Pour un peu, si j’avais écrit ce billet trois jours plus tard, on aurait presque pu croire à un poisson d’avril. Annoncer la venue de Bob Dylan au festival des Vieilles Charrues, c’est un peu comme évoquer les noms de Neil Young ou du mythique combo autralien AC/DC sur la plaine de Kerampuilh et ça, j’ai déjà donné, les lecteurs assidus de Shots le savent bien. Hier en fin de journée, quand j’ai vu passer l’info en direct live sur mon Twitter, émanant d’une source radicalement fondée, j’ai quand même pris le soin de faire une recherche dans Google actus et puis je suis revenu sur Twitter pour beugler à tout va « Bob Dylan aux Charrues ! Bob Dylan aux Charrues ! » excité comme un gamin devant son arbre de Noël. Il faut avouer que c’est un très, très beau cadeau. Mes premières pensées vont aux programmateurs des Vieilles Charrues qui rêvent d’accrocher ce nom à l’affiche de leur beau festival. Ah ! Voir Dylan et mourir, en paix. Pouvoir enfin aller taper aux portes du paradis en se disant que cette fois, on a fait le tour, l’histoire est bouclée, clos cachetée. Dylan, Bob Dylan. Un mythe absolu, légende des sixties qui va chanter à deux pas d’une scène baptisée Kerouac, du nom de celui qui entraîna avec lui toute une génération de beatnicks, tu le crois ça ? Une discographie longue comme le bras, figure incontournable des années soixante et soixante-dix, une trentaine d’albums, un parcours semé d’embûches, de coups de gueule tonitruants et puis au bout de la route les honneurs, la reconnaissance, la gloire. Aujourd’hui, qui ne se recommande pas de sa paternité, qui ne revendique pas une influence dylanienne ? D’ailleurs on dirait bien que le mot songwriter a été inventé pour lui. Bref, n’en jetez plus ! Bob Dylan aux Vieilles Charrues – ouais je sais ! On ne s’en lasse pas hein ? – ça renvoie tout ce qu’on a vu depuis vingt ans au rang de l’anecdote, même le boss en 2009 ? No offense, mais oui, même le boss. Là, on est dans le gros calibre, le superlatif, le lyrique. Pour atteindre ce niveau, il faudrait faire venir les Rolling Stones ou Paul Mac Cartney l’an prochain (tiens, en voilà deux idées qu’elles sont bonnes). Voir Dylan et mourir, d’accord. Mais le plus tard possible, si ça ne vous dérange pas. Moi, je peux pas, en tout cas pas tout de suite, parce que le mois suivant, voyez-vous, en août j’ai rendez-vous avec Miossec à la fête de bruit dans Landerneau et puis j’ai aussi rendez-vous avec David Guetta pour faire la fête all night long (et à l’occasion faites-moi penser de demander à Guetta s’il a aussi été influencé par Bob Dylan), alors excusez-moi, mais la mort attendra et le paradis avec elle. Ou alors petite, la mort et le plus souvent possible. Orgasmique, jouissive, heureuse. Comme un rêve de gosse, les poings sur les hanches, un p’tit gars de chez nous qui regarde une affiche, se dit que cette fois, c’est pour de vrai et répète, incrédule. Bob Dylan aux Charrues ! Bob Dylan aux Charrues !
• voir le site internet des Vieilles Charrues
• relire aussi l’article écrit il y a quatre ans (déjà) ici-même, sur Shots.