Un bon concert c’est d’abord le plaisir de mes oreilles, un son de qualité, une ou des voix en harmonie, c’est aussi une qualité de traitement du son digne de ce nom, en live. Un très bon concert, c’est quand ce qui se passe sur scène est en phase avec tout ce qui précède, c’est un décor ou simplement une ambiance ou bien des gens, particulièrement agréables à regarder, oui, j’en conviens, l’exercice est plutôt réussi quand il s’agit de filles, bon d’accord excusez mon côté old fucking pervert. Enfin, un putain de concert, c’est quand tous les éléments sont réunis. Et c’est exactement ce qui s’est passé pour le concert de Au revoir Simone, hier soir à la Carène pendant Astropolis. Ce sentiment qu’après ça, tout allait me sembler bien fadasse, Waterloo morne plaine, même les élucubrations déjantées de Ebony bones qui a pris le relais. Mais revenons un moment sur cet instant de pure grâce. Le trio de jeunes filles, tout droit venu de leur Brooklyn natal, chacune à son clavier (voire à sa guitare), distille une pop du meilleur acabit, vous savez de ce son résolument éternel qui fait qu’à la première mesure vous avez simplement envie de baisser les bras, de rendre les armes, de vous soumettre à ce diktat vocal absolument divin. Divines, le mot est lâché. Les trois filles du combo nous embarquent dans un set délicat et harmonieux, direction PopLand dont ces filles-là sont probablement natives. Je me suis laissé embarquer, emballer et le sourire béat n’a pas quitté mon visage un seul instant pendant la courte – la trop courte ! – durée du concert… J’ai plané, entre le son joyeux de Dark halls et mélancolique de Sad song, allant jusqu’à en oublier de shooter, ce qui est un signe qui chez moi ne trompe pas, me laissant porter par les sourires et les voix magiques des trois filles de Simone airlines. J’aurais volontiers voyagé au bout de la nuit au tempo de ces nymphettes mais, jetlag oblige, il nous a fallu atterrir et revenir à la (dure) réalité. Le public d’Astro, pas encore très en jambes, a quand même fait un effort et a réussi à rappeler le trio, revenu nous offrir un titre à la demande. Et elles ont disparu, laissant leurs trois claviers orphelins et moi avec. Comme disait ce cher Lamartine, « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » alors vous imaginez le vide laissé par les trois filles, après un set, comment dire ? Oui, c’est ça, éblouissant ! Un vide que Ebony bones n’a pas réussi à combler, malgré des efforts louables. Une bande à Basile de furieux, emmenés par Ebony Thomas, ex-comédienne dans un soap télé british, un mix de fille adoptive entre Grace Jones et Lisa Kekaula, distillant un gros son à l’arrache, un univers déjanté, inclassable, néo punk funk, un genre de Beyonce qui aurait tapé dans la dope à papa et les amphètes à mamie et qui n’en serait jamais vraiment revenu, un combo visuellement épatant mais musicalement en rupture totale avec ce qui avait précédé. J’ai quitté la Carène avec un soupçon de spleen, direction le Vauban pour taper quelques clichés du Cabaret sonique et boire une limonade en repensant au set des trois girls. J’ai agité mon petit mouchoir blanc en les voyant quitter Brest. Au revoir Simone… Et à bientôt, sûrement.
• voir les photos du concert de Au revoir Simone au festival Astropolis
• en cadeau bonus, le bien joli clip « dark halls » signé par le photographe Kevin Abosch
• voir le myspace de Au revoir Simone
• voir aussi trois vidéos réalisées par Vincent Moon sur le site recessison.com