L’idée est venue de fil en aiguille. Comme naissent les idées, surtout les bonnes. À ma gauche, le leader de la photographie numérique professionnelle, à l’aise sur tous les terrains, à la réussite insolente, aimée de tous les photographes qui en sont équipés et fantasmée par tous les autres, accusant le meilleur autofocus du marché, une gamme d’optiques qui n’a plus rien à envier à la crèmerie d’en face, la marque jaune, plus lumineuse que jamais, voici Nikon ! À ma droite, le plus grand, le plus beau, le plus breton des festivals européens, porté à bout de bras par ses milliers de bénévoles, sa programmation dantesque, son bar numéro 4, ses patates au lard et son ambiance aux p’tits oignons, sa plus belle plaine du monde et son esprit farouchement indépendant, voici le Festival des Vieilles Charrues de Carhaix gast ! Au centre, le plus bougon des photographes de concerts, aussi énergique qu’un tonnerre de Brest, pilier du Cabaret Vauban et du Run ar Puñs réunis, indécrottable breton jusqu’au bout des ongles, caractère trempé dans le gwin dru et rincé au Breizh cola, accusant désormais un léger quintal, voici Hervé Le Gall, photographe officiel des Vieilles Charrues et officiellement équipé en Nikon, expert en sillon bien tracé, grand pote des frères Morvan et adepte du verbe haut devant l’éternel. Et là vous m’dites ? Ces trois-là n’étaient-ils pas fait pour se rencontrer, un jour ou l’autre ? Un peu mon neveu !
Au détour d’une discussion avec le premier, Nikon France, puis avec le second, les Vieilles Charrues, et à force de se dire que décidément ces deux-là étaient fait pour se rencontrer, j’évoquais avec l’un puis avec l’autre la façon de se rapprocher. Je dois à la vérité de dire qu’il n’a pas fallu très longtemps pour que les idées fusent de part et d’autre, avec une volonté clairement affichée de la part de la marque jaune de rejoindre le sillon et de pousser sur la charrue, mais sans en faire des caisses, avec beaucoup d’élégance. En face les Vieilles Charrues, c’est une équipe, d’abord, c’est une éthique aussi, les choses devaient se faire avec naturel. C’est comme ça que l’idée de proposer d’ouvrir le festival à une bande de jeunes photographes est née, relayée par le slogan de Nikon, habillée Vieilles Charrues pour l’occasion : « Je suis un festivalier. » J’ai su immédiatement que ça allait fonctionner. Il restait à trouver la team, à la recruter ce qui fut fait par le biais du concours relayé sur le site Nikon Deezer. Une semaine avant les festivités, on avait notre équipe et ils semblaient tous salement motivés. J’attendais, quant à moi, de les voir à l’œuvre sur le terrain. Et honnêtement, je n’ai pas été déçu du voyage.
• Le club des 5 à Kerampuilh
Louise, Marjorie, Mathieu, William, Christophe. Quand je les ai vus, le premier jour aux Vieilles Charrues, ils étaient attablés autour d’un Breizh cola au bar VIP, bienvenue à CharruesLand. Équipés de pied en cape par Nikon, qui avait même fourni les seyants t-shirts jaune canari I am Nikon (thanks God ! Il n’y avait pas de XXL), nos reporters en herbe étaient tous parés pour aller à la quête de l’image, avec sous le bras ou à l’épaule l’excellent reflex Nikon D7000 et une tripotée d’optiques, mazette ! Que n’aurait pas renié le plus exigeant des photographes professionnels. Aucun doute, Nikon France sait recevoir. Il y avait là , entre autres optiques Nikkor, un fisheye, du 14-24 f2,8, du 24-70 f2,8, du 50 f1,4, du 85 f1,4, etc… Le rêve quoi ! Mais le matos ne fait pas le photographe, pour reprendre un bon vieux poncif de derrière les fagots, certes. C’est aussi con que de dire que l’argent ne fait pas le bonheur. Comme disait ma grand-mère, non, mais il y contribue. C’est donc avec du matos d’exception qu’on a lâché la team sur la prairie. J’étais angoissé pour eux, à l’idée surtout qu’ils reviennent bredouilles de leur chasse aux papillons. Au terme des quatre jours de festival, j’étais invité au débriefing et à donner mon avis, un exercice que je goûte assez peu. Mais, compte tenu des circonstances, je décidais de faire contre mauvaise fortune bon cœur et je m’attablais pour regarder les images récoltées par l’équipe. J’ai d’abord eu un bref aperçu, repérant plusieurs clichés. Et puis finalement, j’ai regardé une grosse sélection d’images et là wouah ! Séquence émotion. Tous les membres ont ramenés du bon matériel, voire du très bon ou de l’excellent matériel ! J’étais soulagé. Dès lors l’échange a été intense et l’émotion avec.
La benjamine de l’équipe. Elle, elle m’a scotché compte tenu de son très jeune âge. Quinze piges, autant dire une enfant ? Une enfant avec un regard déjà percutant et la volonté d’aller chercher de l’image, d’interpeller, de diriger, un œil étonnant et déjà plein de maturité.
