ère
De là à opposer la visée réelle au reflex, il n’y a qu’un pas, allègrement franchi sur les forums et les réseaux sociaux. Je lisais récemment ce jugement à l’emporte-pièce : « Les Z sont qualitativement comparés aux D850 mais les Z sont pour ceux qui aiment la facilité. » C’est peu ou prou le genre de raisonnement qui était mis en avant lorsque les optiques furent équipées d’autofocus. Non, il n’est pas plus facile de faire une bonne photo avec un Z7 qu’avec un D850. En revanche, Nikon Z permet d’accéder à certaines fonctionnalités qui n’existent purement et simplement pas sur D850, à commencer par la visée réelle, justement. Croyez-moi sur parole. Quand j’ai goûté aux fonctionnalités de la visée réelle, j’ai su que j’avais franchi un pas et que tout retour en arrière serait désormais impossible. Comme la première fois où j’ai travaillé avec une optique Canon série L autofocus.
• Le silence est d’or
What you see is what you get. Les réglages que vous réalisez sont immédiatement répercutés dans le viseur. Mais je vous rassure, ça ne vous interdira pas de chier une photo ! Quand j’évoque des fonctionnalités qui existent sur mon Z et qui n’existent pas sur mon reflex (oui, j’ai conservé l’excellent Nikon D500 en backup), je pense aussi au mode silencieux. Pouvoir faire des photos dans le silence absolu, c’est un must. J’évoquais il y a peu cette possibilité avec un photographe de plateau, un professionnel connu dans le milieu du cinéma. Pour lui, l’annonce de Sony Alpha fut une véritable délivrance. Avant Sony A7, il utilisait des caissons de mousse blindée à la feuille de plomb pour atténuer le bruit du déclenchement de ses reflex. Il utilise désormais Sony A7 et Sony A9 sur les tournages et le confesse : « Le mirrorless a changé la vie des photographes de plateau ! »
•Les optiques demeurent
Il ne faut pas être grand clerc pour admettre que l’appareil photo numérique à visée reflex a vécu. Lentement, mais sûrement, les reflex vont disparaître de la scène et laisser leur place aux mirrorless. En revanche, les optiques, elles, demeurent. Même si Canon et Nikon concentrent désormais leurs efforts sur leurs gammes respectives dédiées aux mirrorless, il n’en demeure pas moins qu’on peut utiliser les optiques de nos reflex sur nos Z et consorts. D’ailleurs Tobias Schwarz a utilisé l’excellent 180-400mm sur Z9 via l’adaptateur FTZ Mark II. Pour ma part, je monte mon Nikkor 70-200mm f/2,8 VRII sur Z6 et c’est parfait. Même s’il me manque des fonctionnalités spécifiques aux nouvelles optiques Z (bague et touches de fonctions paramétrables) et que l’ajout d’un FTZ est toujours un peu laborieux.
• En attendant Nikon Z8 ?
Mon prochain boîtier, celui qui remplacera mon Z6 (que j’aime), sera naturellement un Nikon Z. J’attends tranquillement que la marque jaune écrive le prochain chapitre, la suite de l’histoire. J’attends le boîtier qui va suivre Nikon Z9, qui héritera probablement de certaines de ses specs. Peut-être un boîtier occupant une place entre la gamme Z6 /Z7 et Z9, possiblement Nikon Z8 ? Du côté de Canon les lignes sont aussi appelées à bouger, avec un EOS R haut de gamme à l’image du Z9. Bref, cette année 2022 nous réserve encore de somptueuses surprises. La photographie ne cessera jamais de me fasciner.
• cet article n’est pas sponsorisé