Quand j’arrive sur Kerampuihl, je ne sais pas encore que je vais vivre un moment rare, hors norme, comme on n’en vit que sur un festival comme les Charrues. J’ai zappé le concert d’ouverture pour être sûr de ne pas rater la conférence de presse de Patrick Watson et j’ai été copieusement bien inspiré. Le groupe qui nous avait servi une prestation magique lors de la dernière route du rock l’an passé au Grand Palais vient remettre le couvert aux Charrues et ça commence par une prestation à la conf de presse, un moment rare, unique et intense, deux morceaux exécutés unplugged, comme ça juste pour le fun. Enorme. Seuls Devendra Banhart ou Sean Lennon nous avaient gratifié d’un moment pareil ! Il est temps de commencer. On ouvre avec Yael Naim, déjà croisée à Art rock. La demoiselle égrenne ses titres aux accents folkeux et ça fonctionne pas mal. Une conf de presse (aérienne) de Daniel Darc plus tard, je suis à Kerouac pour Ben’s brother, un folk singer dans la lignée de James Blunt et consorts, miel et sucre à tous les étages, t’en veux du slow romantique en v’là. Une plombe plus tard, on reste dans le registre avec Christophe Maé, un timbre de voix à la De Palmas et un charisme incontestable. C’est loin d’être ma came, mais il faut être beau joueur, Christophe Maé assure et son set est une perfection, son, lumières, mise en scène, on voit qu’il y a du matos derrière. Il est temps de rejoindre Constance Verluca, sublime comme d’hab’ entourée de deux chorsites de choc dont on se demande encore comment elles sont arrivées là, vu qu’elles nont guère plus de dix ans… à elles deux ! Sur Kerouac Daniel Darc, lunaire, magique, ailleurs, vient servir ses amours suprêmes, magnifiquement servi par ses zicos grosse pointure, à commencer par Alice (de Berline), toujours aussi habile au manche de sa Fender. Le moment magique c’est maintenant. Patrick Watson s’accapare la scène Xavier Graal pour un set définitivement sublime. Je m’offre une dizaine de minutes de bonheur pur et je rejoins les barbus de ZZ Top qui jouent comme on l’imagine, guitares paralèlles, les deux font la paire et le show et en plus on reconnait bien les morceaux vu que c’est comme sur le disque. Vite, je retourne dans la bulle Watson, backstage. Ces mecs jouent de la musique comme d’autres parlent, avec un joviale désinvolture et le résultat est somptueux. Aucun doute possible, c’est le putain de concert de cette édition 08 ? Pas sûr. La scène est encore chaude pour les belges de Sharko, emmené par David Bartholomé. Remise de couvert, Sharko envoit le bois et c’est grandiose. Deux putains de concerts coup sur coup. Je croise Jean-Jacques Toux (programmateur des Charrues) pas peu fier de cette soirée à Xavier Graal et on le comprend. D’autant que Senser (que je vais devoir zapper) suit pour que la coupe soit pleine. Je remonte fissa sur Kerouac pour découvrir Gogol bordello, grand bordel musical et festif, une tribu d’allumés dans la lignée de ce que la Mano nous servait à la grande époque. Ambiance chaude et pogo garantis. Allez, c’est presque fini. Calvin Harris a un nom de pop folk singer baba cool tout droit sorti du trou du cul du monde, ou pas. Le gars est écossais et envoit un cocktail électro détonnant et bondissant, idéal pour se réveiller et se décoller la pulpe. En rentrant, je me dis que décidément, les Vieilles Charrues sont définitivement uniques, un festival capable de réunir une prog éclectique, susceptible de fédérer un public large. Et puis je me dis que pouvoir être là et partager tout ça avec mes potes des Charrues, c’est un véritable privilège. Aujourd’hui est un autre jour, avec à l’affiche du lourd : Camille, Daho, Gad Elmaleh, Matmatah, Yelle, Duffy, Zebramix, Brisa Roché, Dub inc. et une divine surprise. DJ Missil qui vient assurer le remplacement de Simian Mobile. Vieilles Charrues, troisième. Moteur !