Dimanche à CharruesLand. Beau temps, mer belle, dernier jour de ripailles avec la bande de pirates de Carhaix et comme à chaque édition, au bout de quatre jours, la fatigue se fait sentir et les photographes qui arpentent la plaine en tout sens, d’une scène à l’autre ne sont pas les derniers à avoir les traits tirés. Donc, aujourd’hui c’est décidé, on ira à l’essentiel. Direction scène Kerouac où Asa pose ses accords. Voix profonde, grave, suave, Asa a quelque chose que les autres n’ont pas, un plaisir intact de jouer, une émotion dans la voix. Ce sera un vrai bonheur de la revoir bientôt au Bout du Monde à Crozon, à la mi-août. Sur Glenmor, je retrouve The Dø, le duo ouvre la grande scène après à peine quelques mois d’activité, ça c’est du buzz ou je ne m’y connais pas. Pas étonnant, quand on voit l’énergie et la qualité du set offert par Dan et Olivia. C’est pêchu, ça envoit, ces deux-là s’assument désormais totalement. Plus loin sur Xavier Grall je shoote Rotor Jambreks sur scène et ses fans au premier rang. Comme d’hab’ Rotor – impeccable dans son costard noir et cravate blanche – nous livre un set énergique et jouissif, un vrai red bull musical à consommer sans modération. Je retrouve Rotor Jambreks un peu plus tard au point presse pour une pose photos (bientôt sur Cinquième nuit) en solo et avec The Hives. Thomas Dutronc est sur Kerouac et envoit son jazz manouche déconnant et quand il parle (et même quand il chante) on retrouve bien le fils de son père. Pour un peu, en fermant les yeux, on pourrait sentir les parfums de lavande et de romarin, là-bas au sud. Sur la grande scène, les techniciens, backliners, roadies s’activent pour que tout soit prêt pour le concert du jour avec Mademoiselle Paradis. Dans l’après-midi Vanessa a donné une conf de presse un peu surréaliste, avec garde du corps et salle comble. Première question : « Ouais… euh… salut Vanessa, moi c’est Fanch, j’ai pas vraiment de question alors euh… comment ça va ? » Vanessa se marre, répond qu’elle va bien et qu’elle est contente d’être là. Ambiance Charrues quoi ! Sur scène, ça rigole moins, quoique ! Vanessa Paradis a du goût, le bon goût de choisir des calibres, Matthieu Chédid à la guitare et au chant, Albin de la Simone aux claviers, pour ne citer que ces deux-là. Gros son, perfection absolue à tous les étages, Vanessa Paradis égrenne les titres, voix sublime, elle bouge aussi bien qu’elle chante et les duos avec Matthieu sont carrément divins. C’est beau, c’est nickel, c’est en place, rien à dire. Vanessa Paradis, twelve points et le putain de concert qui va avec. Mademoiselle Paradis, je suis votre éternel abonné. Passer à The Kooks après ça, c’est vraiment un autre registre. C’est du son pop rock clean, façon Monsieur Propre à écouter sur une plage en sirotant du Breizh cola et en mangeant des beignets. Au premier rang, les girls sont toutes en débardeur et j’en ai encore mal aux oreilles. Les p’tits gars de Brighton ne seront probablement jamais élévés au rang de l’Empire Britannique pour leur contribution au rock anglais, mais on s’en fout. Ils nous servent ce son british qu’on connaît par coeur, sans grande originalité mais avec une sincérité et un enthousiasme qui donne envie. Idem pour The Hives qui suit sur Glenmor. Costards impeccables, ligne marketing, leur manager les a sans aucun doute envoyé en stage à Rock academy potasser le guide du parfait groupe de rock. Le nom en lettres de feu, les mimiques qui vont bien, et hop ! Le chanteur en furie côté jardin ! Et hop ! Le guitariste déchaîné côté cour ! Le seul truc à retravailler sera peut-être les interventions en langue française, mais bon, l’un dans l’autre The Hives, ça envoit le bois mais sans renverser la brouette. On arrive presque au bout. The Wedding present en fin de soirée rame un peu, même si le son me semble un peu plus pêchu que la presta du Vauban il y a deux ans. Bon, une tisane après du Red Bull ça ne peut pas faire de mal. Tiens ! Puisqu’on parle de tisane, on se finit avec Morcheeba, question de timing du groupe. Le combo des deux frangins Godfrey n’est plus que l’ombre de lui-même, je veux dire de la première époque. Morcheeba n’est plus qu’une marque (déposée), un souvenir où la voix seule de Skye Edwards suffisait à reconnaître immédiatement qu’on était sur Skye airlines et nulle part ailleurs. Cinq ans ont passé depuis le départ de la diva et Morcheeba est une coquille vide, presque sans âme. Il reste quelques accords, des notes et de bons souvenirs, mais ça ne suffit pas. Allez, CharruesLand 08, pour moi c’est fini. Mon sac pèse un quintal et ça, c’est pas bon signe. Quatre jours de shoot, mon oeil s’éteint. Je fais le tour de mes potes de la fosse, de mes frères de CharruesLand (ils se reconnaîtront) pour faire la photo finale, avant de quitter la plaine sous les étoiles. On n’est pas triste, c’est un rituel. On se donne rendez-vous l’année prochaine – si Dieu le veut bien – pour une dix-huitième édition. Ah oui ! Une dernière chose, un chiffre. 215.000, c’est le nombre de visiteurs de cette dix septième édition, alors j’ai une pensée spéciale pour les gens qui bossent sur la prog (avec une mention deluxe pour Jean-Jacques Toux). Vieilles Charrues 2008. The song is over. Putain de festival !
• photo : final du concert de Matmatah au festival des Vieilles Charrues 19 juillet 2008
Alain dit
cool les photos