Voilà un moment que ça dure, un moment qu’on m’en parle de ce caillou. Le premier photographe à avoir évoqué avec moi cette optique, c’est mon ami Gérald Géronimi, le photographe de mariage que le monde entier nous envie. Il me parlait de ce 135 mm f2 signé Canon avec la même émotion qu’un souvenir d’enfance, le même enthousiasme que lorsqu’il avait touché son premier matos photo. Et il n’est pas le seul à vanter les mérites de ce caillou un peu singulier. Tous les photographes de mes amis qui ont utilisé un jour ou l’autre un 135 f2 sont unanimes. « C’est un caillou d’exception, peut-être le meilleur de la gamme Canon. » affirme de son côté Jean Dupont, photo journaliste. Je le taquine. « Meilleur que le 70-200 2,8L IS ? » Et Jean de répondre « Sans problème. Cette optique, quand tu l’as utilisée une fois, c’est fini, tu ne peux plus t’en passer ! » Eh ben mon cousin, rien que ça ! Il fallait que j’en aie le coeur net. Dans le cadre du soutien que Canon France m’apporte sur le festival des Vieilles Charrues, quand on a parlé optiques c’est donc tout naturellement que j’ai glissé le nom du 135mm f2, pour une utilisation bien précise, une galerie de portraits que je veux réaliser depuis des années. Et là mon interlocuteur chez Canon France m’a simplement répondu en souriant « Excellent choix. »
Hier dimanche, j’ai donc embarqué dans mon sac EOS 1D Mark IV, un 70-200 2,8L IS série II et le fameux 135mm f2 et en avant Guingamp ! Direction Cast et son calvaire de granit. Plus apaisant q’un groupe de rock, même si je connais de nombreux groupes de rock qui sont de véritables calvaires… Première réaction, je cherche la bague de zoom pour modifier la focale, mauvaise idée. Après toutes ces années à utiliser des zooms, j’avais oublié que sur une focale fixe, c’est au photographe de bouger. Étrange sensation que de faire des clichés de ce genre, en plein jour, sans stress, sans pression. Pas grand chose à voir avec mon univers habituel, ici, avec cette configuration, il y a une forme de sérénité, de calme et puis il y a mon côté breton granitique qui me donne une certaine proximité avec les vieilles pierres. Du côté de l’EOS 1D Mark IV, je ne vais pas redire tout le bien que je pense de ce boîtier, de sa réactivité. L’expérience de prise de vue avec un Mark IV c’est comme piloter une grosse cylindrée ou monter un pur-sang. On sent qu’on peut s’enivrer, aller au bout du monde ou se péter la gueule au moindre faux pas. Du côté du 135mm, j’ai fait plusieurs clichés à pleine ouverture (f2) et d’autres clichés à f8, pour jouer avec les profondeurs de champ. Le résultat est somptueux, disons-le clairement. À pleine ouverture, la PDC est évidemment très réduite, le bokeh est d’une douceur à tomber (j’imagine ce que ça peut donner en portrait) et l’image donne une sensation de relief, de profondeur vraiment remarquable. Quand au piqué il est définitivement fascinant. EOS 1D Mark IV + 135mm f2 produisent des images RAW brutes de capteur d’une qualité rarement atteinte. Ça c’était pour la prise de vue lambda à 100iso. J’ai poussé un peu plus loin, vers Douarnenez pour faire une prise de vue en intérieur, dans une petite chapelle.
Dans cette chapelle et dans la pénombre, je monte la molette à 800iso et toujours avec le 135 à f2 je fais quelques clichés des vitraux. Ici un cœur, là un Christ en croix. À l’extérieur, sur un calvaire, une sculpture du Christ mourant dans les bras de Marie-Madeleine. C’est en revenant le soir et en développant les RAW que j’ai vraiment pris toute la mesure de la pertinence du 135mm Canon. En regardant le cliché brut de fonderie du vitrail du Christ en croix, j’ai vraiment senti toute la démesure, la magnificence de cette optique et pas seulement. J’ai aussi été stupéfait de la capacité du Mark IV à restituer l’émotion, la réalité, la richesse des couleurs. N’en jetez plus ! C’est dit. Mes amis photographes avaient raison ! Le 135mm f2 est une optique d’exception à posséder absolument.
Fizmoo dit
Je confirme, cet objectif est « magique ». Il rend les gens beaux, le moteur autofocus est rapide et précis. Les couleurs et le contraste sont là dès la pleine ouverture. Je m’en sers bien sûr en portrait de studio mais il m’a aussi donné pleine satisfaction sur une manifestation de modèles réduits d’avions, représentation de rue de nuit. Un vrai bonheur !
Serge dit
La trame de fond c’est du mohair ou du synthétique ?
harvey dit
@Serge mon ami un conseil. Arrête la dope. C’est pas bon pour les yeux !
Simon dit
Claire que cette optique est fantastique… D’autant plus sur un FF….
J’ai choisi le 85mm f1.2 L II par défis, mais la raison me pousse à le compléter avec ce fameux 135mm f2 L. D’ailleurs, j’hésite même à remplacer mon 70-200mm f2.8 contre celui-ci…
Amuse toi bien et fais toi plaisir (et à nous par la même occasion) pour ta série de portraits.
harvey dit
@Simon à dire vrai il m’a fallu faire un choix entre le 135 et le 85 f1,2 mais finalement j’ai choisi le 135 qui me semble moins délicat à manipuler sur une ambiance festival. Pour le moment, les clichés réalisés avec le 135 me font plaisir et je pense que ça devrait être la même chose sur les Vieilles Charrues.
David dit
C’est un caillou qui figure sur ma liste « to buy soon » 😉
harvey dit
@David c’est vraiment une belle optique, sans doute l’une des meilleures actuellement disponibles toutes marques confondues et à un prix qui reste accessible pour une optique de ce calibre.
Hervé dit
J’ai lu ton post y’a quelques temps, mais en revenant dessus par hasard, il me vient une question évidente.
J’utilise depuis peu le 70-200 L IS II que je trouve en tout points exceptionnel. As-tu noté des différence entre cette optique et le 135 mm ? Si oui, quelles sont-elles ?
harvey dit
@Hervé Très difficile de comparer deux optiques aussi différentes qu’un zoom trans-standard comme le 70-200 et une focale fixe comme le 135. Ce qui réunit ces deux cailloux c’est qu’ils sont chacun dans leur catégorie une optique de référence, mais leur finalité respective concerne un domaine bien particulier. On utilisera le 70-2002,8L IS partout où on a besoin d’une optique rapide, lumineuse, équilibrée, stabilisée, capable de passer de 70 à 200mm en un clin d’œil (photo nature, de sports, de concerts, etc…) alors que le 135, sa focale fixe, sa très grande ouverture capable de produire un piqué d’image incroyable tout en ménageant un arrière-plan (bokeh) d’une douceur, d’un velouté remarquables, est idéal pour réaliser des portraits, entre autres. Je pense que le 70-200 2,8L IS (le série II est encore meilleur), le 135 f2 sont des optiques indispensables dans la gamme Canon, comme le mythique 35mm f1,4 et quelques autres… C’est aussi ce qui fait à mon sens toute la pertinence de l’offre Canon : une gamme d’optiques définitivement supérieures. Et accessoirement 20 à 25% moins cher que celle proposée par Nikon…