Quelques jours avant de poser (avec délicatesse) la nouvelle galette d’Etienne Daho sur ma platine, j’avais écouté « magic » le nouvel opus de Bruce Springsteen et franchement je fus très, très déçu. La piètre réalisation de l’album, avec une mise en son à la truelle, avait fini de m’achever. D’ailleurs l’écoute du premier titre « radio nowhere » m’avait scotché pour ne pas dire anéanti. J’avais entendu dire que le mixage était d’une qualité déplorable mais là on dépassait l’acceptable de la part du boss. Signe qui ne trompe point, « magic » ne l’était pas suffisamment pour entrer sur mon iPod à moi que j’ai, autrement dit mon panthéon musical. Il y a des limites qu’on ne franchit pas et Bruce m’avait vraiment décu. Et puis « l’invitation » de Daho est arrivée et là on a joué directement dans une autre cour, à tel point que je me suis demandé un instant si Springsteen n’aurait pas été inspiré de demander l’assistance de la Daho team pour enregistrer « magic », on aurait alors nettement mieux perçu sa voix (magique) sur la plupart des titres, au lieu de la noyer dans un fatras de guitares amplifiées totalement imbuvable. Qu’importe. Pas rancunier pour un rond, je suis revenu vers Bruce, histoire d’enfoncer le clou. Et là, l’illumination. Bruce Springsteen m’est apparu tel qu’en lui-même, en simple classwork man de ce que la musique US a de meilleur. La voix délicieusement cassée et brutale sur « you’ll be coming down », envolées lyriques façon Randy Newman sur « livin’ in the future » j’ai commencé à rebouger mon cul de fat white, yeah ! Aucun doute, le boss était de retour. Mais c’est sur « Girls in their summer clothes », une ballade américaine pur jus, dans la grande tradition de l’easy listening comme on sait si bien le faire là-bas, que les dernières barrières sont tombées. Dans le recueillement, les yeux fermés, j’ai vu défiler des routes, des paysages lunaires qu’on ne trouve que dans cette Amérique désertique si chère à son coeur, un petit motel poisseux, une nana super vixen à gros seins newlook, le Stetson vissé sur sa tignasse blonde peroxydée qui m’invite à la suivre, pour continuer la route dans son pickup déglingué. Et tandis que le paysage défile, la voix de Bruce Springsteen chante les filles dans leur robe d’été. J’ai retrouvé le Springsteen que j’ai toujours aimé, le gars révolté du E-Street band, le patron. Qu’on se le dise. The boss is back. Meilleur que jamais.