La Carène de Brest accueille la nuit Z avec un Z comme zébrée mais aussi avec un M comme magique. C’est ça. Une cinquième nuit magique, avec quatre concerts savamment concoctés par Radio Nova, pour tous les goûts, funk, pop et touchy à souhait. On commence la soirée en douceur avec Stand High Patrol, un trio qui sert un mix d’electro dub mâtiné de reggae, vous savez ? Avec ces voix de tête haut perchées super agaçantes qui vous débitent des paroles auxquelles vous entravez que dalle. Généralement, le dub me fait fuir, mais là bizarrement, ils ont quelque chose d’authentique et de sincère qui fait passer la petite heure de set comme une formalité. La mise en place entre chaque concert est rapide, les techniciens de la Carène, sur ce coup-là, font très fort. Et puis comme le bar n’est pas loin, entre chaque set le public (plutôt à l’image de Nova, très cool donc) va boire une tasse ou en griller une à l’extérieur. Ce qui suit tient de la magie. Piers Faccini, que j’avais vu il y a un bail (cinq ans) au Run ar Puñs en ouverture de Laetitia Sheriff est sur scène, c’est pour lui que je suis là ce soir. Et comme une bonne surprise n’arrive jamais seule, il est accompagné par une jolie bassiste qui n’est autre que… Laetitia Shériff elle-même. Deux pépites pour le prix d’une, Nova nous gâte. Ce qui suit tient de la symbiose entre musicalité parfaite et pur talent.
Piers Faccini garde cette grâce fragile que j’avais sentie en lui il y a des années, offrant des mélodies savoureusement pop, sans violence, et des mots justes, empreints d’une grande tendresse. Le tout est somptueusement relevé par la voix groovy et définitivement sexy de Laetitia Shériff. Bref, un putain de concert dont je suis ressorti complètement sonné, seul bémol, la durée du set (un peu mois d’une heure), je serais volontiers resté une heure de plus ! Pas le temps de s’endormir que la scène est investie par les lyonnais de Meï Teï Sho. D’eux je ne sais que peu de choses, seulement que le set du Vauban l’an passé avait été annulé et qu’ils sont tout sauf des débutants. D’abord, premier constat. Meï Teï Sho, ça ne ressemble à rien, je veux dire par là à rien de connu, qu’il est quasiment impossible de coller une étiquette sur le groupe ou sur son univers musical. C’est de l’electro funk qui flirte par moment avec du riff rock sur lequel viendrait s’accrocher des voix world mâtinée de pop. Inclassable, Meï Teï Sho est définitivement in-cla-ssable. La prestation est aussi visuelle et théâtrale que musicale, admirablement servie par un binôme composé d’un chanteur charismatique qui fait le show avec une aisance et une sincérité bluffantes et d’une chanteuse qui tient aussi les claviers et la prog, avec une voix divinement magique, le tout relevé par un trio basse, guitare, batterie. Bref, je suis sorti étourdi du set de Meï Teï Sho et je ne me suis pas étonné que l’invitation au Vauban en novembre dernier avait été lancée par un certain Jacques Guérin (Quai Ouest musiques) décidément toujours sur les excellents coups. En attendant de les voir au Vauban (je veux bien parier une limonade servie par Laurent qu’ils y viendront), je vais retrouver Meï Teï Sho au Run ar Puñs, le 15 mai prochain, un concert hautement recommandé, ne les ratez pas ! Enfin, la nuit s’est achevée pour moi par John and Jehn. En ce moment la tendance est au duo un garçon et une fille (vous savez ? Le genre Cocoon… ou pas !), ces deux-là tapent dans le registre pop rock énervé. Bon, on ne se refait pas, vous savez que dès qu’il y a une fille sur scène mon index vibre (mon oeil aussi), surtout si la fille est un peu sexy, avec un Levis un peu moulant et une voix haut perchée. John and Jehn, ça envoit et c’est en place, la fille bouge bien, les voix sont en accord, les compos sont plaisantes (oups… désolé pour ce mot inutilisé depuis 1974), ça donne envie de plonger du haut de la falaise en hurlant Géronimo ! Et puis tout compte fait on n’y va pas, on décide de ne pas sauter, on reste prudemment en retrait et on mate de loin. Peut-être un manque de maturité, mais John & Jehn ne m’ont pas complètement embarqué (comme dirait Philippe Manoeuvre à Nouvelle Star). C’est peut être dû au fait que mon voyage au bout de la nuit s’achevait et qu’il fallait songer à rejoindre les bras de Morphée. On gardera un souvenir ébloui de cette nuit super Nova, des étoiles plein les yeux. Classieux le zèbre !
• cliché : Piers Faccini accorde sa guitare avant le début du concert
• info : Meï Teï Sho en concert au Run ar Puñs le 15 mai prochain, concert recommandé (plus d’infos sur le site du Run ar Puñs)