« Qui a vraiment besoin de faire des photos à 25600iso ? » Au top 10 des remarques stupides de l’année 2009, il y aura cette réflexion profonde d’un photographe qui préfèrera sans doute conserver l’anonymat. A chaque étape décisive des techniques, il y a toujours eu un crétin pour revendiquer que ça ne marcherait jamais. En d’autres temps, d’aucuns se demandaient à quoi pourrait bien servir un autofocus. Bref, de vous à moi, la première fois que j’ai entendu parler de 102400iso, j’ai cru qu’il y avait une coquille, une faute de frappe. Photographie. Écrire avec la lumière, même quand il n’y a pas de lumière, ou quasiment pas. Toute ma vie je me souviendrai de l’émotion que j’ai ressentie en voyant la photo d’un ours shooté en pleine nuit à 12800iso avec un Nikon D3s (une photo signée Vincent Munier). Push the limits ! Lorsque j’ai testé Nikon D3s en décembre dernier, je savais qu’à un moment ou à un autre je serais amené à tester son concurrent chez Canon, l’EOS 1D Mark IV dans des conditions identiques. J’ai donc élaboré un protocole de test auquel j’ai soumis les deux boîtiers dans des conditions identiques, afin de tester leurs performances respectives. Hautes sensibilités Nikon D3s versus Canon 1D Mark IV, c’est parti !
• modalités du test
J’ai photographié un vase en faïence posé sur un meuble, éclairé par une série de spots de plafond. Pour les tests avec le boîter Nikon D3s j’ai utilisé le 70-200 2,8 VRII fourni par Nikon France, pour le boîtier Canon EOS 1D Mark IV j’ai utilisé le 70-200 2,8L II fourni par Canon France. Compte tenu de la différence de capteur (full frame pour le D3s, APS-H pour le 1D Mark IV), il a fallu adapter la focale du boîtier Canon pour obtenir un cadrage identique avec les deux boîtiers. L’éclairage était strictement le même, l’heure de prise de vue également. J’ai réalisé pour chacun des deux boîtiers une série de dix prises de vues sur cette plage de sensibilités : 200iso, 400iso, 800iso, 1600iso, 3200iso, 6400iso, 12800iso, 25600iso, 51200iso et enfin 102400iso. Dans les deux cas j’ai shooté en RAW, les clichés étant convertis en jpeg sans aucun post traitement. Il s’agit donc d’images brutes de capteur.
• 1600iso, jusqu’ici tout va bien
les premières séries sont parfaites quelque soit le boîtier. Un crop à 100% dans Adobe Photoshop ne révèle rien de particulier jusqu’à 1600iso. À partir de 3200iso, si l’on observe attentivement certaines parties de l’image générée par 1D Mark IV, on perçoit un très léger flottement, ce n’est pas encore du grain mais ça semble un peu moins clean que sur le D3s, notamment dans les zones d’ombre. Cette très sensible dégradation de l’image générée par 1D Mark IV se confirme à 6400iso, même si l’image est encore tout à fait convenable. On commence à percevoir du grain dans les zones de léger flou et dans la matière de la faïence. Du côté du D3s c’est nickel, l’image ne se dégrade pas. On monte à 12800iso et là, plus de doutes possibles. Il y a du grain sur l’image du 1D IV et il est très nettement visible. Le grain est partout, dans la matière, dans les zones floues, dans le fond jaune. Sur l’image Nikon D3s ça ne bronche pas d’un poil. Le cliché reste net, piqué, on a l’impression de ne même pas avoir tourné la molette des ISO.
À 25600iso, sur 1D Mark IV j’ai déjà envie d’arrêter le test, l’image graine très fort à un point qu’on peut même se demander si elle est récupérable en post traitement. Un coup d’oeil sur le cliché réalisé à 25600iso avec le D3s, on commence (enfin) à percevoir un très léger soupçon de grain mais franchement rien d’alarmant. 51200iso. Le cliché craché par 1D Mark IV n’est pas négociable alors que celui généré par D3s ne présente pas un niveau de grain démesuré par rapport à l’étape précédente à 25600iso. Tout en haut, à 102400iso c’est la fête du pixel sur le cliché Canon : le grain est énorme, des pixels rouges se balladent aléatoirement, bref, c’est mort. Du côté de D3s le grain est très perceptible dans les zones d’ombre alors que dans les zones claires il aurait presque tendance à s’estomper. Mais surtout l’image reste cohérente, pour ne pas dire exploitable.
