Pas de pluie. Comme dirait un pote, à Carhaix cette année il fait beau plusieurs fois par jour. Scène Kerouac, on ouvre avec Coming soon, je crois qu’ils sont français, qu’ils font de la pop et du rock, bien taillés pour passer sur le Mouv’ la radio rock 🙁 je tape quelques clichés, un peu d’eau et je redescends sur Glenmor où m’attendent mes chers amis de Cocoon. Bon, si vous êtes fidèle lecteur de Shots, je ne vous fais pas un dessin. Morgane a une capacité à m’agacer à un point cosmique, je n’aime pas le son, d’ailleurs je n’aime rien de Cocoon, ni le son, ni les textes d’une pauvreté à faire pitié et surtout pas les vannes à deux balles, entendues, ré-entendues, répétées à l’envie, vu que ça fait un an à la louche qu’on se tape Cocoon en concert. Morceau choisi. « Notre prochain album est dédié aux animaux marins et aux poissons. La prochaine chanson s’appelle Sushi. » Et Morgane rit de bon coeur, ou pas. Bref, là on va faire le minimum syndical. Hop hop hop ! Je tape un titre et demi et basta ! Je ne sais plus trop où j’en suis, avec les changements d’horaires, Charlie Winston va jouer sur Glenmor et Ghinzu (qui remplace NTM, hein ?) sur Kerouac, et Renan Luce à Glenmor, haut bas, haut bas, j’en ai le tournis. Le grand moment des Charrues 2009, c’est maintenant. Les frères Morvan s’approchent de leur micro, annoncés par un Jean-Philippe Quignon visiblement heureux, très heureux d’offrir ce moment inédit aux festivaliers. Les deux frères sont là et reçoivent une ovation maousse du public qui chante d’une seule voix l’hymne de Woodstock. Un moment rare comme on n’en vit pas souvent. La voix des frères monte dans la plaine et je vous garantis que j’ai vécu un beau, un très beau moment d’émotion, même si le kan ha diskan (la forme de chant breton pratiquée par les frères Morvan) n’est pas vraiment ma tasse de chouchenn. Un set court, épaulé sur la fin par les Tambours du Bronx, un melting pot indéfinissable, mais en mot une réussite. J’en sors éberlué. Changement de registre avec les belges de Ghinzu, une fois. Gros son, certes, mais toujours une infinie élégance sur scène, avec des influences classiques, quelques jolies envolées de piano un brin lyriques. Ghinzu, c’est tout sauf du rock bourrin, voilà bien un combo qu’il faut absolument voir sur scène ! Renan Luce est drôlement content d’être là. Il va servir ses petites ballades rigolottes devant un public heureux. Il est un peu le régional de l’étape, d’ailleurs il suffit qu’il prononce le mot « Morlaix » pour que Kerampuihl exulte (on n’est pas chauvins à Carhaix, hein ?). Il assure bien, mine de rien, le p’tit gars Renan et ses zicos sont bien à l’aise aussi. Chapitre suivant Izia. Izia ? Mais si vous savez, la fille de… J’y vais, mais je suis vachement septique, c’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire l’attitude ouakenole sur une scène. Il ne me faut guère plus de trente cinq secondes, montre en main, pour avoir un aperçu de la capacité de la miss à bluffer son monde. Izia a dû sortir major de la Rock Academy l’an passé, en tout cas une chose est sûre, elle a parfaitement assimilé le fucking manuel de la rock attitude, à tel point qu’on ne voit que ça. Et là, franchement, un niveau pareil de mimiques, ça ne pardonne pas. Gros son, grosse voix, petite jupette en strass (sur laquelle la demoiselle tire de temps en temps pour pas qu’on voit sa culotte, chassez le naturel…), Izia c’est du Canada dry de Lisa Kekaula et en plus elle, elle est pas black. Je suis sorti de la fosse en me marrant. Comme disait Nanar, la musique est un cri qui vient de l’intérieur. Je me souviens de Keith Richard disant à quel point il se sentait minable, étant gamin, en regardant Chuck Berry et que de toutes façons, quoiqu’il fasse, il ne serait jamais noir ! Non, Izia, il y a encore du taff pour vivre le rock and roll avec une vraie sincérité. A moins de redoubler sa troisième année et de choisir l’option Nashville Pussy. J’ai croisé Charlie Winston vite fait backstage, le temps de lui donner une petite photo de sa soeur, un cliché réalisé au Vauban. Charlie a le sourire et ça va pas le quitter pendant tout