J’étais minot, j’avais quoi ? Onze ans, douze peut-être. J’avais vu l’affiche à la Maison pour tous du coin. L’affiche disait « Construisez vous-même votre appareil photo ! » Bigre ! C’était possible ça ? Je m’en souviens comme si c’était hier. Le responsable du stage (qui durait un après-midi) était un vieux baba hirsute d’au moins trente-cinq ans qui en savait long, certes, sur la fabrication d’un sténopé, mais qui n’avait guère le sens de l’humour. Moi j’étais là avec mon copain plutôt pour la déconne et la photographie dans un carton à chaussures était à mille lieues de mes préoccupations ludiques. Je ne le savais pas encore, mais ça n’allait pas durer. Cet après-midi là, j’ai découvert un truc magique qui allait changer ma vie de manière radicale. Un truc tout simple finalement. Une boîte en carton, un petit trou fait avec une épingle, un morceau de papier photographique et on laisse la magie opérer. Magie. C’est le mot quand on parle de sténopé. Alors ce matin, quand j’ai reçu au courrier le communiqué de l’éditeur Pearson France sur le bouquin d’Éric MARAIS « la photographie au sténopé » j’ai été submergé par une émotion vraie. Un retour dans le passé, un bond de plus de quarante années en arrière.
Fabriquer un sténopé, rien de plus simple. Une boîte bien étanche à la lumière (une chambre noire finalement) qu’on peint en noir mat à l’intérieur pour éviter que la lumière ne se réfléchisse pas, un morceau de papier photo collé sur le fond, un trou et en avant Guingamp ! Le diamètre du trou est important, d’ailleurs les anglais qui ont le sens du détail désignent le sténopé du nom de « pinhole photography » (le trou de l’épingle). On expose pendant « un certain temps« , on explore comme le fit sans doute en son temps ce cher Joseph Nicéphore Niepce, on découvre avec stupeur que l’image s’imprime à l’envers, on découvre aussi que selon la taille du trou (de l’ouverture donc) certains objets sont plus ou moins flous. Alors on comprend les notions de temps d’exposition, d’ouverture, de profondeur de champ et quand on a pigé ça, on a compris la base de la photographie. En fait, avec le sténopé, on accède aux véritables fondamentaux de la photographie. C’est cette expérience incroyablement excitante qui m’a donné l’impulsion, l’envie d’aller plus loin. J’étais fasciné par l’image à l’envers, sans savoir que mon œil fonctionnait exactement de la même façon. D’ailleurs j’avais suggéré que, peut-être, un jeu habile de miroirs pourrait permettre de visualiser la photo à l’endroit, ce qui avait beaucoup agacé notre moniteur baba chevelu…
Éric MARAIS a eu la géniale et délicieuse idée de proposer avec son ouvrage « La photographie au sténopé » un appareil à monter soi-même. Avec ce bouquin, vous allez découvrir un monde, créer des images au charme suranné, un brin romantiques, toujours incertaines, souvent décalées. Ça ne coûte presque rien, c’est vraiment un chouette cadeau à faire à un p’tit gamin de onze ou douze ans qui ne sait pas quoi faire de ses jeudis après-midi (enfin ! De ses mercredis, de nos jours…). Le sténopé, c’est une porte entrouverte où la création n’a qu’une limite. Celle de votre imagination.
• coffret « La photographie au sténopé » par Éric MARAIS prix public 21€ (Éditions PEARSON France)
C’est pas plutôt « le sténopé », ton bouquin / coffret? (ou « Le sténopé: photographier autrement »). Un truc qui sort le 3 août? (même auteur, même éditeur)
Parce que j’ai pas trouvé, « Photographier au sténopé ». Mais effectivement, ça a l’air d’être une super chouette idée cadeau. Pour un gamin de 11-12 ans ou même pour un adulte, d’ailleurs!
(et petite typo, aussi, du coup efface mon com après: « on peint en noir mat à l’intérieur pour éviter que la lumière ne se réfléchisse pas »; c’est pas « pour éviter que la lumière se réfléchisse »? 😉 )
@laurent c’est comme c’est écrit « la photographie au sténopé » ISBN 978-2-7440-9388-3. Et sinon euh… On peint en noir l’intérieur de la boîte, ça évite à la lumière de trop se réfléchir. C’est mieux comme ça ? 😉
pour info il y a un « fabricant » de sténopé au Relecq 🙂
http://s192257538.onlinehome.fr/stenocamera/Accueil.html
ah ok. J’avais pas trouvé celui-ci, mais deux autres, similaires (coffrets pour fabriquer son sténopé), du même auteur et même éditeur, mais nom différent 😉
Pis pour le coup de la phrase, c’était pour t’embêter, hein, c’pas bien grave 😉
Décidément Harvey tu as le don pour soulever des pierres sous lesquelles j’ai toujours eu envie de regarder.. Ça fait des mois et de mois que je vois des livres sur le Sténopés, des Sténopés dans les musées d’Expo photo, des Sténopés par ci, des Sténopés par là et que je me dis qu’un de ces jours il va vraiment falloir que j’essaie ce truc..
Bon bah je crois que ton article aura fini de me convaincre… Merci Mr Harvey
@NSOphoto franchement, le sténopé c’est un truc à essayer. D’ailleurs BuffaLaurent me parlait de Lomo je crois me souvenir qu’il existe un adaptateur « pinhole » pour Lomo ou même carrément une version pinhole du Lomo. Le truc amusant c’est le côté incertain du résultat mais au final les images ainsi réalisées ont topujours un truc à part. En fait peu de temps après cet après midi à la MPT j’ai tanné ma mère pour m’acheter un boîtier. C’était un appareil russe Zenith, un truc incroyablement solide. Ma mère était vachement contente ! Elle avait enfin trouvé un truc qui m’accrochait vraiment. Ça fait plus de quarante ans que ça dure et je suis toujours aussi fasciné, en fait…
@Harvey Exactement: avec le Holga (ou au moins certains modèles), tu choisis l’ouverture indépendamment de ton objectif. Du coup, si tu met ton ouverture au minimum et que tu vires l’objectif, ça fait du sténopé, si j’ai bien compris (mais il faut pas mettre une pellicule spéciale, dans ce cas?). En tous cas, c’est ce qu’a voulu essayer le pote pour qui je viens d’acheter le bouquin / montage. Je suis curieux de voir son résultat
(Hmmm… j’ai un doute, c’est p’têt pas le Holga, qu’il a… Enfin en tous cas, c’est un Lomo 😉 ) et désolé pour le double post 😉