Jacques Martin racontait qu’un jour, alors qu’il se rendait à son bureau en taxi, il lisait L’Aurore. A la page faits divers, une info avait retenu son attention : « un citoyen belge, Monsieur John Van Dycke, a tiré une locomotive avec ses dents. A notre connaissance, c’est la première fois qu’un belge s’appelle John. » Jacques Martin expliqua qu’il avait ri jusqu’à son arrivée au bureau d’où il s’empressa de contacter la rédaction de l’Aurore afin d’obtenir au plus vite un rendez-vous avec l’auteur de cette info, dont le nom était Pierre Desproges. Aidé d’une bande d’allumés parmi lesquels Piem, Daniel Prevost, Pierre Bonte, Stéphane Collaro, Jacques Martin allait écrire pendant un an et demi, de janvier 1975 à juin 1976, une des plus fameuses pages de la télévision française. « Le petit rapporteur » fait désormais partie des émissions cultes de la télé. Impertinente, incisive, insolente, mais jamais vulgaire. Quelques morceaux de bravoure resteront pour toujours et à jamais des pièces d’anthologie : l’interview hallucinante de Françoise Sagan par Pierre Desproges, la bataille du boudin entre le même Desproges et Daniel Prevost méritent d’entrer au Panthéon de mes meilleurs souvenirs télévisuels. Jacques Martin a éteint le poste, les enfants du petit rapporteur sont tous un peu orphelins.
