En attendant Herman Düne, hier soir, je me suis promené dans les étages de l’Hôtel Vauban pour une petite séance de shooting un peu particulière. Étrange sentiment de me retrouver dans un endroit que j’affectionne tant, dans des couloirs jonchés de gravats et de débris en tout genre. Le décor, c’est un peu Sarajevo après un bombardement, les couloirs éclairés par un néon blafard ont quelque chose de dramatique. C’est un chantier énorme qui s’est ouvert dans l’hôtel le plus mythique de Brest, qu’on compare souvent au Chelsea Hotel de New York, sans doute parce que l’hôtel Vauban a vu passer des centaines de zicos, les plus connus y ayant leur chambre attitrée, comme Christophe Miossec dans la 304 ou Jane Birkin dans la 206. A ce propos d’ailleurs, le mobilier de la 304 va être restauré et la chambre sera refaite quasiment à l’identique et la 206, que le monde entier nous envie à cause de sa moquette écossaise (so british) qui habille la chambre du sol au mur, cette mythique chambre 206 pose un problème de taille, car on ne retrouve pas un modèle de moquette identique (tu m’étonnes). J’ai hâte de (re)découvrir l’hôtel nouvelle version, avec internet et écrans plats à tous les étages et même les deux suites dont Charles m’a parlé hier soir, des étoiles plein les yeux… Il me tarde de redécouvrir l’escalier du Vauban, tel qu’il était à la construction de l’hôtel, en 1950, tel que l’avait voulu Tonio Muzy, le père de Charles. Un escalier de pierre – un comblanchien jaune, proche du marbre, comme celui qui servit lors de la construction de l’Opéra de Paris – grimpant jusqu’au troisième étage, un escalier en pierre dont on a encore du mal à comprendre pourquoi il fut recouvert de moquette (et quelle moquette !) à la fin des sixties. Si tout se passe bien, on pourra apercevoir les ailes du phénix début juin. En attendant, le coeur de mon Vauban continue de battre au rythme des concerts et la brasserie tourne à plein régime. Hier soir, c’était les musiciens d’Herman Düne qui ont enflammé la salle de concert pleine comme un oeuf. Ils n’ont affiché qu’une vraie déception. Celle de ne pas pouvoir dormir à l’Hôtel Vauban.
À propos Hervé LE GALL
Hervé "harvey" LE GALL, photographe auteur basé à Brest au début du monde. A trainé ses godasses et ses reflex dans la plupart des coins sombres de la région Bretagne. Photographe-maison du Cabaret Vauban, photographe officiel des Vieilles Charrues (entre autres). Intransigeant, il aime la photo, les lasagnes, le kouign amann et le Breizh Cola. Rédac chef de SHOTS.