Sur ce coup-là, je sens que je vais encore me faire plein de potes. Hier soir, j’arrive au Run ar Puñs pour une soirée rock french touch, avec, au programme Brooklyn et Stuck in the sound. Premier constat, le parking du Run est blindé et ça c’est plutôt une excellente nouvelle, ça veut dire que l’endroit et l’affiche font recette, mais si vous lisez Shots régulièrement, inutile de vous faire un dessin. Un coup d’oeil dès l’entrée, à l’intérieur c’est le Run ar Puñs des grands jours. Je me fraye un chemin jusqu’à mon spot de prédilection, côté cour, alors que le chanteur de Brooklyn décline le nom du groupe. Coup d’oeil panoramique, de la scène à la salle, c’est pas possible ? Ce soir il y a un partenariat Haribo et fraises Tagada, sur scène la moyenne d’âge frôle les vingt ans et au premier rang les kids en ont cinq de moins. La scène rock française nous ferait-elle un revival ? En tout cas, sur scène, les kids de Brooklyn ont parfaitement assimilé les codes du ouakenole, ça doit être l’effet Rock Academy mais sans Jack Black. Bon, vous allez me dire, ils sont jeunes, tu es vieux, alors un peu de mansuétude ! Non, franchement ça ne sonne pas, c’est pas en place, ça donne pas envie. Le seul moment un peu agréable c’est la session acoustique du chanteur, tout seul. Sinon, le niveau musical est honorable mais sans plus. C’est un peu du Canada dry de rock garage, avec tous les poncifs qui vont bien, le chanteur tatoué rebel-rebel, le lead guitar ombrageux qui pète des riffs façon Townshend avec le petit saut carpé qui va bien et surtout, surtout, la demoiselle bassiste qui fait deux accords sur son manche en faisant onduler sa tignasse blonde. Bon, n’en jetez plus, je me suis emmerdé mais j’ai fait des photos. Parce que visuellement, ça se tenait. Et encore, je ne savais pas que mon calvaire ne faisait que commencer.
Stuck in the sound, vus ici-même il y a un peu plus de deux ans, un set dont j’étais sorti emballé, à propos duquel j’avais écrit une review enflammée sur Cinquième nuit, tant j’avais été scotché par la prestation inhabituelle et euphorique d’un groupe frenchie (et parisien de surcroît). J’attendais donc de voir comment le combo avait évolué et c’est bien là que le bât blesse. Est-ce l’effet pervers d’un groupe devenu populaire après un hit transformé en machine à fric sur un jeu video ou est-ce tout simplement l’incapacité à évoluer ? En tout cas Stuck nous a servi un set déjà vu, copier-coller, déjà entendu, ici et aux Vieilles Charrues. Déjà vu le jeu de scène, la capuche façon Jedi knight, les poses guitare hero, déjà entendus les riffs, le son (fort, putain ! Trop fort !). Mais au fond, qu’importe ? Sur « Shoot shoot« , calibré playlist Le Mouv’ à 3’45 » pétante, on frôle l’émeute dans les deux premiers rangs du public dont la moyenne d’âge ne dépasse guère quinze ans. Côté visuel, c’est plutôt facile. Mais pour le plaisir de mes oreilles, Stuck in the sound repassera. Deux ans plus tard, l’effet de surprise a disparu et surtout, le son n’a pas évolué d’un iota et je dois à la vérité de dire que je me suis un peu fait chier. D’ailleurs, je n’ai pas insisté, quand j’ai senti que c’était dans la boîte, je me suis éclipsé, route Brest, un peu amer et surtout déçu d’un concert que j’attendais, que j’espérais depuis l’annonce de la prog. J’ai le sentiment désagréable que Stuck in the sound porte bien son nom, finalement, coincé dans le son qu’ils sont, dans une boucle de Moebius, recyclant un son et une attitude scénique sans trop pouvoir en sortir. Il y a sans doute un autre paramètre. Entre le concert de Stuck in the sound au Run ar Puñs en février 2007 et celui de ce soir, j’ai couvert à la louche cinq cent concerts et je mets ma déception sur le compte d’une oreille et d’un regard devenus avec le temps plus exigeants. A moins que, tout simplement, je ne devienne un vieux con. Ou pas.