son set. Charlie Winston à Glenmor devant une plaine remplie à ras bord, il n’y croit pas lui-même (d’ailleurs, pendant son set, il sort son camescope histoire d’immortaliser la scène). Contrat rempli pour Charlie Winston, qui exécute un « like a hobo » devant Kerampuihl en délire. Le choc, c’est maintenant. Pas la peine de vous faire un dessin, j’ai rendez-vous avec Nashville Pussy. Je les ai croisés à la conf de presse, j’ai donné quelques photos à Ruyter en lui demandant si elle se souvenait du photographe sur les épaules de qui elle était montée pendant le concert de la Carène à Brest. « Oh ! It was you ! » Elle éclate de rire, me prend dans ses bras, sacré Ruyter ! On parle du concert au Vauban, dont le groupe a gardé un souvenir énorme (et nous donc !). J’ai ramené des t-shirts pour Ruyter et Karen, j’ai beau expliquer à Blaine que j’avais plus de taille XXL l’argument passe moyen. On retrouve les Pussy sur la scène Kerouac et au premier riff on sait que ça va envoyer du bois. Dans la fosse je retrouve Alain et son épouse, tous deux fans de Nashville Pussy devant l’Éternel, ils ont créé le site French Pussy time, un site de référence sur le sujet. Petit détail à divulguer, les Pussy n’ont donné aucune instruction photographe. Ici pas question de limiter la participation à trois premiers titres sans flash, à quatre derniers titres avec un pied levé et une main au cul. Ici, la scène Kerouac devient un morceau des US, un petit territoire de liberté, d’ailleurs ce n’est pas un hasard si les Nashville Pussy jouent à Kerouac… Allez ! Blaine donne le signal, Ruyter fait chauffer sa Gibson SG, Karen tend sa basse au public et derrière les fûts on envoit le signal du départ. Énorme son qui sort Kerampuihl de sa léthargie, authentique putain de concert de rock and roll. Le cours de rattrapage de Rock Academy, c’est maintenant. Géant. Au bout d’une demi heure de set, la sécu choisit de nous sortir. Je monte fissa backstage où je finis le concert, quitte à taper quelques clichés pas dégueu. Ruyter chevauchant le sub, à cru, comme une cow girl, mes aïeux ! Ça restera une image d’une puissance sans nom. Fin du set, les cordes de la Gibson sont arrachées, Ruyter enlève son body en jeans et finit le set en soutif, allongée sur le sol. Elle restera là un bon moment, devant les regards médusés des techniciens. Authentiques et sincères, la rock attitude ça ne s’invente pas. Ça se vit, tu l’as en toi et c’est pas la peine d’essayer d’en faire des caisses. Quand je suis redescendu vers Glenmor c’était pour la Rue Kétanou. Bon, le choc thermique a été flagrant. J’avais encore dans les yeux la belle Ruyter, la sublime Karen et ce cher Blaine, furieusement allumé alors euh… les ch’tites bluettes de la Rue me sont un peu passé au dessus du rassoudok. En même temps c’est un peu ce qui fait le charme des Vieilles Charrues, on passe de la tornade Angus Young au féminin au trio baba cool des Kétanou. Un breizh cola plus tard, je vais retrouver mon matelas. Aujourd’hui, c’est dimanche et le moment que j’attends, c’est le concert de mes potes de Lazhar, sur le tremplin des Jeunes Charrues. Sinon on va croiser Julien Doré, le gagnant du télé-crochet Nouvelle Star, le Francis (Cabrel) s’est décidé à quitter son bled du sud pour venir se rafraîchir chez nous. What else ? The Ting tings, The Rakes, au chapitre des énervés, l’Angle mort featuring Marc Sens et Serge Teyssot-Gay. On se finira avec Yo ! Majesty pour la hargne et Moby pour l’easy listening. Et ça sera déjà fini, les Charrues 09. Mais on n’en n’est pas encore là. Let the music play !
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À propos Hervé LE GALL
Hervé "harvey" LE GALL, photographe auteur basé à Brest au début du monde. A trainé ses godasses et ses reflex dans la plupart des coins sombres de la région Bretagne. Photographe-maison du Cabaret Vauban, photographe officiel des Vieilles Charrues (entre autres). Intransigeant, il aime la photo, les lasagnes, le kouign amann et le Breizh Cola. Rédac chef de SHOTS.
charles mouloud dit
J’adore te lire
Bises
harvey dit
Merci Charles Mouloud (tu reprends quelque chose ?).