Saint Malo, ses remparts, ses touristes, son festival rock à la mi-août. Tu parles d’une idée à la con, d’organiser un festival de musiques, qui plus est de pop rock électro indé, en pleine saison touristique, justement quand il y a un max de monde dans la cité corsaire. N’empêche. Cette année, plus que jamais, je sentais l’impérieuse nécessité d’être présent là-bas, juste pour dire, avec les quelques milliers d’autres, on est là et il est hors de question que ce festival s’arrête. Saint Malo le 15 août. Ouais, c’est une une idée à la con, la ville est noire de touristes, d’allemands en short, d’anglaises en rose fluo, violet et vert chou. Saint Malo en été, c’est un outrage permanent et la police du bon goût est sur les dents. Premier bordel, j’arrive en train, ben ouais, Brest-Saint Malo, dix euro allez-retour en TER (à ce propos, merci Jean-Yves), ma moitié de comptable a vite fait le calcul. Arrivée à Saint Malo city, mon pass est au fort Saint Père, pour shooter les premiers concerts au Palais et à la plage sans le sésame, c’est chaud cacao. Alors pour les Dodos au Palais ou (Sainte) Nina Nastasia à la Plage, je bénis les gens d’Arka de se souvenir de ma tronche, d’année en année. Ensuite, puisqu’on en est au chapitre bénédictions, je remercie ma mère de m’avoir fait grand, large, lourd, épais, pas autant que Chabal mais pas loin, pour affronter la queue de la navette qui m’emmènera au Fort, une épreuve qui ressemble à Fort Boyard, mais sans le Père Fouras. L’absence d’organisation des navettes fait vraiment tâche pendant la Route et les festivaliers les plus avinés foutent un boxon d’enfer. Là encore, mon salut viendra d’un chauffeur compréhensif ou du gars de sécu Arka. Au Fort, tu es dans le Saint des saints, là où commence l’Aventure de la Route. Pas un coin pour se poser, ici tu bouffes de la zique et tu bois de la bière jusqu’à plus soif, à deux euro cinquante pièce. Perso, je carbure à la flotte et ça, c’est gratos. Backstage, tu montes vers le point presse, là où se déroulent les conf’ du même nom. C’est joliment décoré, cette année il y a un bar à vins qui dispose d’une vitrine réfrigérée Coca Cola qui ne vend que du vin et du champagne. Sur le point presse, je retrouve des têtes connues, un photographe de rock qui vient de sortir ses mémoires, le chanteur de Foals, un vieux canapé en cuir dans lequel je vais m’endormir et zapper le début du concert de Tindersticks, comme si mon corps voulait oublier que j’ai couvert plus de cent concerts cet été. La voix mélodieuse de Charles Mouloud me sort de ma torpeur et me rappelle à mes devoirs. Je dévale la pente quatre à quatre pour aller shooter des restes de Tindersticks à partir du public et les deux frangines Kim et Kelley Deal de The Breeders dans la foulée. Une ex-bassiste de Pixies, un album produit par Steve Albini, un hit dans les années 90 (« Canonball« ) et tout le monde se pâme. De mon côté, je vois juste deux nanas rigolardes, comme étonnées d’être encore en vie après tout ce bordel. Les gifles c’est prévu pour le lendemain. Coup sur coups. Bowerdirds, une guitare, un accordéon tenu par une brunette en jupette, ça fait au moins trois bonnes raisons de tendre le zoom. Micah P. Hinson, aussi talentueux que décalé (c’est lui qui avait refusé de venir jouer en France à l’époque des attentats). Enfin, Why ? Au Fort Saint Père, lyrique et somptueux, malgré un air de déjà vu. Je croise Julien, le chanteur énervé d’Adam Kesher, je lui dis tout le bien que j’ai pensé de leur presta à L’Omnibus l’an passé et mon désarroi après le set caca-cata d’Art Rock. J’ai cru que la fille de la maison de disques qui accompagnait le groupe allait nous faire une rupture d’anévrisme. Dans ce milieu, tu encenses ou tu fermes sa gueule. Bref, j’ai zappé Adam Kesher ce soir-là et j’ai bien fait. Le son était