• Nikon 1 – Canon 0
Au chapitre de la gestion des hautes sensibilités, il n’y a absolument aucun doute possible, Nikon D3s est très, très largement devant Canon 1D Mark IV. Soyons clair. Sur le boîtier Canon on commence à percevoir un poil de grain dès 3200iso alors qu’il faut attendre 12800iso sur le boîtier Nikon, qui conserve une grande cohérence jusqu’à 25600iso. Ce qui ne fait d’ailleurs que confirmer ce que j’avais déjà constaté en décembre dernier lors de mes essais avec le D3s. Aucun doute possible, Nikon réussit là où Canon échoue. D’ailleurs le patron de Nikon avait indiqué dans une interview que sa société avait déployé de grands moyens pour obtenir un niveau qualitatif sans failles dans la gestion des hautes sensibilités. Je ne peux qu’aquiescer et confirmer que ce déploiement, sur D3s s’avère aussi judicieux qu’efficace.
• Qui a besoin de 25600iso ?
Moi. Et vous, qui me lisez, sans aucun doute. Tous les photographes, à un moment de leur parcours, ont besoin de photographier dans des conditions de lumière difficiles, sont confrontés à l’absence de lumière et je ne pense pas seulement à la photographie de concert… Mais puisque j’en parle, de cette photo qui occupe une grande partie de ma vie et pour avoir testé les deux boîtiers en conditions de prises de vue réelles, je dois à la vérité de dire que je n’ai jamais shooté au delà de 10000iso avec 1D Mark IV (voir les clichés de Skip the use au Run ar Puñs) alors que je savais que je pouvais travailler à 12800iso sans états d’âme avec le Nikon D3s, tout en conservant un niveau de piqué et de propreté inégalé, une réactivité sans faille de l’autofocus.
Sommes-nous toujours égaux devant la prise de vue ? Incontestablement non. Avec un boîtier comme le Nikon D3s un photographe pourra continuer à aller chercher de l’image là où les autres enclencheront le bouton off. De l’image jusqu’au bout de la nuit, comme la truffe d’un ours en pleine obscurité…
• prochaine (et dernière) étape : Nikon D3s vs Canon 1D Mark IV, le comparatif final.
Jp GREMILLOT dit
j’ai enfin trouvé chaussure à mon pied tu aurais les lacets qui vont avec Mr Canon? Sinon la chaussure elle tiendra pas.
Chtiben dit
Bonjour,
test très intéressant mais une question me vient à l’esprit. Il y a quelques les RAWs Nikon(D80-D200) appliqué une correction anti bruit (même en RAW) alors que ce n’était pas le cas chez Canon.
Résultat, les passionnés d’astrophoto sont chez Canon car chez Nikon ils perdent des étoiles. Est-ce que ici, (or différence de capteur), on peut supposer qu’un tel traitement existe et qui ainsi relativise un peu plus les deux résultats ?
Cédric dit
Je suis très très sceptique concernant les conditions d’éclairage qui sont mentionnées comme étant identiques. En effet, les reflets sur le vases ne sont pas du tout au même endroit, sur les images Nikon aucun reflet en haut à gauche, sur les images Canon, aucun reflet en bas à droite… D’ailleurs, ce n’est pas la peine de chercher les reflets, on le voit aussi sur la position de l’ombre qui n’est pas la même et bien plus noire sur les images Canon que Nikon. Ensuite, on ne compare pas des Crops 100%, mais des crops de tirages de taille identique : le D3s fait 12MP et le 1DMarkIV fait 16MP.
Les images ont été convertis en JPG par quel dématriceur, le même ou celui de chaque marque, avec des paramètres sur la gestion du bruit identiques ou pas ?
