Il n’est de pire scénario que celui qu’on a vécu hier soir, sur le coup de 23:00 à Glenmor, en attendant Muse. je vous décris la scène comme si vous y étiez. Devant, des roadies balayent la scène en espérant dégager l’eau qui sy accumule. Derrière le public. Dans les premiers rangs, les irréductibles sont heureux, quoiqu’il arrive. Plus on s’éloigne des premiers rangs, plus les visages sont défaits. En plus cette année, les parapluies sont interdits, pour les raisons de visibilité qu’on imagine. Au centre, dans la fosse, les photographes tirent la gueule, malgré une excellente bande-son. Bon, cela dit, les photographes tirent toujours la gueule dans la fosse, même quand il fait soleil et qu’on leur passe Tata Yoyo. Mais cette fois les photographes ont une bonne raison de faire grise mine, parce que de là-haut on nous balance des seaux de flotte par brassée, ça tombe, ça tombe et ça ne finira donc jamais. On est à Carhaix et malgré tout j’ai une pensée pour Brest et pour Miossec : « mais nom de Dieu ! Que la pluie cesse. » Ma prière ne sera pas entendue. Et puis Matthew Bellamy arrive enfin, mais même lui et Muse ne me feront pas oublier que je suis trempé comme une souche, malgré mon ciré de haute mer Jeantex que le monde entier m’envie, à commencer par Olivier de Kersauzon qui lui préfère Guy Cotten (c’était notre page de pub, merci à mes sponsors). Sans blague, je n’ai rien vu du concert, rien ou presque. J’ai shooté au jugé, bénissant le ciel et Canon France réunis de m’avoir fourni un ensemble EOS 1D Mark IV et un 70-200 parfaitement tropicalisés.
Tout avait plutôt bien commencé, pourtant. Un chouette concert de Revolver, d’abord. Quatre garçons dans le vent devant cinquante mille personne, j’imagine la pression pour ce combo sympa et attachant qui délivre des petites bluettes dynamiques. La dernière fois que je les ai vus, c’était au Run ar Puñs devant une salle bien pleine, déjà. Un choix judicieux que de dégainer avec Revolver (je marque une pause, je m’applaudis moi-même pour ce jeu de mots de bon aloi et je m’étonne que le Télégramme n’en n’ait pas fait autant puis je dis Kamoulox). Direction Kerouac pour un set rock avec The Raveonettes, déjà vu il y a une paire d’années à la Route du Rock. Sharin Foo, la blondinette danoise est toujours sexy mais peut-être un peu moins sauvage qu’en 2005, même si de vous à moi elle reste très pretty in black dans sa petite robe noire proprette. Sune Rose Wagner lui, n’a pas changé, look eighties avec son t-shirt de rebelle et ses Ray ban Wayfarer (I love rock’n roll). Allez, une petite pause et voilà Dutronc, Ray ban Aviator sur le nez. Marrant de voir le père de Thomas fouler la même scène que le fiston, non ? Allez, Dutronc, c’est toute un pan de ma jeunesse, surtout la période texte avec Jacques Lanzmann. Le reste, tout le reste, caca poum et autre merde in France, c’est pas ma came. D’ailleurs il y a quelque chose qui m’agace singulièrement chez Dutronc, cette espèce de désinvolture joviale, ce foutage de gueule permanent aurait tendance à m’escagasser la pompe à Coreff. N’empêche. En écrivant une mythologie du rock français, on ne peut pas zapper « la fille du père Noël » qui, pour toujours et à jamais, me fera éternellement penser à Marie-Noëlle H. de mon adolescence, ma blonde et jolie girlfriend dont j’étais fou amoureux. Deux ou trois kleenex plus tard, je suis sur Muse, et vous connaissez la suite. Défait, trempé jusqu’aux os, je jette l’éponge et le seau qui va avec et qui déborde, décidant sagement de zapper le dernier concert de la soirée. Il ne faudra donc pas compter sur moi pour ouvrir la cage à Mr Oizo (oui, j’ai fait une formation accélérée rapide de bons mots au Télégramme). En revenant sur Brest, entre Carhaix et Châteaulin, on prend encore quelques trombes de flotte dans la gueule, le patron là-haut semblant nous dire : « c’est pour moi, ça m’fait plaisir ! »
On approche de Brest et la pluie cesse, merci Miossec d’avoir prié avec moi. Avant d’aller rejoindre Morphée, nettoyage en règle du matos qui n’a pas souffert. Vendredi sera un autre jour, avec son lot de bonnes surprises et je l’espère une météo plus clémente. Le soleil devrait revenir franchement à partir de demain pour un week-end ensoleillé sur Carhaix les bains. C’est marrant, pendant que j’étais sous la flotte à attendre Muse, je repensais à cette chanson des années soixante dix : « Qu’elle est belle, ma Bretagne quand elle pleut… » Alors que je regardais ces visages, ces figures, dans le public, j’ai perçu ce qui fait la puissance de ce festival, ce qui le rend définitivement unique. Cette envie d’être là, ensemble, sur la plaine de Kerampuilh. Contre vents et marées…
• photo : une jolie petite squaw attendant sagement le set de Muse (EOS 1D Mark IV, 70-200 2,8L IS II, brut de capteur)
Jay dit
La pluie, c’est l’idéal pour tester la fiabilité d’un autofocus souvent pris en défaut par la colère de Zeus. J’en ai fait l’expérience sur le défile parisien !
Justine dit
Oh mais c’est moi dit donc. Vive les Charrues !!!
harvey dit
@Justine rendez-vous en juillet à Kerampuihl !
Justine dit
Pas de souci pour ça, les charrues impossible de louper !!!