pourrave, dixit Charles Mouloud qui a de grandes oreilles. Ah ! Et sinon, il y avait Sigur Ros. Il fut de bon ton de s’extasier, comme on le fit pour Arcade Fire l’an passé. Ne vous en déplaise, les deux relèvent de la même arnaque médiatico-visuelle. De la merde avec des plumes autour, pour faire joli. Le lendemain, c’en était déjà presque fini. Sur le fort j’ai vu une fille qui ressemblait à Laetitia Shériff, tellement que c’était elle. Au Palais, j’ai repensé à Nina Nastasia qui chantait Stormy weather sur la plage inondée de soleil et de cris d’enfants qui jouaient dans l’eau et c’était drôlement beau. J’ai vu passer Phosphorescent, un mec seul avec sa guitare, j’ai vu un groupe se rétamer avec un son plus pourri qu’à la fête communale du lancer de bigorneaux de Ploudal’ et des gens quitter la salle en grognant. Heureusement, au Fort, il y a eu Menomena et devant le bar à vins on a discutaillé avec Jérôme, Charles Mouloud et mes potes photographes. On a reparlé des Charrues et de Dada Ho et chacun y est allé de ses souvenirs d’anciens combattants (« moi, Muse en 2004, j’y étais nom de Dieu !« ). En bas, j’ai vu les French cowboy poser, hilares pour un photographe et communier, enlacés avant d’aller au charbon, c’était bien cool, même si le son était un peu merdouilleux. Après Girls in Hawaï, aussi mou du genou qu’une demi molle carte vermeil, j’ai commencé à saluer mes potes. J’ai retrouvé Charles Mouloud, pas loin du stand qui affirme sans ambages « je sony ericsson la route du rock », la cagoule offerte par le petit neveu du cousin du commandant Marcos vissée sur la tronche, expliquant le concept avec force détails à une petite minette à gros seins newlook, sous le charme. Non loin de Mouloud, Ting tings essayait vainement de nous refiler son rock en stock. Petite robe écossaise proprette sur leggins noirs, Katie White, blondinette péroxydée a bien du mal à me vendre sa came, malgré les aboiements extatiques d’un Mouloud en rut. Je shoote, mais sans conviction. La donzelle est un vrai Canada dry, elle a l’aspect de Karen O. (Yeah yeah Yeahs), la couleur de Debbie Harris (Blondie), les formes de Kazu (Blonde Redhead), un batteur qui cogne, mais bordel ! On n’y croit pas une seconde, on n’a qu’une envie, renvoyer cette fille à ses chères études, direction Rock Academy première année pour réapprendre tous les putains de fondamentaux qui forgent un bon, un vrai groupe de fucking rock’n roll. Allez ! Song is over. Il était écrit que la route du rock ne débanderait pas comme ça, juste pour une question de monnaie. Même le ciel fut clément, avec quelques gouttes le premier soir, l’occasion rêvée de sortir les Jeantex, Guy Cotten et de tester la Rainsleeve pour couvrir le boîtier. Il y aura deux nouvelles éditions de la Route, hiver et été. Si je reviens, cette fois, je jure que je ne raterai pas une halte chez Pinpain de la Gare et sa grande frite mayo à un euro cinquante. J’irai me promener sur le sillon, le casque de mon iPod scotché à es oreilles et je me ferai un revival seventies avec Abba (ou pas). Je n’aurai pas assez de mes deux bras pour enlacer mon Mouloud et mon Chouchou à moi que j’ai, de mes deux oreilles pour absorber les sons et cette putain de vibe unique, propre à cette route du rock. Last but not least, j’astiquerai mon oeil gauche, et je caresserai mon déclencheur de mon index masturbatoire, comme disait ce cher Henri. Till next year. La route du rock is still alive.
• photo (inédite) : French cowboy en pose avant sa montée en scène à la route du rock 2008.
Charles Mouloud dit
T’as vu comme il a un joli petit cul,mon ami Stéphane Mahé , lorsqu’il prend en saillies les French Cowboys ? 🙂
Anonyme dit
….du coup je balance deux « s » à saillie…tellement il les prend bien .
harvey dit
Quatre cowboys, ça fait quatre saillies, non ? Donc t’avais bon !