Hier soir au Run ar Puñs. Le Sayag jazz machine vient poser ses tempos déconnants sur la scène du Run devant une salle quasi comble. Coup de génie pour les uns, grosse arnaque pour d’autres, le Sayag mélange avec désinvolture les influences, de l’electro root de bon aloi aux sonorités vaguement jazzouilles. Le public du Run (qui ce soir rime définitivement avec djeune), lui, ne se pose pas tant de questions et se laisse aller à la transe déconne, savourant les allusions déconnesques du maître de jeu au saxo. A vrai dire, Sayag jazz machine n’est pas trop ma tasse de thé, même parfumée aux herbes qui font rire. Et puis c’est vendredi et j’ai la tête dedans. Où ça ? Dans ton cul évidemment, tant les volutes de clopes en tout genre, roulées OCB ou Winston cigarettes m’agressent sévérement le cortex, moi l’ancien combattant, fumeur invétéré et décérébré que je fus pendant vingt longues années, période durant laquelle je fis subir ma tabagie ignoble et puante à mes proches, n’affichant qu’un intérêt minime aux états d’âme de mes voisins enfumés. Et puis un jour, je suis sorti de ma torpeur, préférant l’abstinence à la lente crevure. Un téléphone sonne et m’extirpe hors de la léthargie molle où m’avaient plongé les volutes aux herbes de provence. Une voix intérieure semble répéter qu’il n’y a pas d’abonné au numéro que vous avez demandé. One shot, celle-là, c’est d’la bonne petit frère. Allez, c’est dans la boîte… Extérieur nuit, l’air est si pur. Deux mois. Dans deux mois le tabac sera définitivement interdit dans les lieux publics.