Du soleil, plein de monde, du bon son, de bonnes vibrations. Je reviens du festival Art Rock, qui se déroule au coeur de la ville de Saint Brieuc, ce qui le rend particulièrement attachant et sincère. Le premier jour, vendredi. La carte blanche d’Agnès B. s’ouvre à la Passerelle avec Dominic Sonic, je fais deux ou trois shoots backstage avant de me faire sécher par un régisseur de mauvais poil, ça commence fort. Direction Poulain Corbion. Ouverture des hostilités avec les british de Noisettes et une bassiste sapée énième mode. Je prolonge le frisson en allant la shooter du public. BB brunes – petits frangins de Naast – suivent et puis, comme une perle dans un écrin Daniel Darc, mon Gatsby le magnifique, petit prince vénéneux et hors du temps, honteusement sifflé par des lobotomisés du bulbe sur Psaume 23. Impassible il leur sourit, un majeur royal tendu bien haut. Mes old fellows de Nada Surf viennent servir leur pop Malibu, petit rayon de soleil californien et font un carton. Je croise Daniel (Lorca) backstage qui me confie, de son accent français parfait « je me suis amusé comme un imbécile ! » (sic). Pour ma part je ne me souviens pas avoir entendu Nada Surf recevoir une telle ovation. La scène est chaude pour Editors et Tom Smith ne déçoit pas, avec ses mimiques impayables. La claque du jour c’est James Chance, souris déglinguée, musicien iconoclaste, entre impro et décono punk funk jazzy, totalement inclassable, unique à vrai dire ! Le lendemain, samedi. Seconde gifle. Tunng, projet folk rock un brin déjanté, sonorités à la Devendra Banhart, un gang de zicos british, un pur délire façon seventies dans le trip Planet Gong sans le camembert électrique. A Poulain, j’ai enquillé Asa, belle voix, émouvante, sincère et puis une tranche de The Dø et de Keziah Jones avec au milieu une grosse dose de Dionysos. Mad Mat a encore frappé, au coeur d’un décor somptueux évoquant la mécanique du coeur. Au final, slam de rigueur et un public extatique sur le « ta gueule le chat ». A la passerelle j’ai rencontré le fils naturel de Keith Moon, le batteur de Two Gallants est un phénomène comme le couple de Blood red shoes qui a suivi. En revanche, Adam Kesher qui m’avait scotché à la Route du rock l’an passé m’a un peu déçu, avec une presta pas nette. Et c’est dimanche. Au petit théâtre, le public est debout à la fin du set de Pura Fe’ et à cela rien d’étonnant. Enormissime prestation pour cette native american qui fait du blues root avec une slide en compagnie d’un guitariste absolument colossal. Standing ovation, deux rappels, rien d’autre à dire, sauf putain de concert. Je vais prendre l’air, shooter les délires de Royal deluxe, toujours très funs. Retour à la Passerelle, when Barbie met Iggy. Micky Green est blonde, a un corps de rêve et une guitare rose « love kitty » qu’elle porte dans son dos, très « négligé » (en anglais dans le texte). De temps en temps, elle fait un accord (mi mineur) et c’est super green, si j’ose dire. Maintenant n’est pas Victoria Tibblin qui veut… Fissa, direction Poulain pour Yael Naim, douce, blanche, fondante, sucrée, on dirait un chamallow. Et puis Camille, inénarrable, qui autorise une poignée de photographes à venir la shooter sur un titre. Pour Thomas Dutronc, c’est aussi compliqué. Non, oui, et puis non. Donc je vais dîner et quand je reviens on me dit que tout compte fait, c’était oui. Je shoote un titre et je vais dans le public finir la pelloche. On est presque au bout. Yelle (qui a écrit son nom en grand sur scène pour s’en souvenir… mais non Yelle, je déconne ! Reviens, il me reste des smarties…) allume Poulain Corbion, un vrai délire. Je suis content pour elle, sauf que avec ce timing de ouf je rate le concert de Naab à la Passerelle et je l’ai franchement mauvaise. Je me finis sur la presta épatante d’Anthony Joseph, entre free jazz et sonorités rock. En revenant à l’hôtel, éreinté, je croise Tumi qui s’en va donner le dernier concert de Art Rock 08. J’ai dans la boîte vingt cinq concerts et je crois quelques bons clichés. Et des souvenirs aussi. J’ai croisé des visages que j’ai reconnus, j’ai été ému de voir des gens regarder mes photos à l’expo « Girls rock !« , les entendre commenter un cliché qui leur rappelle un souvenir, une émotion. Voilà, Art Rock 08, c’est fini. Et comme à chaque fois depuis 2004 je n’ai qu’une envie. Revenir. A l’année prochaine.
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