Ce soir, après deux concerts au Vauban, j’ai (enfin) rendez-vous avec Lazhar qui donne un set pour le compte d’une association, les enfants d’Arthur qui réunit des fonds pour améliorer les conditions d’accueil d’enfants autistes. Rien d’étonnant que les kids de Lazhar soient là ce soir, en revanche ce qui ne laisse pas d’étonner c’est leur hargne à donner le meilleur quelque soient les conditions et justement, la salle des conférences, à Brest, c’est pas Bercy. Qu’importe, comme disait la chorégraphe choucroutée Mya Frye, elle aussi experte en conférences : « do the steps ! » Le hasard a fait que je n’ai pas revu Lazhar en concert depuis le festival Bertheaume, il y a trois ans, ce qui ne m’a pas empêché de suivre le groupe dans son évolution, notamment les morceaux qui sont venus compléter le EP sept titres Animal 7, et quels morceaux ! Lazhar sert le son pop rock dans ce qu’il a de meilleur, en ajoutant un truc indicible, une touche, une énergie, une sincérité généreuse, autant d’indices qui se transmettent, se répandent comme une contagion heureuse sur le public. Lazhar n’a pas son pareil pour emballer et soulever un public, pour l’embarquer et le faire pogotter. Avec Lazhar, la transe est aussi rapide qu’assurée ! En trois titres, le public de la salle des conférences s’est massé devant la scène, totalement extatique. Merde alors ! Mais comment font-ils, les Lazhar pour transformer en chaudron une salle froide et sans âme, quelle est la recette pour retourner le public comme une crêpe avec une facilité totalement déconcertante ?
A vrai dire je n’en sais trop rien. J’ai juste constaté le phénomène, bouche bée, en me disant que les quatre de Lazhar ont fait un sacré bout de chemin depuis Bertheaume. Et puis les titres sont calibrés, sonnent juste, efficace, la voix de Vincent (toujours aussi divinement incontrôlable) envoit une énergie soutenue par François aux guitares (et quelques effets dont il a le secret), Claire au chant et à la basse (et qui, elle, sait en jouer, ce qui ne gâche rien) et Sylvain, dont la frappe sur les fûts vient efficacement rappeler que Lazhar, c’est du rock. Il y a les titres, dont l’énorme et tubuesque « étrange et géant« , ou quelques pièces qui font des ravages en live, comme « Hanna », servi avec une énergie débridée et juste. Inévitablement, Lazhar fait penser à Matmatah, autre groupe brestois, à la période jubilatoire où Fanch mettait la ouache. Jubilatoire, le mot est lâché. Le secret de Lazhar est là. C’est le plaisir de ces quatre gamins du rock d’être sur scène, ensemble. D’ailleurs il suffit de les regarder, d’observer leurs sourires, leurs regards, la sollicitude que chaque membre du groupe porte aux trois autres. C’est ce qui fait la force de Lazhar, c’est ce qui rend leur prestation scénique totalement et définitivement unique. J’ai rendez-vous avec Lazhar en mai, en première partie de Superbus, et bien sûr en juillet au Tremplin des Jeunes Charrues. La rencontre entre Lazhar et le public chaud bouillant de la scène Xavier Graal promet d’être explosive. Maintenant, je suis prêt.
• cliché : Lazhar en concert, jeudi 16 avril 2009, salle des conférences Brest.
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• merci à Romain (Humeau) pour le titre de ce billet.