Vendredi soir. Ca a été une semaine difficile. En fait, le genre de semaine que tu veux éviter de revivre, si c’est possible. Un timing serré fait de contraintes, de désagréments, de problèmes collatéraux, de tout ce qu’Aznavour désignait par le terme générique d’emmerdes. Vendredi soir, tard, c’est fini. Tu es le cul dans ton fauteuil, tu bois une tisane magique censée calmer ta tension et machinalement tu allumes ton poste de télévision. Première erreur grossière. Oh ! Magie de la TNT qui relaye une foule de petites chaînes toutes plus merdiques les unes que les autres. Il paraît que TF1 se fait un sang d’encre devant la concurrence au niveau zéro, on les comprend. La boîte à cons n’aurait donc plus le monopole de la bêtise télévisuelle ? Je confirme. A nous les AB1, MTV, Virgin 17 et consorts. Entre programmes pour décérébrés – Next, Dismissed, … – et programmes pathos – il faut regarder au moins une fois Extreme Makeover – on trouve néanmoins des perles incontournables comme le cultissime Pimp my ride, animé par le joyeux Xzibit et la bande de fous furieux de la clé à molette signée West coast customs spécialisée dans la customisation de tas de boue. On devrait leur envoyer Madame de Fontenay, les kids de WCC en feraient peut-être quelque chose d’honorable (…). Mais je m’égare… Me voilà donc les yeux rivés sur l’écran 16/9ème de mon poste, pour un improbable hit music only, quand déboule « parle à ma main » de Michael Youn aka Fatal Bazooka. Difficile de ne pas être sidéré devant un tel niveau cosmique de conneries et de clichés accumulés dans un format aussi court. Je rends grâce au talent de Youn, génie absolu du marketing télévisuel, grand recycleur de modes. On se souvient de ses commandements (pâle copie des idioties authentiques de Jackass). En revanche, à constater la capacité de Youn à détourner un phénomène ambiant pour en retirer les meilleurs bénéfices, tous les experts du marketing mettent chapeau bas. Après une première tentative avec un guest deluxe (…) Pascal Obispo, Michael Youn remet le couvert avec Yelle dans un clip dont le titre à lui-seul – parle à ma main – frôle le pathos. Ce qui m’amuse, c’est la présence de Yelle, encensée par les Inrocks (mon hebdo culturel) dont elle est devenue quasiment une égérie, désormais en tête de gondole chez le VRP d’un business honi par cette même presse. J’ai regardé jusqu’au bout, la totale : Youn en mini-jupe écossaise, Youn en majorette sur un tempo insupportable relayé par les chorus de Yelle. Et puis, enfin, j’ai fini par trouver le chemin de la télécommande, celui du bouton rouge qui a abrégé mes souffrances. Je regarde ma montre. Minuit 2, on est samedi. Ca a a été une semaine difficile.
À propos Hervé LE GALL
Hervé "harvey" LE GALL, photographe auteur basé à Brest au début du monde. A trainé ses godasses et ses reflex dans la plupart des coins sombres de la région Bretagne. Photographe-maison du Cabaret Vauban, photographe officiel des Vieilles Charrues (entre autres). Intransigeant, il aime la photo, les lasagnes, le kouign amann et le Breizh Cola. Rédac chef de SHOTS.
caro dit
Génie du marketing, vous l’avez dit… mais n’est-ce pas un peu le public qui fait marcher la grosse machine « marketing » en commençant par en parler ?
Alors le problème il est vraiment là, c’est que tout le monde en parle, même vous, alors voyez ça contribue quoiqu’il en soit à leur « connerie ». Au plus les gens en parlent au plus les gens sont curieux de voir ce que c’est est c’est la spirale infernale : ça marche, on continue ! (et le niveau descend de plus en plus bas)
Jojo dit
Eh Caro ! C’est un peu crétin ton raisonnement ! C’est aussi con que les goûts et les couleurs, si on suit ton conseil on ne parle plus de rien et on laisse filer toutes les conneries du monde. Non, franchement je suis d’accord avec Hervé sur à peu près tout (sauf que moi je suis pas abonné à les Inrocks eh eh eh). Benayoun c’est un putain de génie. Il vend de la merde et ça se vend, mais ça, c’est pas une nouveauté. Prochaine étape, un remix avec David Guetta ?
snockot dit
perso, je trouve ca musicalement nul, mais faut reconnaitre que a chaque fois qu’il en sort une nouvelle, ca me fait marrer !! j’irais pas acheter un single ou l’album ( faut pas déconner), mais ca permet de rire 5 minutes avec ses potes le lundi matin, et c’est pas un mal, en debut de semaine !!
ps : fatal bazooka au festival de bobital le 5 juillet, et oui il fait des concerts… peut un peu poussé, mais apres tout, faut voir pour juger, et ca risque d’etre marrant ! et a coté y a sex pistols, hushpuppies, cali, fancy, shakaponk, deportivo, no one is innocent…
caro dit
Mon raisonnement est un peu crétin dis-tu ?! Je n’en suis pas si sûre que ça.
Sincérement, le fait d’en parler amplifie la chose, la technique du bouche à oreille fonctionne merveilleusement bien dans ce cas.
Je ne rentrerais pas dans le débat car au final on doit être plus ou moins d’accord sur la chose. Mais de la merde qui se vend comme ça, et dont tout le monde parle ça me rend dingue. Peut être parce que je ne trouve pas ça drôle du tout et que d’autres talentueux artistes, musiciens galèrent comme des dingues.
… les petits groupes locaux comme entre autre Machin Machine, Maïon et Wenn aux gars de « la chanson du dimanche » … eux méritent le détour. Au moins on se marre, et on ne se force pas à rigoler parce que le voisin rigole.
Je n’ai pas peur d’écouter et de supporter des groupes dont personne ne parle… et encore moins les Inrocks. Rassurez-vous, ma culture musicale se porte bien !
La musique c’est intemporel. La Musique, excusez-moi. Peu importe Youn ne sait même pas qu’il fait de la musique… alors demain on tourne la page comme si l’on n’avait rien entendu 😉
harvey dit
Alors on est tous un peu dingues, parce qu’on est vraiment cernés par de la merde qui se vend et là, je ne parle pas que de musique ! Eh oui, ça fait mal au bide (et musiques). Des noms, des noms ! François Audrain, Frandol, Romain Humeau et Eiffel, Florent Marchet, The Clerks, Lugo, Zézé Mago, … plus proches de nous à Brest et moins connus, Double Elvis, Lazhar, Kensico, David Crozon, Melvil, … et tout ceux que j’oublie ! Et en même temps c’est pas la faute à Fatal Bazooka si les artistes en devenir ne se développent pas, hein ?