J’ai à nouveau rendez-vous avec Lazhar, samedi à l’Alizé, en ouverture du set de Superbus. Personne ne s’étonnera que mon intérêt soit plus orienté vers le groupe de Brest, dont je suis attentivement l’évolution, plutôt que celui de Jenn, Patrice et consorts. Il faut quand même noter au passage que Superbus livre désormais un concert parfait, très en place, avec des zicos qui font un travail nickel et une chanteuse qui a acquis une maîtrise de la scène à en faire pâlir plus d’un. Dans le public les kids ont pogotté jusqu’à plus soif. Superbus at Rock Academy, twelve points. On est bien loin du set timide de la Boule noire, il y a presque dix ans (putain dix ans !). Mais je m’égare (Saint Lazarre, évidemment), revenons donc à nos moutons de Lazhar. D’abord, malgré quelques problèmes techniques de boîtiers d’effets, de pédales ou de guitare revendiqués par François à l’issue du set, je dois dire que je suis sorti encore une fois éberlué par la puissance, la pertinence de Lazhar sur scène et pas que. Les membres de Lazhar ont une incroyable capacité à diffuser une énergie communicative au public et pas seulement dans le son mais aussi dans une certaine façon d’être, une approche de la scène à la fois heureuse et presque naïve. Le contraste entre l’aspect massif central de Vincent au chant, cette dégaine qui fait immanquablement penser à Puppa Chubby ou François Hadji-Lazaro avec cette voix inimitable, haut perchée, façon Pixies, un timbre cristallin, presque enfantin dont Vincent joue, sans trop en abuser. Un concert de Lazhar, c’est une invitation au bonheur, à un feedback vers l’enfance, dans un monde à la fois naïf mais résolument rock’n roll. En cela, je crois pouvoir dire que Lazhar est un index unique dans la scène française et aussi à mon avis l’un des plus prometteurs. Et puis au fond, il y a des signes qui ne trompent pas, il suffit d’écouter la réaction du public, après un ou deux titres. Ça sonne, c’est en place, les zicos ont le sourire et, fait nouveau, Claire (la bassiste) donne de la voix (et quelle voix). Le sourire ? Eh ouais ! Ce qui fait la différence, toute la différence, c’est que les quatre de Lazhar sont heureux, échangent des regards qui en disent long sur le parcours, savourent le plaisir de jouer. Cette jovialité, ce plaisir de partager une scène, de chauffer une salle se répand comme une onde de choc. C’est ça. Vincent, François, Claire et Sylvain (qui donne le tempo, jovial derrière ses fûts) sont heureux du plaisir qu’ils donnent. Lazhar c’est des marchands de bonheur et par les temps qui courent, ça fait vraiment du bien. Mon prochain rendez-vous avec Lazhar c’est au tremplin des Jeunes Charrues, en juillet prochain. J’y serai, histoire de reprendre une petite dose de bonheur.
• cliché : Lazhar en concert en première partie de Superbus. Bientôt plus de photos sur Cinquième nuit.