Je la verrai bien un jour photographe de studio, à mettre en place des lumières, à chiader des décors, à peaufiner son truc pendant des heures pour simplement obtenir l’image qu’elle veut.
Une jeune fille discrète mais sur le terrain elle n’a pas hésité à aller au charbon, avec une thématique, un fil rouge : la passion. Beaucoup de réserve et de timidité, mais une fois sur le terrain, l’œil rivé à son D7000, Marjorie s’est éclaté. Elle nous a livré des images live, vivantes, pleines d’enthousiasme et de créativité.
Je suis sûr qu’elle n’oubliera jamais cette expérience.
Son cliché du public est radicalement, définitivement tout ce qui me plait.
J’ai choisi son cliché de foule des Charrues pour illustrer mon article. Voilà. C’est ce genre de cliché qui rend les autres photographes verts de jalousie, parce qu’il y a tout dans cette image, le mouvement, la dynamique, le plaisir, l’enthousiasme.
William a la foi, la niaque et surtout, il a un œil.
Lui, c’est un passionné, photographe dans l’âme, il a ça dans la peau le bougre ! Je l’ai un peu secoué parce que je déteste l’utilisation systématique de presets Lightroom qui font que chaque image se ressemble plus ou moins, mais… Au delà de la lecture lightroomesque, il demeure l’image et les images de Mathieu m’interpellent. Mathieu veut y aller, faire du portrait, du reportage, des clichés, il a cette foi magnifique qu’on ne trouve que chez les jeunes photographes, avec une pointe de talent en plus.
Il y a Christophe d’un côté et son handicap de l’autre. Mon premier conseil (et le seul) a été de dire à Christophe de faire de son handicap et de sa mobilité réduite son atout maître. J’étais fier que Nikon ait suivi mon idée d’ouvrir sa team à une personne handicapée, quand j’ai vu les clichés de Christophe, emplis de sourires et d’une infinie bonté, d’une rare humanité, je me suis dit que sur ce coup-là Nikon et moi n’avions pas loupé le coche. Comme les quatre autres, Christophe a quelque chose dans le regard que les autres n’ont pas…
Finalement c’était une putain de bonne idée qu’on a eu là, hein ? Semblaient se dire, dimanche soir, à la toute fin du festival des Vieilles Charrues, tous les membres de la joyeuse équipe Nikon. En ouvrant les portes du possible à de jeunes reporters photographes en devenir, la marque jaune, qui compte dans ses rangs de nombreux photographes professionnels talentueux, fait à la fois preuve d’intelligence et de bon sens. C’est aussi un pari sur l’avenir, car finalement, Louise, Marjorie, William, Mathieu, Christophe, sont la prochaine génération de photographes et ils sont au moins tous déjà sûrs d’une chose. Ils sont Nikon.
• voir les clichés des reporters officiels Nikon aux Vieilles Charrues 2011
Buffalaurent dit
Clair, bravo à tous les 5! Ya des sacrées photos dans le tas (et des photographes derrière 😉 ), chargées d’émotion!
Petite question (je suis curieux): il y a beaucoup de photos des festivaliers et peu des concerts, c’était une volonté des photographes? Une consigne de Nikon? (Je crois que c’était le thème, mais je n’en suis plus sûr)
Et bravo à l’organisation!
Fanch Dangerous dit
Bravo Nikon! et bravo Hervé! C’est une super vitrine pour des jeunes pleins d’ambition (et de talent!). Ce qui serait pas mal ça serais de connaitre les retombées pour ses jeunes dans le futur, est ce que ça leur a donné le déclic pour devenir professionnel ? pourquoi une petite interview d’eux? ^^
William dit
Merci pour cet article, qui donne encore plus envie de se tuer a la tache !
Et oui les festivaliers était une consigne de Nikon, et pas plus mal d’ailleurs quand on sait le nombre de photographes déjà présent pour photographier les scènes de concert. Qu’est ce qu’un festival sans ses festivaliers 🙂
Et si vous voulez me suivre :
http://www.facebook.com/wkmis
ou mon site : http://www.madeinstreet.fr
J’espère Hervé que tu m’en voudras pas pour le petit coup de pub 🙂
🙂
Buffalaurent dit
@William: j’avais déjà trouvé ton site (je sais plus comment) 😉
Tout à fait, un focus sur les festivaliers est super intéressant, et les photos que vous avez ramenées le montrent! (mais j’avoue que j’aurais été frustré de ne pas pouvoir shooter un ou deux concerts 😉 )
Morandi dit
Une question : combien Nikon a-t-il rémunéré ces 5 photographes talentueux ??
Bruno membre PAJ (paj-photographe-auteur-journaliste.org)
harvey dit
@Morandi Permettez-moi de laisser la réponse à Nikon : « Nous voulions donner les moyens à de jeunes amateurs de photographier l’ambiance si chaleureuse du festival, un pass VIP en poche et du matériel dernier cri en bandoulière. Une façon différente de voir les concerts, côté public pour une fois. »