Bref, ce test c’est du grand n’importe quoi, même si je pense également que le D3S a un avantage en haut ISO sur le 1DMark4, il faut faire des tests dans les règles quand on veut affirmer quelque chose, au risque de passer pour un charlot, ce qui est le cas ici.
harvey dit
Les conditions d’éclarage étaient (strictement) identiques, le positionnement du vase était identique. La taille du capteur a été évoquée, les images ont été converties du Raw en jpg par le même soft, etc… Mais… Tout est bon pour discréditer un test, surtout si ce test ne va pas dans le sens du politiquement correct. Bizarrement, dans le chapitre précédent où je traitais de l’AF tant décrié du 1D Mark IV je n’ai entendu personne venir mettre mes tests en doute. Mais là, dès qu’on écorne quelque peu l’image de la marque rouge c’est un flot d’insultes ? Le D3s est radicalement meilleur que le 1D Mark IV en gestion des hauts ISO. C’est comme ça, sur ce coup là Nikon a été meilleur que Canon. De là à masquer la vérité en me traitant de charlot, c’est un peu léger, non ? Et surtout un peu court comme argument.
Cédric dit
Tu n’expliques pas pas pourquoi les reflets sont différents et pourquoi la position de l’ombre n’est pas la même. Ne nous prend pas pour des imbéciles quand même.
Tu t’emballes sur la comparaison rouge/jaune alors que je dis moi même que le D3S est surement meilleur que le 1DMarkIV à haut ISO. Ce que je n’accepte pas, ce sont des tests fait à la va vite desquels on tire des conclusions hâtives. Donc que ce soit Canon ou Nikon devant, ça ne change rien, si tu veux qu’on prenne au sérieux tes tests, refais les correctement. Appareil positionné au même endroit, éclairage identique, comparaison de crop de tirage et pas de crop 100% à l’écran, etc…
harvey dit
Les reflets peuvent être dûs à un éclairage indirect ponctuel, la position de l’ombre parce que le vase n’était pas positionné strictement au même endroit, au centimètre près. Les tests n’ont pas été fait à la va vite, ils ont été réfléchis, d’ailleurs les tests ne sont pas contestés. Dès qu’on veut contester la réalité d’un test il suffit d’induire insidieusement un ou deux propos mettant en doute l’honnêteté du test, c’est vieux comme le monde ! Surtout que l’anonymat permet de se lâcher, n’est-ce pas ?
Claude dit
laisse tomber Véher, ca pue la mauvaise foi tout ca ! Achète toi un D3s et quon en parle plus 😉
Béa dit
Je ne suis pas sûre que Canon France et Nikon France prêteraient autant de matériel à un « charlot ». Il faudrait arrêter de dénigrer systématiquement les bancs d’essais dès lors qu’ils ne sont pas favorables à votre marque préférée. Tout ce qui est dit ici à propos de le gestion des iso est vrai et vérifié par d’autres sources (cf CI). Je note en revanche que Hervé a été pour le moins bienveillant dans son test du Mark IV, je pense aux résultats sur l’autofocus dans le chapitre précédent…
Jipé dit
@cédric encore une démonstration brillante de la mauvaise foi de certains utilisateurs (toujours les mêmes d’ailleurs), mais bon ce bel enthousiasme n’évitera pas à Canon la déroute et la perte de ses clients pros. Si Canon continue comme ça, il ne lui restera qu’une clientèle d’amateurs qui cassent la tirelire pour se payer un 5D mark II. Bon de mon côté j’ai switché il y a déjà deux ans, à l’époque où les 1D Mark III faisaient la navette au SAV Canon. Il me tarde de lire le comparatif final mais bon on dirait que ça sent le switch à plein nez tout ça non ?
harvey dit
Dès qu’un avis est un tant soit peu critique, ça dérape très rapidement et ça a tendance à m’agacer. Je ne peux (veux) pas empêcher les gens de s’exprimer librement maios quand ça devient insultant, ça ne présente plus d’intérêt. Je préfère donc clôturer les commentaires. Chacun se fera une idée de la différence d’approche des hautes sensibilités sur le boîtier Canon et le boîtier Nikon. Merci de votre compréhension.